- Les défenseurs de la nature appellent les membres de l’Union internationale pour la conservation de la nature, réunis en congrès à Abu Dhabi, du 9 au 15 octobre 2025, à voter en faveur de la protection des forêts du bassin du Congo.
- Le vote des congressistes, prévu au cours de cette période, est déterminant pour maintenir l’intégrité forestière de cette partie de la planète au-delà de 74 %, pour éviter des dommages irréversibles pour la biodiversité.
- Le groupe de travail de l’UICN sur la gouvernance des ressources naturelles soutient qu’un vote favorable signifierait que les industries extractives doivent être exclues géographiquement des zones forestières intactes du deuxième poumon vert mondial.
Trente-trois organisations de défense de l’environnement à travers le monde (Conservation Alliance of Kenya, Association Tunisienne de Taxonomie, Association Sénégalaise des Amis de la Nature, EcoCiencia, Fundación Ecuatoriana de Estudios Ecológicos, Cameroon Wildlife Conservation Society, etc.) alertent sur les nouveaux blocs pétroliers et gaziers annoncés en 2025, dans plusieurs pays du bassin du Congo, lesquels empiètent directement sur des zones protégées et conservées, des zones clés de biodiversité, des tourbières écologiquement sensibles, des forêts intactes et des forêts communautaires, aggravant ainsi les pressions existantes liées à l’exploitation forestière, à l’agriculture et à l’exploitation minière, et accélérant le risque d’un effondrement irréversible.
Elles ont soumis une motion d’urgence à l’amendement des membres du congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), qui se tient en ce moment (9-15 octobre 2025), à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.
Cette rencontre réunit les représentants des gouvernements, des organisations de défense de la nature et les scientifiques issus de 160 pays à travers le monde, sous le thème : « Alimenter la conservation transformatrice ».
Au cours de ce congrès, les membres de l’IUCN sont appelés à voter pour la protection des zones forestières intactes du bassin du Congo, afin d’éviter des dommages irréversibles résultant d’activités anthropiques préjudiciables pour la biodiversité dans cette partie de la planète, en l’occurrence les projets miniers au cœur des aires protégées.
Harrison Nnoko, président exécutif de l’ONG camerounaise Ajemalebu Self Help (AJESH), qui porte ce plaidoyer, a indiqué dans un courriel à Mongabay, que « ce vote concerne la justice et la survie, non seulement des écosystèmes, mais aussi des populations qui en dépendent ». « Pour ceux d’entre nous qui vivent dans le bassin du Congo, il s’agit de garantir notre approvisionnement en eau, notre alimentation et notre mode de vie ».

L’expert en gouvernance des ressources naturelles, Dr Emmanuel Nuesiri, par ailleurs président du groupe de travail sur le Cadre de gouvernance des ressources naturelles de la Commission des politiques environnementales, économiques et sociales de l’IUCN, a dit dans un courriel à Mongabay, qu’un vote favorable permettrait d’établir des mesures de protection urgentes, afin d’empêcher un effondrement écologique irréversible dans le bassin du Congo, et en maintenant le seuil critique de 74 % d’intégrité forestière, pour la stabilité climatique et la biodiversité.
« Un vote favorable indiquerait que les industries extractives doivent être géographiquement exclues des zones forestières intactes, établissant des limites claires et rendant l’extraction de combustibles fossiles dans les régions écologiquement sensibles inacceptable et risquée », souligne-t-il.
Les bénéfices d’un tel vote permettraient ainsi de garantir des droits coutumiers, les territoires et les systèmes de gouvernance des communautés locales et des peuples autochtones, grâce à un soutien financier direct ; à prévenir la perte d’habitats, préserver les corridors de biodiversité et éviter l’extinction de certaines espèces vulnérables, due à la « savannisation » et à l’effondrement des écosystèmes.
À contrario, un vote négatif permettrait la poursuite de l’expansion des blocs pétroliers, gaziers et miniers dans les zones protégées, accélérant la déforestation vers des points de basculement et déclenchant des rejets massifs de carbone et une perte de biodiversité, soutient, pour sa part, Florencia Librizzi, directrice adjointe de l’ONG américaine Earth Insight.
« Un résultat négatif signifierait que l’on privilégie l’exploitation à court terme au détriment de la sécurité planétaire à long terme. Cela ouvrirait la voie à l’expansion des activités pétrolières, gazières et minières dans des écosystèmes à haute intégrité, amplifiant la déforestation, les cycles de sécheresse et l’effondrement des tourbières », a-t-elle dit, dans un courriel à Mongabay.
L’Afrique connaissant la plus forte perte nette de forêts au monde (3,94 millions d’hectares par an, selon le FAO), les enjeux n’ont jamais été aussi importants pour les millions de personnes dépendantes de ces écosystèmes.

Les ONG engagées dans le plaidoyer en faveur du vote pour la protection de l’intégrité écologique du bassin du Congo, exhortent les membres de l’IUCN et les États du bassin du Congo à plaider, soutenir et prendre des mesures d’urgence, pour maintenir la haute intégrité écologique des forêts du bassin du Congo, conformément au seuil d’intégrité de 74 % nécessaire pour éviter des dommages écologiques irréversibles.
Elles demandent en outre aux congressistes d’approuver, et aux États concernés par les projets miniers nocifs à la protection de la biodiversité, de mettre en œuvre une exclusion géographique de toutes les industries extractives dans les zones intactes et à haute intégrité du bassin du Congo. Elles implorent les institutions financières internationales et les gouvernements donateurs, d’aligner tous leurs flux d’investissement sur le principe de précaution.
Image de bannière : Le Parc national de Dzanga-Ndoki, en République centrafricaine. Image de GRID-Arendal via Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).
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