- Les gouvernements ont voté pour reconnaitre l’écocide lors du congrès de l’IUCN, tenu du 9 au 15 octobre 2025, à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.
- L’ONG « Stop Ecocide international » salue une décision qui passe d'un impératif moral à une priorité juridique commune.
- L’écologiste congolais Josué Aruna, espère que cet acte va favoriser une stabilité écologique au niveau mondial, et notamment dans les zones en conflit comme à l’Est de la République Démocratique du Congo.
- La RDC est le premier pays africain à avoir soutenu l’adoption de la loi sur l’écocide.
« Les actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité́ que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables doivent faire l’objet de poursuites à titre d’écocide en vertu aussi bien du droit national que du droit international ».
C’est en substance ce que dit la motion « Reconnaître le crime d’écocide pour protéger la nature », adoptée par le congrès mondial de la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), tenu du 9 au 15 octobre 2025, à Abu Dhabi, aux Émirats Arabes Unis.
Désormais, le crime d’écocide est passible de poursuites judiciaires contre les acteurs qui se livrent à la destruction des écosystèmes.
Les États, les agences gouvernementales, les ONG, les organisations autochtones et les scientifiques, ont voté massivement la motion pour reconnaitre officiellement le crime d’écocide.
D’après le rapport du Groupe d’experts indépendants pour la définition juridique de l’écocide, le terme « écocide » désigne « des actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité́ que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables ».

Cette reconnaissance officielle est une victoire pour l’ONG « Stop Ecocide International », qui s’est engagée pour soutenir cette initiative juridique à travers le monde. Dans un courriel à Mongabay, sa co-fondatrice et CEO, Jojo Mehta, a dit que « les résolutions de l’UICN ont toujours influencé les politiques environnementales », et que « ce vote renforce la nécessité d’une action législative, tant au niveau des parlements nationaux que de la Cour pénale internationale (CPI) ».
Cette décision entre désormais dans une phase de formalisation. L’IUCN a demandé à la Commission mondiale du droit de l’environnement (CMDE), un de ses subsidiaires, d’étudier la portée et le champ d’application du crime d’écocide. Elle invite aussi la CMDE à évaluer par quels moyens le fait d’engager des poursuites pour ce type de crime, pourrait aider à la restauration et au rétablissement des écosystèmes, et éviter la perte de la biodiversité, en se référant particulièrement aux systèmes de droit pénal des pays en développement et en menant des consultations inclusives.
Le rapport de la CMDE sera remis aux membres de l’IUCN au plus tard un an avant le congrès mondial de la nature de 2029.
La RDC en frontline pour la reconnaissance de l’écocide en Afrique
En Afrique, la République Démocratique du Congo (RDC), est le premier pays à avoir soutenu l’adoption sur la loi sur l’écocide. Après être devenue le premier pays africain à soutenir la proposition de la CPI en octobre 2024, la RDC a plaidé en faveur de son inclusion dans les priorités stratégiques de l’Afrique lors de la Conférence ministérielle africaine sur l’environnement (AMCEN), tenue du 14 au 18 juillet 2025, au Kenya.
Pour Mehta, le leadership de la RDC en matière de loi sur l’écocide, aux côtés du Burundi, de la République du Congo et des nations insulaires du Pacifique (le Vanuatu, les Fiji et les Samoa), va amener les États qui supportent les coûts les plus élevés de l’extraction et du changement climatique, à mettre en place les outils juridiques nécessaires pour poursuivre les auteurs, plutôt que d’attendre une intervention extérieure.
La RDC, qui abrite plus de 60 % de la couverture forestière du bassin du Congo, est confrontée à une grave destruction de l’environnement, due aux conflits armés incessants à l’Est du pays.

L’écologiste congolais Josué Aruna, Directeur exécutif de l’ONG Congo basin conservation society (CBCS), et par ailleurs membre du Groupe de spécialistes de l’IUCN pour les hippopotames, dit que la nouvelle de la reconnaissance de l’écocide par l’IUCN « suscite de la joie au sein des défenseurs écologiques ». « Nous soutenons cette démarche, car nous sommes inquiets dans le contexte actuel caractérisé par le conflit armé en RDC, où les espèces rares, notamment les hippopotames sont tués chaque jour, les aires protégées détruites, et les gens qui profitent des conflits armés pour détruire les parcs nationaux et la biodiversité », a-t-il indiqué, au téléphone à Mongabay.
Ce défenseur de la nature et son ONG, luttent pour la protection de l’hippopotame amphibie, classé comme espèce vulnérable sur la liste rouge de l’IUCN, et qui fait l’objet de braconnage au niveau de la rivière Ruzizi dans le Sud-Kivu, alors que le conflit armé entre les Forces armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23 bat son plein.
« C’est regrettable que les hippopotames soient transformés en une ration alimentaire par des gens qui sont dans les lignes de front. Nous pensons que les enquêtes doivent être menées pour identifier les auteurs d’abattage des hippopotames, et les poursuivre jusqu’à leur dernier retranchement », souligne Aruna.
Image de bannière : Hippopotame amphibie, espèce vulnérable sur la liste rouge de l’IUCN, et braconnée au niveau de la rivière Ruzizi dans le Sud-Kivu, en RDC. Image de proffer via Wikimédia Commons (CC BY 2.0).
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