- Pour son augmenter ses capacités énergétiques, le Bénin a pris en 2008 l’initiative de construire une centrale électrique. À proximité de cette première centrale, a été construite une deuxième des années plus tard.
- Ces deux centrales construites l’une à côté de l’autre, bien qu’elles soient un appui de taille pour l’indépendance énergétique du pays, ne sont pas sans conséquences sur le quotidien de la population.
- Plus d’une décennie après, les riverains subissent des dommages liés au fonctionnement de ces deux sites de production électrique.
Collège d’enseignement général, collèges privés, églises, bars restaurants et autres commerces abritent diverses activités avoisinants les deux centrales électriques de Maria-Gléta, bien clôturées et gardées par des hommes en arme.
De l’extérieur, la centrale 1 offre des installations de lignes de transport d’énergie électrique. De la centrale 2, on aperçoit des machines et tuyaux de dizaine de mètres de hauteur, d’où s’échappe à plein temps de la fumée noire, qui disparait dans les nuages.
Non loin d’un pan de clôture, se dresse un mirador pour la surveillance du site, les deux centrales étant séparées par une route pavée très courtisée pour des joggings. Ce sont les deux sites produisant de l’énergie électrique, appelés Centrales électriques de Maria-Gléta, sises à 15 kilomètres environ de Cotonou, la capitale économique du Bénin.
Autour des deux sites, sont visibles des habitations et des riverains qui côtoient les impacts environnementaux que pourraient occasionner ces installations électriques. « Les centrales nous fournissent du courant électrique. C’est une bonne chose. Mais ce site est implanté dans une zone qui s’urbanise d’une année à l’autre. Pour ce que je sais, son explosion pourrait faire des dégâts dans un rayon de plusieurs centaines de mètres », a déclaré Germain Zomandjitognan, un septuagénaire résidant à proximité des centrales 1 et 2.
Il se souvient de la détonation d’une machine au moment des essais de la centrale 1. « Le 07 janvier 2013, l’explosion d’une machine a créé des fissures de mon bâtiment et l’effondrement de mon water-closet. Des habitations dans le quartier ont été secouées. Ce jour-là, la terre a tremblé. Une dame en est sortie paralysée et a succombé plus tard. Nos correspondances et autres démarches entreprises à l’époque, à l’endroit des autorités compétentes, pour être soulagés, sont restées sans suite ».
De source proche de la centrale, c’était l’explosion sur l’accumulateur de pression de la turbine numéro 3 pendant les périodes d’essais. La correspondance adressée suite à l’explosion, renseigne que « la centrale thermique, installée à Maria-Gléta, devient malheureusement un danger pour les habitants. L’explosion a créé une psychose totale. Elle a produit une terrible détonation et un tremblement de terre ayant occasionné des fissures des murs de plusieurs constructions. Des enfants, des femmes et des personnes fragiles ont été traumatisés par ce bruit inattendu ».
Ayant toujours à l’esprit les conséquences de ce drame de janvier 2013, Jeanne Hounminnou, la soixantaine, revendeuse de produits alimentaires non loin de la centrale 1, confie : « Ma mère et moi étions assises ce jour-là sur un banc à la maison. Quand soudain, une explosion déchira l’ambiance monotone qui régnait dans le quartier. C’était une forte détonation provenant de la centrale, mon corps a tremblé. J’ai retrouvé ma mère au sol incapable de se relever. Avec l’aide d’autres personnes, elle ne pouvait plus se tenir sur ses jambes. C’est ainsi qu’elle est restée paralysée jusqu’à son décès en 2021 ». « Les bruits émis par les machines sont parfois semblables à ceux d’un avion au décollage. Ce qui nous dérange énormément », ajoute-t-elle.

Parlant de ce qu’elle vit au quotidien, Albertine Aïdokoun, revendeuse de produits et denrées alimentaires habitant le quartier depuis 1995 explique : « Le bruit provenant de la centrale 1 est plus fort que celui de la centrale 2. De jour comme de nuit, des vacarmes assourdissants nous parviennent, occasionnant des bourdonnements d’oreilles. Je suis contraint de me faire régulièrement consulter avec, à l’appui, l’achat de médicaments. Pour être sincère, on implore Dieu au quotidien ».
Dans ses clarifications, Zomandjitognan a souligné que la deuxième centrale dégage assez de fumée noire. « J’ai comme l’impression que l’installation de ces centrales à Maria-Gléta n’est pas bénéfique pour la population dans les tous les cas ». À l’en croire, les riverains sont laissés pour compte.
Entre cohabitation et doléances
Les riverains, rencontrés par Mongabay autour des centrales, ont tous le regard tourné vers le pouvoir central. Ils pensent qu’ils pourraient être délogés des années plus tôt pour leur éviter des nuisances. « Nous avons supplié de nous déménager mais sans suite. On s’en remet à Dieu. Car, quand je me souviens des incidents passés, je me dis que tout peut arriver à tout moment. À cause de la centrale 1, j’ai déjà reconstruit ma maison deux fois », a dit Hounminnou.
Pour Aïdokoun, le souhait est que les habitants à proximité des centrales soient délogés et installés ailleurs. Car, « nous sommes toujours sur le qui-vive ». « Ma famille et moi sommes contraints de cohabiter avec les conséquences, parce que tout ce qui se passera pourrait avoir des conséquences sur notre santé », ajoute Simon Aïssey, riverain des sites des centrales. « Je ne suis pas inquiet. J’entends dire qu’on ne devrait pas rester à côté de la centrale. Mais, chez moi, nous n’avons pas de problème jusque-là », dit avec sourire Gaël Dangbé, un jeune de la trentaine, qui vit non loin des deux centrales électriques depuis son enfance.
Parlant des nuisances, une source qui a préféré garder l’anonymat évoque deux cas le bruit des centrales en marche et la pollution par les gaz à effet de serre que les machines dégagent, avec ses corollaires pour la respiration. Au sujet du bruit, cette source a expliqué qu’autour de la centrale, les décibels mesurés aux alentours immédiats, indiquent qu’ils n’ont pas d’impact sur les riverains. « Ce qu’on pourrait craindre, ce sont les effets des gaz à effet de serre sur l’environnement ».

La contrainte de choix du site
Le choix de Maria-Gléta pour la construction des deux centrales s’est imposé à cause du croisement des lignes haute tension en provenance du Ghana et du Nigeria, affirme la source anonyme.
La centrale 1 de 80 mégawatts, est mise en exploitation le 02 décembre 2013, et suspendue le 18 août 2015, pour mauvais rendement, coût élevé de production et coût de négociation de contrat de maintenance de la centrale nettement supérieur aux recettes de la production. Cependant, il y a des transformateurs qui fonctionnent sur ce site.
La centrale 2, inaugurée le 29 août 2019 pour une production de 127 mégawatts, fonctionne toujours. Confirmant cette affirmation au sujet du choix du site, Zomandjitognan pense que « c’est erroné de parler de la centrale de Maria-Gléta ».
Selon lui, le site de la centrale thermique1 est installé à Houèto Gankon un quartier voisin à Maria-Gléta. Les premiers experts venus sur les lieux, en prélude à l’installation des machines, faute de voie à emprunter, ont stationné leur véhicule à Maria-Gléta, et ont fait un mouvement pédestre jusqu’à l’endroit indiqué. Au niveau où les véhicules ont été garés, il y avait une plaque indiquant le quartier Maria-Gléta, ce nom donné au site des centrales.
Pour la source anonyme, c’est la Communauté électrique du Bénin (CEB) qui a mis premièrement ses installations à cet endroit. Par la suite, l’État a décidé d’y construire les centrales, parce que c’est à ce niveau que la tension est régulée pour la distribution adéquate de l’énergie à travers le pays.
Image de bannière : La centrale thermique de Maria-Gléta 2 dans la commune d’Abomey-Calavi au Bénin. Image de Présidence de la République du Bénin via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
Le Bénin relance des projets pour l’utilisation de l’énergie solaire
Feedback : Utilisez ce formulaire pour envoyer un message à l’éditeur de cet article. Si vous souhaitez publier un commentaire public, vous pouvez le faire au bas de la page.