- L’inventaire des gaz à effet de serre réalisé par l’Observatoire national sur les changements climatiques indique que le Cameroun a un potentiel d’absorption des gaz à effet de serre non négligeable.
- L’étude a été menée dans les zones agro-écologiques soudano-sahéliennes, les hautes savanes guinéennes et les hauts plateaux, entre 2010 et 2022, dans le secteur de l’agriculture, de la foresterie et autres affectations des terres.
- Les résultats ajoutés à ceux de l’évaluation dans les régions du Littoral, du Centre, de l’Est, du Sud et du Sud-ouest, relèvent une capacité importante d’absorption de dioxyde de carbone.
- Les auteurs de l’inventaire recommandent entre autres une collaboration entre les différentes institutions en charge de la production des données, du reportage et de la communication des informations au niveau international, le soutien du processus d’élaboration continu des inventaires de gaz à effet de serre.
L’Observatoire national sur les changements climatiques du Cameroun (Onacc), a présenté le rapport d’inventaire des gaz à effet de serre (GES) réalisé sur trois des cinq zones agro-écologiques du pays.
Les estimations des émissions/absorptions de GES dans les zones soudano-sahéliennes, les hautes savanes guinéennes qui couvrent les régions de l’extrême-nord, de l’Adamaoua et des hauts plateaux, de l’Ouest et du Nord-ouest du pays, montrent que le potentiel de carbone valorisable au Cameroun est de 1 449 746, 24 Gg CO2 eq, ce qui correspond à près de 1,5 millions de vol aller/retour Paris-New-York pour un passager.
D’après les explications de Pascal Freddy Bikono, spécialiste des inventaires en gaz à effet de serre, co-auteur de l’étude, de 2010 à 2022, les données montrent que dans ces parties du pays, le gaz à effet de serre séquestré est supérieur à celui émis dans la foresterie et l’agriculture.
Selon Ariane Prisca Mewamba, experte en inventaire des gaz à effet de serre et co-auteure du rapport, la combinaison des données avec celles des zones agro-écologiques des régions du Centre, de l’Est, du Sud, du Littoral et du Sud-Ouest, indique que les émissions sont plus élevées dans la région de l’Extrême-Nord à cause des activités socio-économiques plus intenses et du nombre élevé de bétail.

Mission de routine pour la facilitation de la prise de décision
Interrogé par Mongabay, Professeur Joseph Armathé Amougou, Directeur général de l’Onacc explique de « l’inventaire national de gaz à effet de serre est indispensable au suivi ouvert et transparent des progrès effectués, notamment en présence d’accords internationaux qui fixent des seuils ou objectifs d’émissions. Ces inventaires visent également à mettre à jour les politiques publiques qui promeuvent la gouvernance climatique ».
« Le document peut donc, servir d’instrument opérationnel dans le cadre des autres activités de réduction des gaz à effet de serre et dans le suivi de la mise en œuvre de la Contribution déterminée au niveau national », a dit Amougou, lors de la présentation des résultats de l’étude, le 23 août dernier, à Yaoundé.
Pour Dr Lionel Djibie Kaptchouang, climatologue et environnementaliste à l’université de Dschang (Cameroun), « réaliser un inventaire carbone peut être bénéfique pour un pays, surtout ceux en voie de développement. Ces derniers se caractérisent par une faible contribution au phénomène du réchauffement global de la planète, et sont malheureusement les plus impactés. Ainsi, ne détenant pas les moyens financiers, techniques et technologiques requis pour s’adapter et atténuer les effets du changement climatique, ces pays peuvent commercialiser leur stock de carbone non émis, ou bien ce qu’ils auraient émis s’il n’avait par exemple pas fait le choix de développer des sources énergétiques sans carbone ».
« Aussi, ils peuvent demander et obtenir lors des négociations climatiques à l’international, de contreparties pour les puits de carbone existants sur leurs différents territoires. Pour illustration, le Cameroun peut évaluer la capacité de ses forêts à séquestrer du carbone, et faire valoir cela lors des négociations climatiques à l’international », dit Djibie Kaptchouang à Mongabay au téléphone.
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Depuis 1994, le Cameroun a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et a ainsi exprimé sa volonté pour l’effort global de lutte contre le réchauffement global. Dans sa Contribution déterminée au niveau national (CDN) révisée en 2021, le pays ambitionne de réduire de 35 %, ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 dont 23 % conditionnelles et 12 % inconditionnelles.
La préservation de la forêt, indispensable
Les auteurs du rapport proposent comme mesures d’atténuation des changements climatiques, la réduction des taux actuels de déforestation et de dégradation des forêts par des actions concrètes dans le secteur forestier et agricole.
Ils recommandent à la coordination de l’action gouvernementale, une collaboration entre les différentes institutions en charge de la fourniture des données, du reportage et de la communication des informations au niveau international, le soutien du processus d’élaboration continu des inventaires des GES, la promotion de l’utilisation des engrais verts et du bio-charbon, la restauration des vielles cacaoyères, la pratique de l’agroforesterie, la restauration des terres dégradées et la valorisation des savanes pour les cultures de rente tel que le cacao.
Créé en 2009, l’Onacc entend poursuivre le suivi et l’évaluation des impacts socio-économiques des changements climatiques ainsi que de la proposition des mesures d’adaptation et d’atténuation.
Image de bannière : Forêt du Cameroun. Image de Karolina Lubryczynska via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
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