- Selon le dernier rapport biennal « Primates In Peril », publié en novembre 2017 à l'occasion de la conférence du 50e anniversaire de la Primate Society of Great Britain, 62 % des plus de 700 espèces et sous-espèces connues de singes, lémuriens et autres primates voient aujourd'hui leur survie gravement menacée. 42 % de ces espèces sont considérées comme « en danger » ou « en danger critique d'extinction ».
- Le rapport répertorie les 25 espèces de primates les plus menacées. Bien que la liste ait été dressée avant la description scientifique formelle de l'orang-outan de Batang Toru, les auteurs du rapport affirment que cette nouvelle espèce apparaîtra très certainement sur la prochaine mise à jour de la liste.
- L'orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus), l'espèce la plus proche du Batang Toru, fait quant à lui sa première apparition dans le « top 25 ». Huit autres espèces originaires d'Asie rejoignent l'orang-outan de Bornéo sur la liste, tout comme cinq espèces du néotropique, cinq d'Afrique et six lémuriens de Madagascar.
En novembre dernier, une nouvelle espèce d’orang-outan découverte à Sumatra, en Indonésie est officiellement devenue la huitième espèce de grands singes connue sur Terre. Et, avec la destruction de son habitat causée par l’expansion du territoire humain, elle est aussi instantanément devenue l’une des plus menacées de la planète.
On estime à moins de 800 le nombre d’orangs-outans de Batang Toru (Pongo tapanuliensis), également nommés Tapanuli. La forêt primaire dégradée dans laquelle ils vivent, sur l’île de Sumatra, se voit peu à peu encerclée et traversée par les routes. Mais cette espèce est loin d’être la seule parmi les primates à se trouver menacée par l’activité humaine.
Selon le dernier rapport biennal « Primates In Peril », publié en novembre 2017 à l’occasion de la conférence du 50e anniversaire de la Primate Society of Great Britain, 62 % des plus de 700 espèces et sous-espèces connues de singes, lémuriens et autres primates voient aujourd’hui leur survie gravement menacée. 42 % de ces espèces sont considérées comme « en danger » ou « en danger critique d’extinction ».
Le rapport répertorie les 25 espèces de primates les plus menacées. Bien que la liste ait été dressée avant la description scientifique formelle de l’orang-outan de Batang Toru, les auteurs du rapport affirment que cette nouvelle espèce apparaîtra très certainement sur la prochaine mise à jour de la liste. L’orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus), l’espèce la plus proche du Batang Toru, fait quant à lui sa première apparition sur la liste. Il a été découvert sur l’île de Bornéo, à environ 1000 kilomètres de Sumatra.
« C’est la première fois que l’orang-outan de Bornéo apparaît sur cette liste. Cela est dû à un fort déclin de sa population au cours des 50 dernières années. Bien que le nombre d’orangs-outans de Bornéo relevé lors de la dernière estimation (de 46 952 à 72 941) puisse paraître substantiel, il cache en réalité de très graves menaces », affirment les auteurs du rapport.
« Leur population a subi une chute spectaculaire au cours des dernières décennies et les forêts qui constituent leur habitat sont désormais sévèrement morcelées. Les singes se répartissent au sein de différentes aires dont très peu sont capables d’abriter plus de 1000 individus. »
De manière assez surprenante, la troisième espèce connue d’orang-outan, l’orang-outan de Sumatra (Pongo abelii), est plus éloignée du Batang Toru que de l’orang-outan de Bornéo. Tous deux endémiques de l’île de Sumatra, l’orang-outan de Batang Toru et celui de Sumatra étaient considérés comme appartenant à la même espèce jusqu’à très récemment. Bien qu’il n’apparaisse pas au sein de la liste « Primates in Peril », l’orang-outan de Sumatra est répertorié parmi les espèces « en danger critique d’extinction » sur la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).
La liste comprend également six lémuriens de Madagascar, dont le Lépilémur de Manombo (Lepilemur jamesorum). Cette espèce, décrite depuis 2006 seulement, est déjà répertoriée parmi les espèces « en danger critique » selon les critères de la Liste rouge de l’UICN : leur population ne compte plus qu’environ 2000 membres.
Cinq espèces africaines sont également présentes sur la liste, parmi lesquelles le gorille des plaines orientales (Gorilla beringei graueri), qui « subit depuis les années 90 un déclin catastrophique causé par le braconnage des mineurs », selon le rapport. On estime désormais à moins de 4000 le nombre de gorilles des plaines orientales dans le monde : leur population a diminué de 77 % en une génération seulement.
Huit autres espèces originaires d’Asie rejoignent l’orang-outan de Bornéo sur la liste, ainsi que cinq espèces du néotropique. Le Plecturocebus caquetensis, endémique de la Colombie, doit sa place sur la liste à sa population particulièrement restreinte, estimée à moins de 250 singes. On connait l’existence de cette espèce depuis les années 1960, mais le conflit armé qui sévit en Colombie a retardé sa description scientifique formelle durant un demi-siècle. Les Plecturocebus caquetensis sont sérieusement menacés par la disparition de leur habitat, et, avec la fin des hostilités dans le secteur, leur habitat risque de se voir d’autant plus impacté par les activités humaines.
« La signature de l’accord de paix entre le gouvernement colombien et les FARC pourrait conduire à une multiplication des infrastructures pétrolières et minières », affirme le rapport, « mais cela offre également une opportunité d’étudier et de protéger cette espèce pour la première fois depuis sa découverte. »
Le docteur Christoph Schwitzer, directeur de la conservation à la Bristol Zoological Society et vice-président de l’IUCN SSC Primate Specialist Group; a dirigé la publication du rapport « Primates in Peril ». Tout en reconnaissant que le rapport « peut paraître alarmant », il affirme que « celui-ci est essentiel pour mettre un coup de projecteur sur le besoin impératif de préservation d’un grand nombre d’espèces de primates, dont beaucoup sont sur le point de disparaître ».
Il est urgent de mettre en place des actions de préservation afin de sauver chacune des espèces présentes sur la liste, ajouter Schwitzer.
« Les primates représentent un composant primordial et essentiel d’une grande partie des forêts tropicales et des savanes de notre planète », déclare Anthony Rylands, vice-président de la section Primate de l’IUCN SSC et directeur de la conservation des primates au Global Wildlife Conservation.
« Nous commençons tout juste à comprendre l’étendue de leur diversité et le rôle écologique qu’ils jouent dans ces environnements extraordinairement riches et complexes. Pourtant, la chasse et la dégradation, fragmentation et perte de leurs habitats dévastent des populations entières à travers le monde : plus de la moitié de toutes les espèces de primates est aujourd’hui menacée. Ce rapport rappelle la gravité de la situation de quelques espèces seulement, celles qui sont en voie de disparition. »
Liste des 25 espèces de primates les plus menacées au monde – 2017
- Paragalago orinus
Tanzanie [population inconnue] - Cercopithèque de Roloway (Cercopithecus roloway)
Côte d’Ivoire et Ghana [very population estimée à moins de 100 individus] - Colobe magistrat (Colobus vellerosus)
Nigéria [population inconnue] - Colobe bai de Zanzibar (Piliocolobus epieni)
Nigéria [population : environ 1000 individus] - Gorille des plaines occidentales (Gorilla beringei graueri)
République démocratique du Congo [population : environ 3800 individus] - Microcebus gerpi
Madagascar [population inconnue] - Hapalémur du Lac Alaotra (Hapalemur alaotrensis)
Madagascar [population : moins de 2500 individus, potentiellement moins de 1000] - Maki catta (Lemur catta)
Madagascar [population : moins de 2000 individus] - Lépilémur de Manombo (Lepilemur jamesorum)
Madagascar [population : très limitée] - Propithèque de Perrier (Propithecus perrieri)
Madagascar [population : 2100 individus] - Aye-aye (Daubentonia madagascariensis)
Madagascar [population inconnue, mais les Ayes-ayes sont très rares] - Nycticebus javanicus
Java, Indonésie [population inconnue] - Nasique des îles Pagai (Simias concolor)
Îles Mentawai, Indonésie [population : environ 3300] - Entelle doré (Trachypithecus geei)
Inde et Bhoutan [population : moins de 12 000 individus] - Semnopithèque de Cat Ba (Trachypithecus poliocephalus)
Vietnam [population : 50 à 60 individus] - Rhinopithèque du Tonkin (Rhinopithecus avunculus)
Vietnam [population : moins de 250 individus] - Macaque nègre (Macaca nigra)
Sulawesi, Indonésie [population : 4000 à 6000 individus] - Semnopithèque blanchâtre (Semnopithecus vetulus)
Sri Lanka [population inconnue] - Gibbon de Hainan (Nomascus hainanus)
Hainan, Chine [population : moins de 30 individus] - Orang-outan de Bornéo (Pongo pygmaeus)
Bornéo, Malaisie et Indonésie [population : entre 47 000 et 73 000 individus] - Plecturocebus caquetensis
Colombie [population : estimée à moins de 250 individus] - Singe-araignée à tête brune (Ateles fusciceps)
Équateur, Colombie, Panama [population inconnue] - Capucin des Ka’apor (Cebus kaapori)
Brésil [population inconnue] - Singe-araignée de Geoffroy (Ateles geoffroyi)
Mexique, Guatemala, Nicaragua, Honduras, Salvador, Costa Rica, Panama [population inconnue] - Hurleur brun (Alouatta guariba guariba)
Brésil [population : estimée à moins de 100 individus]
Note de l’éditeur : la liste complète a été ajoutée à la fin de cet article le 2 décembre 2017.