- Après l’échec de l’adoption d’un traité contre la pollution plastique, Inger Andersen, Directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement, annonce une série d’étapes à venir.
- Anderson présentera un rapport lors de la prochaine session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement. Elle rassure sur la continuité de l’appui des institutions onusiennes et encourage les délégations à dialoguer de manière informelle pour identifier les lignes rouges ainsi que les compromis.
- La réduction de la production de plastiques vierges, l’élimination des substances chimiques controversées dans les produits plastiques et le financement de la lutte contre la pollution sont quelques points de divergences ayant empêché l’adoption d’un traité.
- Plusieurs acteurs appellent à relancer les discussions avec plus de flexibilité et à garantir que le futur traité protège réellement les communautés les plus touchées, notamment les petits États insulaires et les peuples autochtones.
Rendre compte des avancées déjà obtenues lors de la 7ᵉ session de l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement (UNEA-7) en décembre prochain, poursuivre les discussions lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies (AGNU) pour tracer la voie vers un accord, maintenir le programme d’appui du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) aux États membres dans leur lutte contre la pollution plastique, encourager les États à engager des discussions informelles avec toutes les parties, y compris celles ayant des positions divergentes, et enfin identifier les lignes rouges et les zones de compromis possibles à travers le dialogue.
Telles sont les prochaines étapes proposées par Inger Andersen, directrice exécutive du PNUE, après l’échec des négociations pour l’adoption d’un traité contre la pollution plastique. Elle les a présentées lors de son discours à la session d’ouverture de la 12ᵉ réunion annuelle du Sous-comité du Comité des représentants permanents, en septembre 2025 à Nairobi, au Kenya.
Selon elle et bien d’autres acteurs, le processus ne doit pas s’arrêter et il faut explorer de nouvelles perspectives pour relancer les négociations sur un traité mondial contre la pollution par les matières plastiques, qui se sont terminées en août dernier, sans accord après douze jours, lors de la session 5.2 du Comité intergouvernemental de négociation (INC-5.2), à Genève, en août dernier.
« Bien entendu, le programme du PNUE visant à soutenir les États membres dans leur lutte contre la pollution plastique se poursuit sans relâche. J’encourage vivement les États membres à engager des conversations informelles, non seulement avec les groupes avec lesquels ils sont déjà d’accord, mais aussi avec ceux avec lesquels ils ne le sont pas. Ce n’est qu’à travers un tel dialogue que nous pourrons véritablement comprendre où se situent les lignes rouges et où des compromis de négociation peuvent être trouvés », a indiqué Andersen, lors de l’ouverture de la 12ᵉ réunion annuelle du sous-comité du Comité des représentants permanents à Nairobi.

Cheikh Ndiaye Sylla, vice-président du Groupe africain de négociation sur le plastique, une coalition de pays africains participant aux négociations intergouvernementales, trouve décevant de travailler depuis 2022 et arriver en 2025 sans résultat sur un traité mondial. « On aurait pu adopter une autre stratégie. Il faudra évaluer, tirer les leçons et rebondir. Il faut reprendre les discussions, à condition d’assumer flexibilité et responsabilités ».
Sylla s’était ainsi exprimé en marge de INC-5.2, au micro de Mongabay, qui a aussi interrogé Flavien Joubert, ministre de l’Agriculture, du changement climatique et de l’environnement des Seychelles à Genève.
Au sujet de la pollution plastique touchant les États insulaires, ce dernier a expliqué que les Seychelles mènent de nombreux efforts pour réduire l’impact du plastique, avec un système efficace de collecte des déchets et des opérations régulières de nettoyage des plages, des rivières et des espaces publics.
Selon Joubert, le pays travaille aussi avec les compagnies de pêche et la Commission du thon de l’océan Indien, pour limiter l’usage et l’abandon en mer de dispositifs d’agrégation de poissons, souvent fabriqués en partie en plastique.
Mais malgré ces efforts, dit-il, le traitement final des déchets reste limité et les Seychelles doivent également faire face à l’arrivée massive de plastiques venus d’Asie du Sud-Est et d’autres régions par les courants marins.
« Environ 500 tonnes de plastique se sont accumulées sur les plages des îles éloignées. Ce nettoyage coûte au moins 8 900 dollars par tonne, un effort extrêmement lourd pour un petit État insulaire qui ne dispose pas des ressources nécessaires », a expliqué Joubert.
Il a indiqué : « Nous attendons des arrangements au niveau international, non seulement pour réduire la pollution plastique, mais aussi pour aider les pays à y faire face. Il faut ouvrir des discussions sur les solutions, comme les transferts de technologie, d’expertise, le partage de systèmes de gestion ».

Changer la manière de négocier
Frankie Orona est un leader autochtone vivant au Texas (États-Unis). Il est Directeur exécutif de l’ONG Society of Native Nations, une organisation intertribale qui défend les peuples autochtones et promeut la protection de l’environnement.
Rencontré à Genève, il explique à Mongabay que la pollution plastique frappe de plein fouet les peuples autochtones, surtout ceux qui vivent à proximité des sites d’extraction de combustibles fossiles, des infrastructures de transport, des raffineries et des terminaux d’exportation. Ces populations sont également exposées à la fin du cycle de vie des plastiques, lorsque les déchets et leur gestion viennent alourdir les pressions environnementales et sanitaires. « Les peuples autochtones restent parmi les plus vulnérables et les plus affectés. Il ne suffit pas de discuter du texte du traité, il faut aussi changer la manière de négocier pour que les peuples les plus touchés soient réellement protégés », dit Orona.

Garder espoir
Lors des dernières négociations ayant achoppé à Genève, les débats ont porté sur plusieurs éléments importants du futur traité, au nombre desquels les interdictions possibles concernant certains produits plastiques jugés problématiques et les exemptions à ces interdictions, destinées à préciser les cas où certains usages pourraient être autorisés.
Les autres éléments ayant fait l’objet d’intenses discussions portent sur les obligations des États, incluant la gestion des déchets plastiques, le financement ainsi que les mesures de suivi et enfin, les pouvoirs de la future Conférence des Parties (COP), notamment sa capacité à contrôler la mise en œuvre et à prendre des décisions pour faire évoluer le traité.
Trois points de discorde majeurs ont cristallisé les tensions à Genève. Les délégations ne se sont pas accordées sur l’objectif mondial de réduction de la production de plastiques vierges ni sur la définition de la « production durable ».
L’élimination des substances chimiques controversées présentes dans les objets en plastique, comme le plomb, le cadmium ou le bisphénol A et la question du financement ont également divisé.
Alors que les pays en développement réclamaient une contribution obligatoire des pays développés, le texte discuté à Genève se contentait de les inviter à mobiliser, de manière volontaire, des ressources publiques ou privées.
Selon Lars Stordal, responsable de la stratégie, des relations extérieures et des politiques à GRID-Arendal, une fondation norvégienne qui renforce les capacités des pays en développement, pour mieux gérer les enjeux environnementaux, la session de Genève a montré l’absence de points de convergence permettant un accord. « En l’état actuel des choses, il n’existe aucun véritable compromis en vue, car plusieurs pays n’ont pas manifesté clairement la volonté d’aboutir à un traité ambitieux », dit-il dans un courriel à Mongabay.
« Si le processus continue sur une approche fondée sur le consensus et donc sur le plus petit dénominateur commun, le danger est d’aboutir à un traité à la manière de l’Accord de Paris, qui laisse une grande place aux actions volontaires au niveau national, sans obligations ni mesures contraignantes au niveau mondial. Cela dit, nous devons garder espoir. Mon espoir réside dans le fait que la plupart des gens veulent vraiment résoudre ce problème. L’espoir est la source de l’action et du progrès, alors gardons-le. Ce n’est pas encore terminé », conclut-il.
Image de bannière : FquasieLars Stordal, responsable de la stratégie, des relations extérieures et des politiques à GRID-Arendal appelle à garder espoir pour résoudre le problème de la pollution plastique dans le monde. Image de Fquasie via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
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