- Jardin zoologique et botanique, le parc de Mvog-Betsi est situé dans la commune d’arrondissement de Yaoundé 6, sur une superficie de quatre hectares. Il a été créé en 1951 pour conserver les animaux sauvages vivants, mais il sera exploité plus tard comme espace de quarantaine pour des animaux destinés à l’exploitation.
- Ainsi, cet espace accueille les visiteurs, mais il est au cœur de plusieurs incidents qui font désormais de lui, un espace craint, à cause notamment des animaux qui s’échappent de leur enclos et attaquent les visiteurs ou les populations riveraines.
- Le ministère des Forêts et de la faune annonce, depuis toujours, des mesures de sécurité fortes. Les populations semblent ne plus être rassurées.
Ce matin du 10 septembre 2025, bébé Yvanna, un nourrisson de six mois, prend son petit déjeuner avec l’aide de son grand-frère, Gérard Bomnyuy, au domicile familial à Yaoundé, au quartier Mvog-Betsi.
Soudain, les deux enfants reçoivent une visite inattendue et inhabituelle : un singe, aux allures menaçantes, se tient face à eux et se livre à une série de grimaces, tout en les fixant du regard.
Ambroise Bomnyuy, père des deux enfants, n’est pas rassuré par les explications fournies par l’administration du parc de Mvog Betsi, selon lesquelles, la présence du singe à son domicile serait le fait d’un agent, qui aurait laissé la porte ouverte, lors de l’alimentation de l’animal. « On nous a fait savoir qu’un agent est allé donner à manger au singe. Et, dès qu’il a ouvert la porte, le singe s’est échappé et s’est dirigé vers moi. Et mes enfants, eux, étaient à la maison », raconte-t-il au micro de nos confrères de Vision 4 télévision.
Emmanuel Ebog, Sergent écogarde en service dans ce parc, confirme cette version au micro de Mongabay. « C’est vraiment ce qui s’est passé. Il faut savoir que les singes sont très agités. Il suffit d’un petit moment d’inattention pour qu’ils vous échappent. Même les personnes les plus expérimentées, dans ce travail, peuvent en être victimes », a-t-il dit.
Par la suite, ce singe aurait entamé un combat avec les enfants, poursuit Ambroise Bomnyuy, tout en précisant que cette version lui a été rapportée par son fils. « Le singe est entré dans le salon, il y avait mon fils qui portait l’enfant. Il a pris l’enfant pour fuir avec lui et est entré dans notre chambre. Le singe l’a poursuivi et ils ont commencé à se bagarrer. Le singe ciblait visiblement bébé Yvana. Ils se sont bagarrés là-bas et dès que mon fils a constaté que ça n’allait plus, il a laissé l’enfant avec le singe pour aller chercher du renfort ».
Grâce à l’intervention de plusieurs personnes, notamment le voisinage de Ambroise Bomnyuy alerté, bébé Yvanna, alors à la merci du primate, a été secouru et a pu avoir la vie sauve.
Cependant, elle s’en est sortie avec des blessures sur plusieurs parties de son corps, notamment au visage, lesquelles blessures ont nécessité des soins particuliers, financés par le ministère des Forêts et de la Faune. « Ils nous ont assistés financièrement. Ils ont quand même couvert les dépenses hospitalières. Mais nous espérons qu’ils vont suivre l’enfant jusqu’à sa guérison totale », dit Bomnyuy, le père de la victime. Le ministère a d’ailleurs publié un communiqué dans lequel il regrettait ce malheureux incident.

Le voisinage dans l’angoisse
Ce n’est pas la première fois que le parc de Mvog-Betsi est sous le feu des projecteurs en matière de scandale. Le 27 mai 2024, dans ce même zoo, un enfant de six ans a eu une partie de son avant-bras arrachée par une hyène tachetée. Selon l’administration du parc, l’enfant aurait franchi le cordon de sécurité et aurait introduit son bras, à travers le double grillage de l’enclos pour toucher l’animal.
À la question de savoir s’il laisse les enfants visiter les animaux sans surveillance et sans assistance, le sergent Ebog explique : « Souvent, il y a énormément de visiteurs, on s’efforce au maximum à avoir l’œil sur tout le monde ». Toutefois, cette victime de l’hyène aurait bénéficié d’une évacuation sanitaire en Inde, initiée par le ministère des Forêts et de la faune, a ajouté Ebog.
Interrogé sur cette affaire de bébé Yvanna, André Fouelefack, commerçant installé à proximité du parc depuis une dizaine d’années, a exprimé son ras-le-bol au micro de Mongabay. « Parce qu’ils savent qu’il y a des maisons à côté, et qu’ils sont situés au cœur de Yaoundé, je pense qu’ils doivent prendre toutes les précautions lorsqu’ils manipulent leurs animaux. Un jour, c’est cette version qu’ils vont également donner lorsque leurs lions s’échapperont et auront causé des dégâts parmi les populations ? », dit-il la peur au ventre.
Surtout que, quelques jours après cet incident impliquant Ambroise Bomnyuy et ses enfants Yvanna et Gerald, un autre riverain, Erick Ambomo, habitant du quartier Mvog Betsi, a confié qu’un événement similaire s’est reproduit. Cette fois, c’est un babouin, qui s’est également échappé de ce parc, et qui aurait saccagé des boutiques environnantes, avant d’être capturé par la population et remis à l’administration du zoo.

Une audience en baisse
Créé en 1951 au cœur de Yaoundé, le zoo de Mvog Betsi, abrite plus de 29 espèces animales, dont des primates, des reptiles, des oiseaux et des mammifères.
Sur le terrain, Mongabay a pu visiter des animaux aussi dangereux qu’agressifs : hyènes, lions, crocodiles et reptiles. « À la base, cet espace (quatre hectares, Ndlr), a été conçu pour abriter les animaux issus des trafics. Puis, on devait chercher un espace pour les remettre, notamment les grands parcs ou même les grandes forêts. Par la suite, il a commencé à accueillir les visiteurs à qui on donne ces animaux à voir », précise Emmanuel Ebog.
Sauf que le volet sécuritaire semble ne pas suivre, d’où l’inquiétude des populations environnantes, qui vivent désormais dans la peur et la crainte d’un nouvel incident.
D’ailleurs, le nombre de visiteurs aurait considérablement diminué, les populations n’étant plus rassurées, malgré les assurances données par l’administration du parc, notamment concernant la conservation des animaux dans des enclos électrifiés.
Il y a deux mois, le quotidien national, « Cameroon Tribune », menait une enquête dans ce parc et révélait un faible taux de fréquentation, suite à cette succession d’incidents.
Le ministère des Forêts et de la Faune, de son côté, après chaque incident, annonce des mesures « fortes » pour renforcer la sécurité du parc et redorer son blason. Pendant ce temps, les populations, vivant à proximité, continuent de vivre dans la peur, et la plupart des visiteurs semblent avoir perdu l’envie de s’y rendre.
Image de bannière : Le parc de Mvog-Betsi situé dans la commune d’arrondissement de Yaoundé 6, au Cameroun créé en 1951, conserve les animaux sauvages vivants. Image de Leonel Balla pour Mongabay.
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