- Le plan directeur établit pour la première fois la zone dédiée à l'exploration du gaz méthane dans le lac Kivu.
- À cheval entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), le lac Kivu, abrite quelques 60 milliards de m3 de méthane dissous.
- Les eaux du lac sont utilisées à diverses fins par différents acteurs, comme la pêche, la navigation, les loisirs.
- L’extraction inappropriée du gaz méthane pourrait déclencher potentiellement des éruptions de gaz catastrophiques.
Les eaux du lac Kivu pourront bientôt être exploitées comme une source d’énergie et pour d’autres activités économiques. Le tout premier schéma directeur sur la gestion des eaux des différents lacs au Rwanda propose le dégazage de ce lac, en vue d’une utilisation rationnelle de ses eaux.
Le lac Kivu, qui couvre une superficie totale de 2 730 kilomètres carrés, est le plus grand lac du Rwanda et le sixième plus grand d’Afrique.
Avec l’augmentation de la concentration en gaz dans les eaux profondes de ce lac d’origine volcanique, situé à cheval entre le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC), le nouveau plan directeur établit pour la première fois, que la zone dédiée à l’exploration du gaz méthane, ne doit pas dépasser 31 % du total de la superficie de la partie rwandaise des eaux.
En effet, 53 % de la surface lacustre du coté rwandais est désormais dédiée à la pêche et à d’autres activités agricoles, dont notamment l’irrigation pratiquée par les communautés autour du lac.
Alors que les risques écologiques liés à l’exploitation du méthane dans le lac sont particulièrement élevés, en raison de la nature du lac, qui contient, non seulement du méthane, mais également du dioxyde de carbone, le nouveau schéma directeur repartit le lac Kivu sur six zones d’exploitation : une zone pour le tourisme, la pêche artisanale et surtout l’aquaculture, le transport maritime, ainsi que d’autres zones protégées.

Les activités de pisciculture ne doivent pas dépasser 7 % de la superficie de la partie rwandaise du lac, alors que le tourisme et les loisirs occupent 8 % de cet espace, selon le document.
« Les eaux du lac sont utilisées à diverses fins par différents acteurs, comme la pêche, la navigation, les loisirs », affirme Richard Nyirishema, directeur général de l’Office rwandais des ressources en eau.
Prévenir des risques écologiques
Au niveau de cinq districts, à savoir Rubavu (Nord-Ouest), Rutsiro (Ouest), Karongi (Ouest), Nyamasheke (Sud-Ouest) et Rusizi (Sud-Ouest), les activités liées à la pêche et au tourisme sont fréquentes dans cette partie du lac, où le risque de fuite du méthane, constitue une menace permanente pour les communautés locales.
« Sans directives claires sur la manière et le lieu où mené ces activités, les risques écologiques sont inévitables. Ce plan directeur comble cette lacune », dit Nyirishema, dans une note d’information parvenue à Mongabay.
Le lac Kivu regorge de quelques 60 milliards de m3 de méthane dissous, et 300 milliards m3 de dioxyde de carbone (CO2).
Une étude publiée en avril 2025, dans revue African Scientific Journal, a montré que l’extraction inappropriée [du gaz méthane], pourrait causer des dommages sur la stratification du lac, et occasionner des éruptions de gaz dangereux.
D’après un modèle mathématique développé par un groupe de six chercheurs rwandais au Collège des sciences et technologies (CST) de l’université du Rwanda, focalisé sur l’exploitation du gaz méthane dans les eaux profondes du lac, il y a trois risques majeurs qui pourraient provoquer une éruption de gaz.
Il y a le risque d’une remontée d’eau relativement faible due à une forte onde interne, une activité volcanique qui pourrait éventuellement produire suffisamment d’énergie thermique, pour une remontée d’eau à forte concentration en gaz, ce qui pourrait entraîner la formation de bulles, et enfin une grande quantité de gaz, qui pourrait être injectée des eaux profondes du lac.

Denis Ndanguza Rusatsi, Professeur associé en Mathématiques appliquées au Collège des sciences et technologies (CST) de l’université du Rwanda et co-auteur de cette étude, affirme que le défi majeur consiste jusqu’ici à adopter une approche efficace et durable d’extraction du méthane, et susceptible de maximiser la récupération d’énergie tout en maintenant la stabilité du lac.
« La mise en place des systèmes d’extraction durable et efficace du gaz et la gestion des ressources en eau devient un enjeu crucial pour pérenniser ces efforts d’extraction », affirme-t-il à Mongabay.

Exigences dans l’exploitation
Les estimations des chercheurs montrent que les eaux du lac Kivu contiennent d’importantes quantités de gaz méthane qui restent dissous sous l’effet de la pression des eaux. Ce gaz provient vraisemblablement de la décomposition de matières organiques à l’abri de l’oxygène.
En effet, l’étude examine des dégâts provenant des systèmes d’extraction, ainsi que d’autres approches conjointe, pour maintenir la stabilité des eaux du lac dans ce processus.
Si le nouveau schéma directeur mise sur la prévention des risques écologiques liés au gaz méthane dans le lac, les chercheurs affirment dans cette étude, que les entreprises sollicitées par les gouvernements du Rwanda et de la RD Congo pour l’extraction du gaz, doivent répondre à certaines exigences spécifiques en matière de gestion.
La première exigence est de protéger les communautés locales contre toute éventuelle fuite des gaz des eaux profondes, maintenir la stratification du lac et enfin maximiser l’exploitation du gaz méthane, tout en minimisant les fuites dans l’atmosphère et dans les eaux de surface.
L’Office rwandais de protection de l’environnement, estime dans un rapport en date de juin 2024, que l’exploitation du gaz méthane du lac Kivu, a contribué de manière significative à la réduction des risques de gaz, tout en générant une quantité importante d’énergie, au bénéfice de la population.
Si les responsables de l’Office rwandais des ressources en eau soulignent l’importance stratégique de la pêche artisanale, ainsi que d’autres activités économiques maritimes pour les communautés riveraines du lac, la nouvelle stratégie veut prévenir progressivement et de manière adéquate les gaz dissous dans les eaux profondes.
Image de bannière : Le Lac Kivu du côté du Rwanda. Image de Ericnkurunziza via Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0).
Citation :
Ndanguza, D., et al. (2025). “Mathematical Modeling of Methane Gas Extraction from Lake Kivu.” Rwanda Journal of Engineering, Science, Technology and Environment, no. 1, African Journals Online (AJOL). doi:10.4314/rjeste.v7i1.10.
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