- Le procès de trois présumés trafiquants d’or de nationalité chinoise, arrêtés début janvier en possession d’une dizaine de lingots d’or, s’est ouvert le 13 janvier 2025 dans la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo.
- Ils sont accusés d’achat et de détention illicites de substance minérales, de blanchiment de capitaux, ou encore de séjour irrégulier en RDC.
- La société civile locale dénonce, au-delà de ces arrestations, le pillage à ciel ouvert des ressources de la région par des opérateurs étrangers, avec la complicité de certaines hautes personnalités du pays.
Le procès de trois ressortissants chinois, accusés d’exploitation illicite de minerais dans la province du Sud-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), s’est ouvert le 13 janvier 2025 au Tribunal de grande instance de Bukavu. Ils sont accusés de séjour irrégulier en RDC, d’achat et de détention illicites de substances minérales, d’entrave à la transparence et à la traçabilité des minerais, de fraude et pillage des ressources minières, et de blanchiment de capitaux, a appris Mongabay auprès d’une source gouvernementale locale.
L’ouverture de cette procédure judiciaire fait suite, à un communiqué publié le 10 janvier 2025, par le cabinet du ministre de la Justice congolais, instruisant le Procureur général près de la Cour d’appel du Sud-Kivu, de « procéder aux poursuites en procédure de flagrance » contre les sujets chinois ainsi que leurs complices congolais, parmi lesquels des militaires.
Ces présumés trafiquants d’or ont été appréhendés, le 4 janvier 2025, par les services de sécurité de la province du Sud-Kivu, en possession de 10 lingots d’or et d’une importante somme d’argent en devise étrangère, soit 400 000 USD. Ces minerais ont été consignés auprès d’une structure du ministère des Mines, le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales précieuses et semi-précieuses (CEEC), tandis que la somme d’argent a été reversée à la Banque centrale du Congo, d’après une déclaration du gouvernement provincial du Sud-Kivu, le 10 janvier 2025.
Cette opération, suivie par la traduction en justice des présumés trafiquants chinois, est saluée par la société civile locale, qui n’a pas cessé de dénoncer le pillage à ciel ouvert des ressources minérales de la province. Au-delà de la procédure judiciaire en cours, les organisations, membres du Groupe de travail thématique Mines et hydrocarbures de la société civile du Sud-Kivu, dénoncent l’implication de hautes personnalités de la République, dans la chaine d’exploitation illicite et illégale des minerais de la province, indexant au passage des membres des familles de hautes personnalités du pays au sommet de l’État, des députés, des chefs traditionnels, etc.
Interrogé, le porte-parole de ce groupe de travail, Blaise Bulambo Bubala, laisse entendre que la société civile reste sur sa faim. « Nous demandons aux instances, au niveau national, qu’on puisse arrêter tous ceux qui sont impliqués, d’une manière ou d’une autre ; qu’on puisse déchoir les députés qui usent de leur influence, car on a découvert qu’ils sont nombreux, ainsi que d’autres acteurs politiques, des dignitaires au niveau du gouvernement, au niveau de la famille présidentielle…, qu’ils soient déférés au niveau des instances judiciaires », a-t-il dit à Mongabay au téléphone.
L’appel de la société civile résulte en effet d’une récente controverse, suscitée par une autre opération similaire menée, en décembre 2024, au Sud-Kivu, par le gouvernement provincial. Celle-ci avait préalablement permis d’interpeler 14 opérateurs chinois, également accusés d’exploitation minière illégale. Quelques jours après, ils seront exfiltrés du pays et renvoyés en Chine, avec l’aide des services de sécurité, « sans préalablement requérir l’avis de l’autorité provinciale qui les avait fait arrêter », déplore le porte-parole du gouvernement provincial, Me Didier Kabi Luganywa Bashizi, dans sa communication du 10 janvier dernier.
Il importe de rappeler, que pour les trois Chinois devant la justice actuellement, la législation congolaise a prévu, pour les cas de vol et de recel des substances minérales, des peines d’emprisonnement allant d’un mois à deux ans, assorties d’amendes financières comprises entre 5000 et 20 000 USD.
En RDC, la loi n’autorise pas les ressortissants étrangers à opérer dans l’exploitation minière artisanale, réservée exclusivement aux locaux, à travers la création de coopératives minières. Au Sud-Kivu, cependant, ce sont les exploitants chinois qui dictent la loi, au grand dam du gouvernement provincial. Celui-ci révèle que la province compte plus de 400 sociétés minières, appartenant, en grande partie, à des Chinois et qui opèrent, pour la plupart, dans l’illégalité, sans agrément.
Image de bannière : Site d’exploitation aurifère à Tamiougou, juste au sud de Kongoussi, au Burkina Faso. Image d’Ollivier Girard pour le Centre de recherche forestière internationale (CIFOR) via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0 ).
RDC : Des attaques contre les chinois de l’industrie extractive
FEEDBACK : Utilisez ce formulaire pour envoyer un message à l’éditeur de cet article. Si vous souhaitez publier un commentaire public, vous pouvez le faire au bas de la page.