- En mars 2021, le géant pétrolier français TotalEnergies a annoncé la plantation d'une forêt de 40 000 hectares en République du Congo qui permettra de séquestrer 500 000 tonnes de carbone par an.
- Le projet s'inscrit dans le contexte d'un renouvellement de la pression sur les gouvernements et les multinationales afin d'atteindre leurs objectifs d'émissions carbone, notamment à l'aide de crédits carbone, ou compensations.
- Mais les militants affirment que ce que TotalEnergies appelle une « forêt » est en fait une plantation commerciale d'acacias qui produira du bois à usage commercial, et qu'on en sait peu sur qui en tirera profit ou qui perdra accès à la terre.
Après des résultats décevants sur les vingt dernières années, le marché des crédits carbone revient à la mode. Aussi connus sous le nom de « compensations », les crédits carbone reviennent sur le devant de la scène avec les grandes entreprises et les gouvernements qui cherchent à atteindre leurs objectifs pour le climat, ne serait-ce que partiellement, en stockant des crédits carbone ailleurs. Lors de la COP26 de Glasgow en novembre dernier, les pays ont adopté de nouvelles règles pour un marché international du carbone qui, selon certains analystes, pourrait représenter jusqu’à 180 milliards USD d’ici 2030. Même les géants du pétrole et du gaz s’intéressent à la question et prennent des engagements d’émissions « net zéro » qui incluraient le développement ou l’achat de compensations. Mais à quoi ressemble une compagnie pétrolière soucieuse de l’environnement ?
TotalEnergies affirme détenir au moins une partie de la réponse.
En mars dernier, le groupe français, mieux connu sous le nom de Total avant son changement de nom l’année dernière, a annoncé un programme de création d’une plantation d’acacias de 40 000 hectares dans les savanes reculées du centre de la République du Congo. Gérée par la toute nouvelle unité de « solutions basées sur la nature » créée par TotalEnergies, cette « forêt » devrait selon le géant du pétrole séquestrer plus de 10 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur les 20 prochaines années. Cependant, les critiques du projet soulignent qu’il est emblématique de tout ce qui va mal dans cette nouvelle ruée vers les crédits carbone générés dans les pays en voie de développement.
« Ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que si ce modèle se reproduit, il représente d’énormes risques pour la sécurité alimentaire et pour les moyens de subsistance », souligne Myrto Tilianaki, un militant de la justice climatique de CCFD-Terre Solidaire, une ONG humanitaire catholique française. « On a l’impression que c’est une nouvelle manière de déplacer le problème et de mettre en danger les vies d’innombrables communautés en Afrique et en Amérique latine. »
L’arbre qui cache la forêt
Le projet de TotalEnergies sera planté sur les Plateaux Batéké, une savane de 8,98 millions d’hectares qui s’étire à travers la République du Congo et le Gabon, jusqu’à la République Démocratique du Congo. Secs et balayés par le vent, les plateaux n’abritent aucun des prédateurs emblématiques ou des grands troupeaux d’antilopes, contrairement aux célèbres grandes plaines d’Afrique de l’Est, mais des zones habitées parsèment le paysage, ainsi que quelques troupeaux d’éléphants, de céphalophes et d’autres animaux qui vivent dans ses galeries forestières.
« C’est l’une des régions les moins connues de l’Afrique tropicale et peu de scientifiques ont étudié la diversité de sa végétation ou la manière dont les arbres, les plantes et les animaux qui y vivent coexistent », a déclaré à Mongabay Paula Nieto-Quintano, auteure d’une étude de 2018 sur la biodiversité des plateaux, publiée dans la revue Biotropica.
Le partenaire de TotalEnergies dans son programme de compensation sur les plateaux Batéké est le consultant français en agroforesterie Forêt Ressources Management (FRM), qui apporte son assistance technique et ses conseils aux entreprises d’exploitation agricole et forestière qui opèrent dans le bassin du Congo. Sur le site web de FRM, l’entreprise affirme « participer depuis 20 ans à la mise en place de projets de plantation dans le monde. »
FRM prévoit de planter une espèce d’acacias non indigène, importée du Pacifique Sud, en rangs bien alignés sur 40 000 hectares des plateaux Batéké. Les acacias ont l’avantage de pousser rapidement et d’être efficaces pour séquestrer le carbone. Ils peuvent aussi fournir rapidement du bois utilisable pour la fabrication de divers produits, et c’est ce que FRM et TotalEnergies ont prévu de faire dès qu’ils auront la taille requise pour être abattus.
Dans un article des médias congolais, le fondateur de FRM, Bernard Cassagne, a décrit le projet de TotalEnergies comme participant à « l’industrie du bois de plantation » qui approvisionnera le Congo en bois de sciage et contreplaqué.
Si FRM supervise le projet, l’entité qui détient le bail se nomme Forest Neutral Congo (FNC), une filiale « à part entière » de FRM selon les dires d’un porte-parole de la société à Mongabay. Mais quand nous lui avons demandé plus de détails sur les actionnaires et le conseil d’administration de FNC, il n’a pas souhaité répondre, l’information étant « confidentielle ». Comme beaucoup d’autres aspects du projet, les informations sur ceux qui profiteront de l’abattage et de la vente des acacias restent opaques.
« C’est un exemple typique de ce qu’on voit pour ce type de projet », commente Simon Counsell, ancien directeur de Rainforest Foundation UK, qui a publié une enquête sur le projet des plateaux Batéké sur le site REDD Monitor en avril dernier. « Si vous prenez l’option de la compensation, vous le faites forcément au coût le plus bas possible, ou encore mieux, avec un profit, et il est bien possible que ce soit le cas ici, pour les uns ou les autres. »
FRM a déclaré à Mongabay que l’abattage du bois ne commencera que 20 ans après la plantation des premiers arbres, et qu’ils espèrent récolter à partir de là 160 000 mètres cubes par an de produits dérivés du bois.
Une évaluation environnementale et sociale est en cours pour le projet, a affirmé le porte-parole, et bien que des arbres aient déjà été plantés, il reste « plusieurs mois » de travail.
Interrogés sur l’accord des populations locales sur le projet, FRM affirme que des discussions avec les populations de la région sont en cours depuis plus d’un an et demi. Pressé de fournir plus de détails sur ces consultations, notamment sur le nombre de personnes susceptibles d’être affectées et sur la structure du processus de négociation, le porte-parole a déclaré à Mongabay qu’il était « trop tôt pour en parler car le travail que nous menons (et non le ministère) est en cours et toutes les informations ne sont pas encore disponibles. »
Selon Paula Nieto-Quintano, bien que la région soit peu peuplée, elle est malgré tout habitée. « Aujourd’hui, la savane a une grande valeur pour ses habitants, car elle est une source de subsistance et une part de leur culture », explique-t-elle.
Dans une vidéo publiée sur Facebook en novembre dernier, la ministre de l’Économie forestière de la République du Congo apparaît lors d’une visite sur le site du projet où elle encourage les résidents de la région à être « fiers de votre contribution à la lutte contre les changements climatiques. »
Mais Myrto Tilianaki de CCFD-Terre Solidaire, qui a publié une étude sur le projet après son annonce en mars dernier, nous a déclaré qu’un activiste congolais à qui elle avait parlé lui a confié qu’il y avait eu très peu de dialogue avec la population locale avant que l’accord avec FNC ne soit mis sur le papier.
« Il m’a confirmé la présence de populations autochtones et d’autres habitants vivant dans la région et qui seraient affectés par le projet. Et ce qu’il m’a dit en juillet, c’est qu’il n’y avait eu aucune consultation et que de manière générale, il n’y avait aucune information disponible sur ce projet », affirme-t-elle.
Elle a déclaré à Mongabay que malgré l’ampleur du projet et la notoriété de TotalEnergies, il était quasiment impossible de trouver des informations au-delà de ce qui était publié dans les communiqués de presse.
« J’ai eu beaucoup de mal à trouver des informations qui soient disponibles, la seule chose que j’ai trouvée en ligne, c’est le contrat entre FRM et le gouvernement congolais, et j’y ai d’ailleurs trouvé des différences entre le nombre d’hectares spécifié dans le contrat et le nombre mentionné dans le communique de presse de Total, » dit-elle.
Le manque de transparence de la part de FRM quant à la plantation est aggravé par les difficultés rencontrées par la société civile et par les journalistes en République du Congo, qui se trouve à la 118e place sur 180 pays au classement mondial de la liberté de la presse de Reporters sans Frontières en 2021. Sans recherches ni travail d’investigation sur le terrain, le sentiment des populations locales envers cet énorme projet ou ce qu’on leur dit sur la manière dont il impactera leur vie reste une grande inconnue.
FRM s’est également refusé à fournir des chiffres détaillés sur la compensation carbone, renvoyant Mongabay vers le communiqué de presse de TotalEnergies qui affirme que les acacias séquestreront 500 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. Reste à savoir si ce chiffre tient compte du carbone émis par l’abattage et l’exploitation du bois au bout de 20 ans ou encore si les acacias seront transformés en charbon émetteur de carbone.
FRM et TotalEnergies déclarent qu’ils utiliseront la norme Verified Carbon Standard (VCS) pour contrôler et valider leurs chiffres liés à la séquestration du carbone et pour suivre l’intégrité du projet sur les presque 100 ans de sa durée de vie. L’organisation Verra, responsable du programme VCS, gère un registre très populaire de projets générateurs de crédits carbone.
Un porte-parole de Verra a déclaré que tout projet inscrit dans son registre doit être validé comme étant conforme à ses normes avant l’attribution de tout crédit carbone. Mais il a précisé qu’il est de la responsabilité des développeurs du projet d’engager et de payer des « contrôleurs extérieurs indépendants » en vue de mener à bien cette validation.
Selon Jonathan Crook, agent délégué de Carbon Market Watch, « le processus consiste à fournir au développeur du projet la méthodologie qu’il doit suivre, et celle-ci est ensuite évaluée par un tiers, qui doit être un organisme de vérification et de validation. »
Un autre projet géré par FRM et inscrit au registre de Verra laisse à penser que ces contrôleurs pourraient avoir besoin d’examiner de près les chiffres avancés par la société de conseil. À quelques centaines de kilomètres au sud, la société gère une autre plantation d’acacias qui, selon les documents déposés au registre, doit séquestrer près de 800 000 tonnes de carbone sur plus de 33 ans.
Cette plantation produit et vend du charbon pour les marchés de la capitale, Brazzaville, mais aucun bois de construction ni contreplaqué. Mais le chiffre total du carbone séquestré ne reflète pas les conséquences de la combustion du charbon, qui est donc immédiatement relâché sous forme de carbone dans l’atmosphère.
Le porte-parole de Verra a déclaré qu’aucun des projets de FRM n’avait encore été validé, et qu’il était donc « prématuré de faire une déclaration sur leur effet réel de compensation carbone. »
S’ils devaient être acceptés, les étranges calculs de FRM pourraient bien être nécessaires pour préserver les crédits carbone attendus par TotalEnergies. Une importante caractéristique des plateaux Batéké, qui en fait un choix risqué pour une plantation commerciale d’acacias, est qu’ils sont particulièrement sensibles aux feux de brousse.
« Les feux sont très fréquents dans les Batéké, surtout pendant la saison sèche, » confirme Nieto Quintano.
Semer d’une main et forer de l’autre
Alors que TotalEnergies fait grand cas de sa progression vers la responsabilité environnementale sur les plateaux Batéké, la société s’est engagée dans un projet très différent dans le nord du pays, celui-ci ayant des conséquences beaucoup plus lourdes pour le climat : la recherche de pétrole dans une forêt qui séquestre une énorme quantité de carbone. En 2019, le géant pétrolier a acquis des droits sur deux concessions reculées dans la jungle, notamment le bloc Mokelé-Mbembé, qui empiète sur les tourbières de la Cuvette centrale.
Ces tourbières, seulement reconnues par les scientifiques en 2017, séquestrent l’équivalent de vingt ans d’émissions de combustion d’énergies fossiles par les États-Unis. Pourtant, selon des communications confidentielles consultées par Mongabay, l’entreprise a commencé des reconnaissances aériennes du bloc Mokelé-Mbembé à la fin de l’année dernière, ce qui pourrait être une première étape pour passer de l’exploration à l’exploitation dans cette zone reculée.
Le gouvernement congolais a promis de protéger les tourbières (contre compensation) mais l’année dernière, un officiel du gouvernement a déclaré à Mongabay que le pays serait dans son droit d’extraire du pétrole dans la région si tel était son désir.
« C’est une forêt pluviale de plaine totalement vierge, avec des marécages qui sont inondés quasiment en permanence, et qui repose sur d’énormes dépôts de tourbe. Elles est peuplée de nombreux gorilles et de tribus nomades de pygmées », a déclaré Simon Counsell. « On ne peut imaginer un écosystème plus sensible. »
De retour sur le marché après quelques retouches
Les crédits carbone n’ont pas eu le succès escompté. D’abord créés dans le cadre du protocole de Kyoto en 1997, des initiatives comme le Mécanisme de développement propre de l’ONU ont créé un marché inondé de projets chancelants qui ont le plus souvent fort peu réduit les émissions de carbone et qui ont fini par échouer. Dans certains cas, ces initiatives ont permis à des entreprises de polluer plus dans l’espoir qu’on les paierait pour qu’elles arrêtent.
Mais en raison de l’incapacité mondiale à prendre des mesures fortes et immédiates pour réduire les émissions de carbone, certains sont d’avis que les compensations doivent faire partie de la méthode globale pour lutter contre le changement climatique pendant que l’économie mondiale s’éloigne progressivement du carbone.
« Auparavant, on pensait vraiment que c’était l’un ou l’autre, mais aujourd’hui les deux options sont sur la table », explique Ruben Lubowski du Fonds de défense de l’environnement. « Nous devons décarboner tous les secteurs, et nous devons investir massivement dans des solutions climatiques naturelles et dans la protection et la restauration des forêts, et tout cela est extrêmement urgent et doit être fait immédiatement. »
Les défenseurs du marché du carbone affirment avoir tiré des leçons des dernières décennies, et que désormais ce marché fonctionnera mieux que par le passé. Au lieu de projets fragmentés à petite échelle qui peuvent entraîner ce qu’on appelle des « fuites », quand les activités responsables des émissions sont déplacées d’une région à une autre, les pays adopteront une approche « juridictionnelle » qui, par exemple, sécurisera la protection d’étendues de forêts beaucoup plus vastes qu’auparavant.
Mais bien que les règles décidées par la COP26 établissent un marché réglementé supervisé par l’ONU, d’autres marchés de type « volontaire » établiront leurs propres règles.
Selon Jonathan Crook, de Carbon Market Watch, « si les entreprises s’engagent sur le marché volontaire du carbone sur la base du volontariat, nous aurons le problème d’une absence partielle ou totale de réglementation ou de contrôle de ce qu’elles peuvent effectivement prétendre, ce qui ouvre la voie aux scénarios les plus fantaisistes.
Tandis que les effets du changement climatique se font de plus en plus visibles et que l’anxiété du grand public grandit, les institutions financières et les multinationales veulent montrer qu’elles font partie de la solution. Beaucoup considèrent les crédits carbone comme une solution intéressante et soudainement d’énormes flux financiers se sont déversés dans ce que l’on peut s’attendre à voir devenir un immense marché de liquidités.
Pour répondre aux accusations d’écoblanchiment, certains partisans du marché du carbone affirment qu’ils s’efforcent d’établir des standards internationaux pour les crédits carbone à travers des projets comme la Voluntary Carbon Market Initiative. Des partenariats public-privé comme la Coalition LEAF exigent de leurs membres (dont font partie notamment Amazon et Nestlé) qu’ils établissent un plan de décarbonisation de leurs opérations conformément aux règles de l’initiative Science Based Targets (SBTi). Sans ce plan, ils ne peuvent pas acheter les crédits générés par les partenaires de LEAF.
Mais la SBTi n’a pas encore de plan pour les entreprises du secteur du gaz et du pétrole dont le modèle économique et la survie dépendent de la combustion d’énergies fossiles. Pourtant, bon nombre de ces entreprises, y compris celles qui ont passé des années à faire pression contre les politiques climatiques et à mener des campagnes de désinformation, envisagent maintenant ou ont déjà pris l’engagement d’arriver à la neutralité carbone. Dans certains cas, ces sociétés ont déjà commencé à vanter des barils de pétrole « zéro carbone ». (L’engagement se limite à leurs seules émissions directes et n’inclut pas celles causées par les combustibles fossiles qu’elles vendent à leurs clients, et qui selon elles ne relèvent pas de leur responsabilité.)
Convaincre le public qu’elles font des progrès sur leurs objectifs zéro carbone leur permet aussi d’acquérir des compensations, soit par l’intermédiaire des marchés volontaires, soit en les développant elles-mêmes. C’est parfois sous la forme du financement d’un projet de conservation de l’environnement, parfois en développant leurs propres « solutions basées sur la nature », comme la plantation d’acacias de TotalEnergies sur les plateaux Batéké.
« D’un côté, les entreprises du secteur des énergies fossiles ont d’immenses ressources, et elles se doivent d’investir massivement dans des solutions naturelles pour le climat ainsi que dans leur propre transition », explique Ruben Lubowski. « La planète en a besoin, et c’est une bonne chose. D’un autre côté, il n’existe encore aucun consensus sur ce qui constitue le parcours idéal vers la neutralité carbone pour les entreprises du secteur des énergies fossiles, et sur ce que serait un comportement ambitieux et volontaire de la part de ces entreprises. »
Mais les défenseurs des droits des populations autochtones affirment que la demande croissante de crédits carbone pourrait représenter une importante menace pour les peuples des régions rurales et forestières dans le monde entier. Lors de la COP26, des groupes de défense des droits humains ont fait pression pour que des dispositions relatives au droit au consentement préalable, libre et éclairé soient incluses dans les directives sur la conformité du marché, mais ils ont perdu en faveur d’une clause plus souple sur les procédures de réclamation. Ils affirment aujourd’hui que ce n’était pas qu’une occasion manquée, mais bien une reconnaissance du fait que le financement du budget carbone mondial aura un coût pour certaines populations.
« Nous sommes déjà dans cette logique, nous savons que ces projets vont nuire à des gens mais nous les poursuivons quand même. Et nous le faisons pour l’environnement, alors que nous n’avons aucune preuve qu’ils sont efficaces », souligne Myrto Tilianaki.
Pour les compagnies pétrolières qui cherchent à créer leurs propres projets de compensation, travailler dans des pays comme la République du Congo où elles ont déjà des relations et une connaissance du terrain est une option séduisante, surtout si ces projets sont une source de revenus pour le gouvernement. Mais bon nombre de ces gouvernements sont enclins à enfreindre les droits humains, et les activistes s’inquiètent de voir cette précipitation à revendiquer des progrès vers l’objectif net zéro se transformer en un nouveau vecteur d’accaparement des terres.
Selon Fiore Longo, de Survival International, une ONG de défense des droits des autochtones, « les gros pollueurs prétendent qu’ils peuvent toujours se permettre d’émettre des gaz à effet de serre tant qu’ils compensent la pollution et les destructions en plantant des arbres quelque part ou en « protégeant » une forêt existante ». « C’est ce qu’ils font à travers ce marché des crédits carbone. Ce qu’ils ne vous disent pas, c’est que les terres qu’ils détruisent pour en tirer profit et les terres qu’ils utilisent pour leur compensation ne sont pas vides : ce sont généralement des milieux où la biodiversité est riche, habités par des populations autochtones et d’autres populations locales. »
Pour les projets développés par les compagnies pétrolières et de gaz, la violation des droits autochtones ou bien l’utilisation de chiffres discutables quant à la compensation carbone pourraient être la goutte qui fait déborder le vase. Dans ce cas, les dégâts seront la responsabilité de l’industrie qui a déjà causé le plus de mal dans la crise du climat.
« Total développe ses projets d’extraction de gaz liquéfié dans le monde entier, tout en revendiquant un objectif de neutralité carbone pour 2050. C’est très contradictoire », conclut Myrto Tilianaki.
Image de bannière : une plantation d’acacias en République démocratique du Congo, crédit photo CIFOR.
Citation:
Nieto‐Quintano, P., Mitchard, E. T., Odende, R., Batsa Mouwembe, M. A., Rayden, T., & Ryan, C. M. (2018). The mesic savannas of the Bateke Plateau: Carbon stocks and floristic composition. Biotropica, 50(6), 868-880. doi:10.1111/btp.12606
Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2022/01/at-a-plantation-in-central-africa-big-oil-tries-to-go-net-zero/