- Un ressortissant chinois suspecté de diriger une opération transnationale de trafic d’écailles de pangolin a été arrêté par les autorités nigérianes, d’après Wildlife Justice Commission.
- Cette arrestation fait suite à la saisie, en août 2024, de plus de sept tonnes d’écailles de pangolin, dans un entrepôt dans l’État d’Ogun.
- Si les saisies d’écailles de pangolin ont nettement chuté partout dans le monde, y compris en Chine, Wildlife Justice Commission souhaite que cette affaire se termine par une condamnation en justice avec des peines à la haute de ce crime.
La semaine dernière, l’organisme à but non lucratif néerlandais Wildlife Justice Commission (WJC), a annoncé dans un communiqué de presse, l’arrestation par les autorités nigérianes d’un ressortissant chinois suspecté de diriger une opération transnationale de trafic d’écailles de pangolin.
Cette arrestation fait suite à la saisie, en août 2024, de plus de sept tonnes d’écailles de pangolin, dans un entrepôt dans l’État d’Ogun. WJC a attribué le succès de l’investigation à la collaboration entre son personnel et les enquêteurs du Service des douanes du Nigeria (NCS).
« Il a fallu plus de cinq mois de surveillance continue sur le terrain et de collaboration avec le NCS, afin de le localiser et de faciliter son arrestation », a écrit Olivia Swaak-Goldman, directrice exécutive de WJC, dans un courriel à Mongabay.
Le Nigeria est la plaque tournante du trafic d’animaux sauvages en Afrique de l’Ouest et un point de transit clé vers les marchés de l’Asie de l’Est. L’enquête conjointe de WJC et du NCS s’inscrit dans le cadre d’efforts plus vastes visant à démanteler ce trafic dans le pays. D’après WJC, cette collaboration a permis 37 arrestations, plusieurs saisies d’écailles de pangolin, dont le total d’élève à 21,5 tonnes, ainsi que 12 condamnations, depuis juillet 2021.
« Notre approche comprend un éventail de techniques de renseignement et d’enquête, parmi lesquelles des opérations d’infiltration, la surveillance secrète, l’analyse du renseignement financier et la vérification du train de vie », dit Swaak-Goldman.
On estime que 8,5 millions de pangolins ont été prélevés dans la nature en Afrique occidentale et centrale, pour le commerce illégal, entre 2014 et 2021, explique Maliki Wardjomto, coordinateur pour le compte de TRAFFIC, un organisme de surveillance du commerce des espèces sauvages, qui intervient en soutien aux autorités de la région. « L’intensification des efforts de répression du trafic d’espèces sauvages par le gouvernement, ainsi que les partenariats tels que la collaboration [entre WJC et le NCS] sont d’une importance critique ».
L’arrestation du ressortissant chinois survient alors que les saisies d’écailles de pangolin ont nettement chuté partout dans le monde, y compris en Chine. Si les causes de cette baisse restent incertaines, des tactiques plus efficaces mises en œuvre au Nigeria, compliquent les opérations des groupes criminels, rapporte WJC à Mongabay.
« Il est possible que des cargaisons continuent d’atteindre l’Asie sans être détectées, soit parce qu’elles sont mieux dissimulées, soit parce que les méthodes de contrebande ont évolué. Toutefois, nous savons que les efforts accrus des autorités nigérianes ont considérablement perturbé les réseaux de trafiquants, ce qui a entraîné une modification de la dynamique criminelle », explique Swaak-Goldman.
Une étude récente a attribué la baisse des saisies mondiales à l’approche plus stricte du gouvernement chinois à l’égard de son marché noir national. Plus tôt cette année, la Chine a établi un quota d’une tonne par an, pour l’utilisation d’écailles de pangolin dans la médecine traditionnelle. S’il s’agit d’une réduction drastique par rapport aux 25 tonnes qui avaient été fixées en 2015, certains experts craignent, malgré tout, que ce quota n’alimente le commerce illicite.
« Ce que nous souhaitons, c’est qu’il n’y ait plus du tout de médecine traditionnelle chinoise clandestine utilisant des écailles de pangolin », déclare Olajumoke Morenikeji, présidente régionale pour l’Afrique de l’Ouest du groupe de spécialistes du pangolin à l’UICN, l’autorité mondiale de protection de la vie sauvage.
WJC a annoncé à Mongabay, que les preuves rassemblées lors de son enquête, seront utilisées pour poursuivre l’affaire en justice.
« Nous espérons que ce suspect sera condamné à une peine appropriée conformément à la loi nigériane et nous soutiendrons le NCS dans la préparation des preuves qui démontrent clairement la gravité des crimes commis », a indiqué Swaak-Goldman.
Image de bannière : Un pangolin de Temminck, d’Adam Tusk depuis Flickr (CC BY 2.0).
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Cet article a été publié initialement ici en anglais le 7 avril, 2025.