- La réserve de faune à okapis (RFO), en partenariat avec Okapi Conservation Project, a annoncé avoir capturé un okapi près de Bunia, qui a été ramené à Epulu, dans le territoire de Mambasa en Ituri, au nord de la République démocratique du Congo.
- Une décennie plus tard, un okapi pourrait donc de nouveau être gardé au parc zoologique d’Epulu, situé dans la réserve faunique d’okapi, menacée par la situation sécuritaire volatile, l’exploitation illicite de l’or et le braconnage.
- En 2012, un groupe armé de braconniers a massacré 14 okapis, ambassadeurs de la protection de la faune au sein de la communauté locale sur le site d’Epulu, après avoir incendié les bâtiments de la RFO et tué sept personnes, dont deux éco-gardes.
En février 2025, les éco-gardes de la réserve de faune à okapis, en partenariat avec Okapi Conservation Project, un projet pilote pour la conservation et la protection des okapi dans cette aire protégée, ont réussi à ramener un okapi (Okapia Johnstoni) dans le jardin zoologique d’Epulu. C’est une première depuis plus de dix ans, après qu’une attaque armée a massacré la population entière de 14 okapis, un animal emblématique de la République démocratique du Congo, se trouvant sur ce site à Mambasa.
Inscrit sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), l’okapi, encore en observation par les services de garde de la RFO, pourrait de nouveau errer librement dans le parc d’Epulu où les visiteurs auront peut-être la chance de le revoir une décennie plus tard, si les conditions sécuritaires le garantissent.
« Nous avons accueilli avec grande joie le retour de l’okapi après la tragédie à Epulu », se réjouit Andy Kambale Matuku, coordonateur de l’ONG « Journalistes Amis de la Nature », pour la protection de la faune en Ituri, joint par Mongabay. « Cet animal fait la fierté de Mambasa et si on parle de Mambasa, c’est grâce à cet animal. Et s’il venait à disparaître, notre territoire de Mambasa serait jeté dans les oubliettes », a-t-il déclaré.

À Mambasa, l’okapi est un animal vedette pour ces caractères particuliers, notamment la propreté dont il fait montre, qui font de lui « un symbole de fierté », nous confie Dieudonné Lossa, membre de la communauté locale et coordonnateur provincial du groupe de travail climat REDD+ : « L’okapi est un animal de grande importance culturelle en Ituri, si vous avez la chance de le rencontrer en forêt, c’est que vous êtes chanceux. Il symbolise la propreté et la paix, car c’est un animal non conflictuel et l’avoir dans nos forêts est une fierté », a-t-il expliqué.
Le retour de l’okapi dans cette réserve est placé sous surveillance maximale en raison de la situation sécuritaire précaire dans cette aire protégée menacée par l’activisme des bandes armées, des braconniers et l’exploitation illégale de l’or qui mettent en péril l’habitat naturel de cette espèce.
« Pour le moment, nous ne partageons pas d’informations à propos de l’okapi à Epulu pour la sécurité de l’animal et de notre équipe », a expliqué John Lukas, directeur de la RFO et du projet Okapi Conservation, dans un courriel à Mongabay. « L’animal est en quarantaine et en raison de la situation politique volatile, nous pourrions être contraints de le ramener dans la forêt si la situation, près ou dans Epulu, devient dangereuse pour notre personnel et qu’il doit évacuer. A ce moment-là, personne ne serait en mesure de s’occuper de l’okapi », a poursuivi Lukas.

En 2012, des hommes armés dirigés par un chef milicien braconnier, connu sous le nom de Morgan, ont attaqué le centre de recherche d’Epulu où ils ont tué environ 14 okapis, qui étaient des ambassadeurs de la protection de la forêt d’Ituri. Cette tragédie a conduit à la disparition totale des okapis dans cette réserve à Epulu. Depuis lors, des efforts ont été appuyés notamment par la Wildlife conservation society (WCS) en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), visant à ramener la licorne d’Afrique sur le site touristique d’Epulu.
Pour Matuku, qui déplore que les activités humaines dans l’aire protégée, notamment le commerce illégal du bois, puissent avoir un impact négatif sur les okapis et leur habitat naturel, la tragédie d’Epulu ne doit plus se répéter : « Je rappelle que c’est un conflit armé qui a amené au massacre des okapi au zoo. Aujourd’hui encore, quelques bandes armées circulent dans la réserve de faune à okapis. J’espère que les autorités vont multiplier les efforts, pour que ce qui est arrivé il y a 13 ans, ne puisse plus arriver afin que cet animal puisse être gardé pour les générations futures ».
Dans la forêt de l’Ituri, la sécurité de cette espèce, surnommée « la girafe des forêts », semble difficile à assurer en raison des groupes rebelles, comme celui des Forces Démocratiques alliées (ADF), un groupe armé islamiste ougandais, qui sévit dans ce sanctuaire des okapis, selon les responsables de la RFO qui l’ont confié à RFI et à DeskNature, un média local de la RDC. Cette instabilité a contribué à la diminution continue de cet animal, expliquent les spécialistes. D’après les estimations, la population d’okapis dans la réserve de faune à okapis serait autour de 5,000 alors que le dernier recensement de cet animal remonte à une dizaine d’années.
Image de bannière : Un Okapi au zoo du Bronx aux Etats-Unis. Image de Ryan Schwark via Wikimédia Commons.