- Le Ministre de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires, Moussa Balla Fofana, a annoncé la fermeture et la réhabilitation de Mbeubeuss, la plus grande décharge de déchets de Dakar.
- Selon le Ministre, l’objectif de ce projet de réhabilitation serait de transformer cette zone en un espace écologique complet, intégrant un lac, une verdure luxuriante et des infrastructures sociales.
- Les travaux initiaux couvriront 40 hectares de la décharge pour un coût estimé à 26 milliards de FCFA. Cette première étape inclura l’installation d’un centre de tri intégré.
- Le ministre a annoncé que cette phase initiale sera achevée dans un délai de 14 mois.
La décharge Mbeubeuss, l’une des plus grandes décharges à ciel ouvert de l’Afrique de l’Ouest, sera bientôt transformée en un espace de vie durable et agréable, a annoncé le ministre Sénégalais Moussa Balla Fofana, le 6 mars 2025.
« La décharge de Mbeubeuss sera bientôt reléguée au rang de souvenir, et nous sommes fiers de contribuer à cette transformation historique », a écrit le ministre de l’Urbanisme, des collectivités territoriales et de l’aménagement des territoires sur le réseau social Facebook.
Localisée dans le département de Pikine, précisément à 27 km de la ville de Dakar, la décharge de Mbeubeuss est située à cheval entre les communes d’Arrondissement de Malika et de Keur Massar. Étendue sur une superficie de 175 hectares dans la grande dépression du lac asséché de Mbeubeuss, recevant annuellement en moyenne 475 000 tonnes de déchets solides en provenance de la région de Dakar, la décharge de Mbeubeuss demeurait le seul site de déversement autorisé jusqu’à une époque récente.
Le terrassement des déchets et l’absence d’un système de traitement des déchets sont à l’origine de la dégradation du cadre de vie et des potentialités du milieu, selon un rapport du ministre de l’urbanisme, du logement et de l’hygiène publique. Le rapport liste parmi les conséquences la colonisation de nouvelles terres de cultures et de prairies, l’avancée vers le village de Malika, et l’introduction de contraintes majeures dans l’aménagement urbain de la commune de Malika.

Cette zone est en activité depuis plusieurs décennies, et sa gestion est devenue un enjeu majeur de la politique de gestion des déchets au Sénégal. Sa délocalisation et sa fermeture font partie des priorités du projet PROMOGED, soutenu par des partenaires techniques et financiers comme l’Agence Française de Développement (AFD), l’Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) et la Banque Européenne d’Investissement (BEI).
Les travaux de réhabilitation vont commencer sur 40 hectares de la décharge, représentant un investissement de 26 milliards de FCFA. Cette phase initiale inclut la mise en place d’un centre de tri intégré. La seconde phase des travaux de réhabilitation, qui concerne les 75 hectares restants, a un objectif : l’élimination totale de la décharge de Mbeubeuss et sa transformation en un espace écologique. Les 40 hectares réhabilités de Mbeubeuss devront être transformés en un espace vert complet, doté d’un lac, de zones et de verdure et d’espaces de vie sociale. La première phase sera livrée d’ici 14 mois.
Selon Idrissa Sané, un environnementaliste, la décharge de Mbeubeuss s’inscrit dans le prolongement des lacs inter-côtiers. Autrefois connecté au Lac de Guiers, ce milieu aquatique a été profondément altéré pour devenir une décharge publique. Par conséquent, les répercussions environnementales sont considérables, notamment en termes de pollution des nappes phréatiques et des eaux de surface.

Il souligne également que la décharge émet en permanence des gaz à effet de serre, tels que le méthane et le dioxyde de carbone, qui affectent gravement les zones avoisinantes. En réaction, il y a trois ans, les habitants de Boune et de Keur Massar avaient protesté contre ces émanations nocives. Des déclarations corroborées par Babacar Ngom, un riverain. Une lueur d’espoir semble arriver, avec l’annonce récente par les autorités, de la fermeture et de la réhabilitation du site.
Pour lui, cette initiative représente une avancée significative attendue depuis longtemps. « Cette décharge nous a causé d’immenses problèmes, tant sur le plan environnemental que sanitaire. La plupart des populations locales souffrent de divers problèmes de santé », affirme-t-il.
L’optimisme est également partagé par Dieynaba Diop, habitante de Keur Massar, qui se réjouit à l’idée d’un avenir meilleur : « Nos enfants pourront enfin évoluer dans un environnement sain, favorable tant à leur santé qu’à leur éducation. Nous avons hâte de voir ce projet écologique se concrétiser ».
Pour Idrissa Sané, cette restructuration arrive à point nommé. Elle permettra à des milliers d’habitants de vivre dans un environnement moins exposé aux gaz toxiques et réduira l’incidence des maladies associées, selon lui. L’environnementaliste ajoute que cette initiative contribuera à diminuer la pollution tout en redonnant à la zone sa vocation initiale. Il rappelle que les abords de la décharge abritaient autrefois une végétation spécifique composée de cocotiers et, dans une moindre mesure, de palmiers.
Idrissa Sané estime que Dakar, suffocante sous les pressions urbaines, a un besoin urgent d’espaces verts tels que ceux qui seront aménagés sur le site de Mbeubeuss, offrant ainsi un « bol d’oxygène » bienvenu à la capitale.
La commune de Bambilor abritera la nouvelle décharge
Le ministre Moussa Balla Fofana a également présenté un projet prévu à Bambilor, où un futur centre d’incinération et de valorisation des déchets (CIVD) verra le jour. Bambilor, une commune créée en 2014, est située dans le département de Rufisque, à 25 km de Dakar et à 5 km du Lac Rose, un lieu très prisé des touristes. Cette localité joue un rôle important comme fournisseur agricole pour la région de Dakar.
Intégré dans le nouveau schéma de gestion des déchets de la capitale, le projet ambitionne, selon le ministre, de transformer cette commune en un véritable pôle économique grâce à la création d’emplois et à la mise en place de filières de valorisation des déchets.
Cependant, la perspective d’une nouvelle décharge dans la région a provoqué des tensions et contestations locales, illustrées par l’expression anglaise bien connue « Not In My Backyard » (pas dans ma cour), ce qui signifie que les habitants ne souhaitent pas l’installation d’une décharge à proximité de chez eux.
Toutefois, l’environnementaliste Idrissa Sané se veut rassurant : il est prévu une restructuration du site pour minimiser les émanations de fumée, avec un aménagement visant à mieux intégrer la décharge dans le paysage urbain. Par ailleurs, des sites situés en dehors de Dakar accueilleront une partie supplémentaire des déchets afin de réduire la pression sur la capitale.
Image de bannière : La décharge de Mbeubeuss, dans la commune de Keur Massar, est un dépotoir d’ordures de toutes sortes. Image de Ndiémé Faye pour Mongabay.
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