- Le dernier rapport de la société IQAir place le Tchad au premier rang mondial des pays les plus pollués, faisant de N’Djamena la seule ville africaine figurant parmi les plus touchées.
- Cette pollution constitue un enjeu sanitaire majeur, avec des répercussions directes sur la vie des habitants, notamment par l’augmentation des maladies respiratoires.
- Des experts en santé alertent sur cette situation, et demandent des mesures concrètes pour lutter contre ce fléau.
Selon le rapport 2024 de IQAir, une société suisse qui surveille la qualité de l’air à l’échelle mondiale, publié le 11 mars 2025, la ville de N’Djamena enregistre la plus forte pollution de l’air au monde.
La concentration moyenne annuelle de particules fines (89,7 microgrammes par mètre cube), dans cette ville, est 18 fois plus supérieur à la normale fixée (5 microgrammes), par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Autrement dit, respirer l’air à N’Djamena avec cette concentration de particules, c’est comme si les habitants sont sous oxygène en permanence des pots d’échappement des véhicules.
Ce classement place le Tchad en tête des pays les plus pollués, et N’Djamena parmi les villes les plus touchées au monde, avec des conséquences sanitaires majeures, notamment l’augmentation des maladies respiratoires.
Mariam Hassan, mère de deux enfants vivant au quartier Dembé à N’Djamena, témoigne de l’impact direct de la pollution. Son fils de 7 ans atteint de pneumonie sévère, peine à respirer et ne peut jouer à l’air libre. « Au début, je pensais à une simple grippe, jusqu’au jour où il a craché du sang en toussant. C’est là que je l’ai amené à l’hôpital et le médecin a dit qu’il s’agissait de la pneumonie », dit-elle.
Adeline Remadji, 27 ans, vit à Boutalbagar, un quartier périphérique de N’Djamena. Asthmatique depuis l’adolescence, pâtit également de cette situation : « Ma maladie s’aggrave avec la pollution. J’évite les espaces clos, la fumée et ne sors pas en période de forte pollution ».

Dr Ahmet Abdoulaye, pneumologue, interrogé dans son cabinet à l’hôpital général de N’Djamena, constate, depuis janvier 2025, une recrudescence des maladies respiratoires. « Chaque année, en janvier, nous recevons de nombreux patients souffrant d’asthme, de bronchites chroniques et d’infections pulmonaires. La pollution est un facteur déclencheur majeur », affirme-t-il.
Il souligne que l’inhalation constante de particules fines endommage progressivement les voies respiratoires et peut entraîner des maladies graves tels l’asthme, la pneumopathie chronique obstructive, la tuberculose, ainsi que le cancer du poumon.
Il recommande aux personnes âgées de limiter leurs déplacements et d’adopter le port de masque. Le pneumologue indique par ailleurs que le sport est bénéfique pour la santé, mais qu’en cas de pollution, l’idéal serait de le pratiquer chez soi.
N’Djamena, la capitale du Tchad, est confrontée à une pollution atmosphérique pour le moins préoccupante. IQAir préconise d’une part d’éviter les activités en plein air, lors des pics de pollution. D’autre part, d’opter pour des alternatives écologiques comme les poêles sans bois, les transports en commun ou le vélo.
Pour Dr Abdoulaye, le manque d’information sur la qualité de l’air constitue aussi un problème : « Il faut que les agents météorologiques nous informent en temps réel, afin que la population et les médecins puissent prendre leurs précautions », dit-il.

Interrogé lors d’une séance de salubrité organisée le 22 mars 2025 à la Primature, Olivier Béré, coordonnateur de Green Team Tchad, une association qui s’active dans la collecte des déchets, la sensibilisation et le reboisement, souligne que la pollution est principalement causée par les déchets ménagers.
D’après lui, contrairement aux pays industrialisés, la pollution au Tchad provient surtout de la mauvaise gestion des ordures. « Mais l’autre préoccupation, est que brûler tous les déchets de N’Djamena ferait encore plus de victimes que la pollution ambiante », dit-il. Il appelle les autorités communales de N’Djamena à créer des centres de traitement des déchets, pour éviter leur incinération anarchique.
Une prise de conscience collective et des mesures concrètes du gouvernement sont essentielles pour limiter les effets de la pollution sur la santé des habitants et améliorer la qualité de l’air à N’Djamena.
Image de bannière : Des déchets plastiques devant les concessions du quartier Dembé à N’Djamena. Image d’Inès Tamaltan pour Mongabay.
La pollution plastique, un fléau aux tentacules affectant toute la planète