- La demande de la viande des chimpanzés et gorilles dans les deux grandes villes du Cameroun Douala et Yaoundé est en hausse ces derniers jours selon le patriarche Martin Boué du Canton Ndog hem Nord.
- De part la culture des communautés situées au tour de la forêt d’Ebo au Cameroun, qui autorisait dans le temps à un chef coutumier de tuer un seul chimpanzé pour les fêtes rituelles ou initiations, les animaux vivaient tranquillement dans cette forêt et même dans presque tout le pays
- Le braconnage lié notamment à la chasse des signes ou chimpanzés devient aujourd’hui une grande inquiétude des communautés qui vivent autour de la forêt d’Ebo.
Le braconnage intensif représente une menace importante pour la conservation des singes et des gorilles dans la forêt Abo. Selon le patriarche Martin Boué du canton Ndog hem nord, arrondissement de Yingui, la chasse des animaux dans la forêt est devenu monnaie courante et s’inquiète même pour l’avenir de cette forêt et des animaux qui y vivent.
L’échec ou changement de tactiques
En juillet 2020, le Gouvernement camerounais avait annoncé tambour battant la cession de la forêt d’Ebo à deux sociétés pour le coupage d’arbres. La décision, jugée irresponsable par des ONG et des habitants tels que le peuple Banen, elle avait été sérieusement combattue.
Plus d’une année après la décision du Gouvernement camerounais de céder cette forêt est restée lettre morte, ce qui est une réussite pour les communautés qui ont lutté pour que cette forêt soit préservée.
Mais le problème est que depuis ces derniers jours, la chasse et le braconnage dans cette forêt d’Abo est devenue monnaie courante et les animaux tels que les chimpanzés sont menacés.
D’après Martin Boué, patriarche des communautés d’Ebo, les singes ; les chimpanzés et les gorilles deviennent très rares. « Le braconnage de nos jours est économique. La pauvreté en est la cause » raconte-t-il.
Certains natifs des villages démunis qui entourent la forêt d’Ebo et des personnes étrangères chassent les singes et les gorilles pour vendre aux « bayam sellam ». Les bayam sellam sont des acheteuses et revendeuses, qui les acheminent à Douala ou à Yaoundé où la demande est croissante.
Dans la capitale économique du Cameroun, les revendeuses de la viande de brousses, s’installent à la tombée de la nuit au carrefour Ndogkotti, aux endroits de stationnement des autobus qui desservent le quartier Bonabéri situé à la rive droite du fleuve Wouri ou dans les marchés de la ville.
Elles vendent la viande boucanée des macaques et des babouins de un à deux ans, à partir de 7500 FCFA et les petits gorilles à partir de 20.000 FCFA.
La viande du gorille est deux fois voire même trois fois plus chère que celle des macaques et babouins dans les marchés créés spécialement pour cette vente.
La jeunesse en action et usage des caméras de surveillance dans la forêt
Pour certains, il y a de l’espoir car même les associations des jeunes deviennent de plus en plus actives dans la protection de la forêt d’Abo. Le travail mené conjointement sur le terrain par les associations et les jeunes des villages de la forêt d’Ebo comme Ebo Forest Projet est remarquable et décourage une petite partie des braconniers. Le Club Des Amis des Gorilles qui fait partie d’Ebo Forest Projet par son président Daniel Fossa ; coordonne les patrouilles d’une partie des jeunes natifs de la quarantaine de villages qui sont dans la forêt Ebo, pour traquer les chasseurs braconniers. Ils mettent des cameras de surveillance dans la forêt par secteur pour surveiller les animaux et aussi identifier les chasseurs braconniers.
Les agents des eaux et forêt, patrouillent aussi dans la forêt Ebo. Dans les carrefours ils contrôlent les autobus, les bagages des passagers ; les grumiers des sociétés forestières implantées à Douala ; à la recherches de la viande de singe et de gorille souvent tués dans la forêt Ebo. D’autres espèces dont la loi interdit la chasse sont aussi recherchées par les patrouilleurs. En plus, ils vérifient tout de même la conformité des papiers des sociétés forestières qui exploitent le bois dans la forêt du Nkam.
Obligation de faire de la forêt Ebo un parc
Les habitants de cette partie du Cameroun veulent non seulement la protection de cette forêt mais aussi sa transformation en en complexe protégé.
En 2008, la forêt Ebo est classée par l’Accord sur la conservation des gorilles et leurs habitats, parmi « les sites prioritaires devant faire l’object d’inventaire ». Le même document classe la forêt Ebo comme un « complexe ».
13 ans plus tard, la forêt Ebo n’a pas été érigée en complexe pour une meilleure conservation des gorilles et des singes ; mais aussi pour l’immense diversité de sa flore et de sa faune en générale.
« Le parc serait beaucoup plus mieux pour la meilleure conservation des singes ; des gorilles et la grande biodiversité de la forêt Ebo. L’absence de parc fait la fierté des braconniers » Gaston Dipita Chef du canton Ndokbiakat.
L’annulation le 6 août 2020 du projet de concession en deux unités forestières d’aménagement (UEF) d’environ 68.385 hectares de la forêt Ebo par le président de la République Paul Biya, a apporté une satisfaction auprès du camp favorable à la protection des essences et de la biodiversité.
La transformation soit en « complexe » comme mentionnée dans l’ « Accord sur la conservation des gorilles et de leurs habitats » de 2008 ou ériger la forêt Ebo en un parc national comme le souhaite sa Gaston Dipita interrogé le 2 septembre 2021 apparaitrait comme la solution pour stopper le braconnage intensif des singes ; chimpanzés et gorilles qui sont en voie de disparition.
La forêt Ebo s’étend sur trois arrondissements : Gambe ; Mbam et Inoubou et Yingui ; reparti dans deux Régions : le Centre et le Littoral pour une superficie de 1.417 kilomètres carrés.