- En mars dernier, les ONG de protection de la nature et les acteurs de la pêche commerciale à la sardine et à l’anchois d’Afrique du Sud, ont conclu un accord à l’amiable, au sujet de l’étendue des fermetures de pêche autour de six grandes colonies de reproduction de manchots du Cap.
- Le manchot du Cap est une espèce en danger critique d’extinction, vivant principalement sur des îles au large de la Namibie et d’Afrique du Sud, et ayant connu une importante chute atteignant 93 %, au cours des 70 dernières années.
- Certains experts espèrent que ce compromis à l’amiable incite d’autres organisations intervenant dans la conservation à emboiter le pas et « à utiliser la loi comme un outil pour défendre les espèces menacées ».
Les ONG de protection de la nature et les acteurs de la pêche commerciale à la sardine et à l’anchois d’Afrique du Sud, ont conclu un accord à l’amiable, concernant l’étendue des fermetures de pêche autour de six grandes colonies de reproduction de manchots du Cap. L’accord, soutenu par le ministre de l’Environnement, a été officialisé par décision de justice le 18 mars.
Les limites de cette nouvelle zone de fermeture de pêche atteignent « le point d’équilibre entre bénéfices pour les manchots et coûts pour le secteur [de la pêche] », a déclaré par téléphone à Mongabay Kate Handley, directrice exécutive de Biodiversity Law Centre, un organisme à but non lucratif basé au Cap, qui représente les groupes de protection de l’environnement.
Toutes les populations de manchot du Cap (Spheniscus demersus), une espèce en danger critique d’extinction, qui vit principalement sur des îles au large de la Namibie et d’Afrique du Sud, ont accusé une chute vertigineuse de 93 %, au cours des 70 dernières années.
En 2022, le ministère de l’Environnement d’Afrique du Sud a imposé des fermetures de pêche provisoires autour de six îles clés où les manchots viennent se reproduire, en vigueur jusqu’à 2023. Les ONG BirdLife South Africa et Southern African Foundation for the Conservation of Coastal Birds (SANCCOB), ont toutefois intenté une action en justice contre le ministère en mars 2024, affirmant que les cantonnements étaient « biologiquement insignifiants » et ne protégeaient pas les réserves de nourriture des oiseaux de la compétition avec la pêche commerciale à la senne d’anchois et de sardines.
En février 2025, la South African Pelagic Fishing Industry Association (SAPFIA) et l’Eastern and Southern Cape Pelagic Association (ESCPA), toutes deux parties prenantes dans cette affaire, ont sollicité une rencontre avec les ONG pour discuter d’un accord. Cette réunion a été suivie de « négociations particulièrement ardues et intenses », selon Handley.
L’accord, officialisé par décision de justice, annule les fermetures temporaires précédentes. Les nouvelles fermetures de pêche seront en vigueur pendant dix ans et feront l’objet d’un examen scientifique au bout de six ans.
Dans un communiqué conjoint envoyé par courriel à Mongabay, SAPFIA et ESCPA annoncent qu’un « compromis a été atteint, se situant à mi-chemin entre les cantonnements provisoires actuellement en vigueur et les zones de fermeture initialement demandées par les requérants dans le cadre de leur action en justice ». « Il est à espérer que cette mesure mette fin aux dialogues intenses qui se poursuivent depuis 2008 concernant ces fermetures, dans un contexte de déclin extrêmement préoccupant de la population de manchots du Cap».
Les ONG ont fait des concessions sur certaines fermetures pour tenir compte des intérêts des pêcheries, mais elles ont également remporté des victoires importantes, affirme Handley.
Par exemple, sur la côte ouest, la fermeture autour de Robben Island a été étendue au-delà des demandes des ONG, tandis qu’au Cap Sud, la fermeture autour de Stony Point englobe quasiment l’intégralité de la zone de nourrissage principale du manchot du Cap. Dans le Cap-Occidental, une fermeture de 20 kilomètres a été définie autour de Bird Island, bien que les activités de pêche y soient limitées, a expliqué Handley. Dans l’ensemble, les ONG sont parvenues à une « bonne représentation régionale de la protection des manchots du Cap », a-t-elle ajouté.
Cette résolution à l’amiable, n’ayant pas donné lieu à une décision judiciaire, ne permet pas d’établir de jurisprudence. Cependant, Handley espère que « cette affaire incitera d’autres organisations de conservation à prendre le relais et à utiliser la loi comme un outil pour défendre les espèces menacées ».
Image de bannière : Un manchot du Cap. Olga Ernst via Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0).
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Cet article a été publié initialement ici en anglais le 21 mars, 2025.