- Une cinquantaine d’hippopotames sont morts, en l’espace de deux semaines, dans le Parc national des Virunga, dans l’Est de la République Démocratique du Congo.
- Des spécialistes craignent un risque de zoonose dans la région, alors que le conflit armé opposant les Forces républicaines et les rebelles du M23 se poursuit dans la région.
- Selon les premières analyses, il s’agit de la maladie d’anthrax ou fièvre charbonneuse, qui présente également un risque potentiel de contamination chez l’humain.
- L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), appelle la population à prendre des précautions pour éviter les risques de propagation de la maladie.
Une maladie d’origine inconnue décime les hippopotames dans le Parc national des Virunga, au Nord-Kivu, dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo (RDC).
L’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), évoque l’hypothèse d’une épizootie qui sévit dans les zones périphériques du parc, dans le secteur du lac Édouard. Dans un communiqué de presse, publié le 8 avril 2025, cette institution redoute la prévalence d’une zoonose et craint une infection générale de la faune sauvage vivant dans cette aire protégée.
« Bien que cette maladie affecte principalement la faune sauvage, elle présente un risque potentiel de transmission à l’homme, ainsi qu’aux animaux domestiques, si des mesures de précaution adéquate ne sont pas respectées », indique le communiqué de l’ICCN.
L’institut n’a pas révélé les types d’animaux infectés, mais des sources locales contactées par Mongabay, disent qu’il s’agit des hippopotames.
« C’est plus de 26 hippopotames qui sont morts dans les eaux de la rivière Ishasha, qui se jette dans le lac Édouard. On ne sait pas dans quelles circonstances ces espèces animales sont décédées. On a donné ordre aux pêcheurs qui exerçaient vers ce niveau de quitter et de ne ni boire ces eaux, ni s’y baigner pour ne pas se faire contaminer », a confié une source dans la région, qui a préféré garder l’anonymat. Celle-ci rapporte que jusqu’à 26 hippopotames ont été retrouvés morts, entre les 6 et 7 avril 2025.

Hypothèse de la maladie d’anthrax ou fièvre charbonneuse
La communauté scientifique congolaise s’est mobilisée pour mener des investigations sur la nature et l’origine de cette épizootie. Eddy Syaluha, vétérinaire à Gorilla Doctors, une ONG réunissant les vétérinaires dans la région des Grands Lacs, évoque l’hypothèse de la maladie d’anthrax ou fièvre charbonneuse, une maladie infectieuse dangereuse causée par des bactéries à Gram positif en forme de bâtonnets. Il a dit à Mongabay au téléphone que le décès des hippopotames remonte au 22 mars 2025.
Il précise que ces décès d’hippopotames sont signalés entre le 22 mars et le 8 avril 2025.
« Ce sont les éco-gardes qui avaient été les premiers à remarquer des décès sporadiques des hippopotames. C’est là que nous avons été alertés et avons remonté jusqu’à découvrir la maladie après des vérifications au microscope », dit Syaluha.

Crainte de propagation de la maladie
Il craint que cette maladie ne puisse se propager à une « vitesse de croisière », et qu’elle affecte l’ensemble de la faune sauvage dans la région et n’épargne pas, non plus, les humains. « Cette maladie, c’est une zoonose. Elle peut frapper les animaux et les hommes. Ma première crainte est que la santé publique sera affectée énormément et on risque d’avoir des pertes en vies humaines. Et, deuxièmement, lorsque le parc perd beaucoup d’animaux, c’est une perte économique en termes de tourisme et en termes d’écologie. La présence des hippopotames joue un grand rôle dans la production des poissons », dit Dr Syaluha.
Il indique que la population des hippopotames avoisinerait 1000 têtes dans le Parc national des Virunga et que cette épidémie, risque de « compromettre les efforts déjà mis en place depuis un bon moment, pour faire ressusciter ces animaux victimes de braconnage ».
Contacté, un haut responsable de la division provinciale de la santé publique en province du Nord-Kivu qui a préféré garder l’anonymat, affirme être au courant de l’information et dit travailler pour une coordination « efficace », face à cette situation.
De son côté, Joel Mbusa, zoologiste basé à Goma dit que cette maladie représente un réel danger sur la biodiversité du Parc national des Virunga.
Celui-ci estime que l’épizootie est l’équivalent de l’épidémie, ajoutant que plusieurs animaux sont attaqués au même moment dans une étendue bien définie.
« Le Parc des Virunga n’est plus totalement contrôlé suite à la situation sécuritaire que nous connaissons. Et cette maladie est un danger de santé publique dans la zone, qui met en péril la biodiversité », dit-il à Mongabay.
L’ICCN encourage d’éviter tout contact avec les animaux malades ou retrouvés morts, de ne pas consommer un animal retrouvé mort ou malade, d’éviter la chasse et la consommation de viande de brousse, de se laver les mains, etc.
Image de bannière : La vie des hippopotames du Parc national des Virunga, au Nord-Kivu est menacée par une maladie d’origine inconnue depuis quelques jours. Image de via Belemimage13 Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0).
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