- Les organisations de la société civile de la République démocratique du Congo demandent la révocation de la licence d’exploitation d’une compagnie minière d’or chinoise. La concession se trouve dans une réserve naturelle où vivent des communautés nomades autochtones.
- La loi sud-africaine exige la publication par les entreprises des engagements sociaux auprès des résidents des zones dans lesquelles elles opèrent. Or, selon les militants, 90 % des mines établies dans le pays ne le font pas.
- En 2012, un grand conglomérat nigérian a obtenu une importante concession pour des développements industriels. L’annonce de l’abandon du projet a révélé que les personnes déplacées n’ont toujours pas, à ce jour, été dédommagées.
- Élément d’Afrique est le bulletin bihebdomadaire de Mongabay qui rassemble de courts articles sur le secteur des matières premières en Afrique.
Les groupes militants appellent à la fermeture d’une mine d’or chinoise dans une réserve en République démocratique du Congo
ITURI, République démocratique du Congo — Les organisations de la société civile ont condamné ce qu’elles estiment être une exploitation illégale d’or dans la Réserve de faune à okapis, en République démocratique du Congo (RDC). Kimia Mining, une entreprise chinoise, opère depuis des années une concession au sein du parc, accordée irrégulièrement par le gouvernement de la RDC. Elles appellent à la révocation immédiate de cette concession afin de protéger la réserve.
Lors d’une conférence de presse tenue le 8 octobre, elles ont accusé Kimia de dégrader le couvert forestier, de polluer les rivières et de compromettre l’habitat forestier de la réserve. Cette dernière, listée au patrimoine mondial en péril par l’UNESCO, occupe quelque 13 700 km² de la forêt tropicale de l’Ituri et abrite 470 espèces d’oiseaux et de mammifères. Trois d’entre elles sont menacées ou en danger critique d’extinction : l’okapi (Okapia johnstoni), le chimpanzé (Pan troglodytes) et l’éléphant de forêt d’Afrique (Loxodonta cyclotis).
Selon Gabriel Nenungo, coordinateur des géologues de l’Ituri, elle est également le foyer des Efe et des Mbuti, des communautés nomades autochtones dont la survie dépend des rivières de la réserve.
« Nous avons observé des dragueurs chinois sur la rivière Aruwimi et on peut voir des fosses à mercure depuis les airs », explique-t-il. « La décoloration de l’eau indique une pollution, et même un possible empoisonnement au mercure. Les routes qui traversent désormais la forêt permettent le passage de nombreux véhicules, dont de gros camions. Les opérations qui ont débuté au bord de la rivière s’étendent maintenant dans la forêt. »
Pour Augustin Mpoyi, principal consultant technique pour l’organisation de la société civile Council for Environmental Defence through Legality and Traceability (CODELT), « les permis accordés au Chinois Kimia Mining enfreignent clairement la loi. Le ministère des Mines a attribué ces permis selon une carte inexacte du registre national des mines, qui a besoin d’une mise à jour urgente afin de prévenir de telles exploitations illégales. »
D’après la coalition d’organisations de la société civile, l’activité minière a attiré des groupes armés qui braconnent les peaux d’okapis et l’ivoire.
L’armée congolaise fournit des services de sécurité à Kimia Mining, malgré les lois lui interdisant toute implication dans les opérations minières.
D’après certaines des organisations, la biodiversité de la réserve peut encore être sauvée si l’exploitation est arrêtée immédiatement. Elles ont appelé le gouvernement à révoquer cette concession illégale.
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D’après les communautés, les mines d’Afrique du Sud ne publient pas leurs engagements sociaux
POSTMASBURG, Afrique du Sud — Des militants affirment que des dizaines de sociétés minières sud-africaines refusent de rendre publics leurs plans sociaux et du travail (SLP) comme exigé par la loi. Sans accès à ces documents, les communautés ont du mal à évaluer les engagements sociaux des compagnies minières ou à leur demander des comptes.
Des SLP publics et à jour sont une condition pour détenir une licence minière en Afrique du Sud. Ces plans doivent préciser comment les entreprises soutiendront la création d’emplois et l’amélioration des équipements dans les villes où elles exploitent des mines. L’organisation à but non lucratif Mining Affected Communities United in Action (MACUA) estime qu’entre 70 % et 90 % d’entre elles ne les publient pas.
Établie en 2011 à 22 km de la ville de Postmasburg (province du Cap-Nord), la mine de Kolomela extrait neuf millions de tonnes métriques de minerai de fer par an. Depuis 2021, Kolomela, détenue par Kumba Iron Ore, la filiale locale du géant minier Anglo American, a repoussé les efforts de MACUA et des résidents pour obtenir une copie des SLP de la mine pour la période 2020-2024.
S’exprimant à l’issue d’une réunion avec la communauté de Postmasburg le 15 octobre, la responsable de l’équipe parajuridique de MACUA, Phyllia Ngoatje, a déclaré : « Depuis deux ans, la mine de Kolomela fonctionne illégalement sans SLP. Cette communauté a une clinique en sous-effectif sans accès régulier à l’eau, des routes en mauvais état et un taux de chômage élevé. »
Dans certains cas, MACUA n’a pu obtenir les SLP des mines qu’après avoir déposé une demande officielle en vertu de la loi sud-africaine sur la liberté d’information. Kolomela a transmis son plan à Mongabay le 17 octobre, soit deux ans après son achèvement. L’entreprise n’a toujours pas délivré de copie à la communauté.
MACUA mène présentement des audits sociaux des mines à travers l’Afrique du Sud. Les résidents des communautés concernées par l’exploitation minière analysent les plans sociaux et du travail et détaillent les projets que les mines ont promis de réaliser, rue par rue, afin que les communautés puissent les évaluer.
Les communautés déplacées par un projet abandonné au Nigeria se voient refuser tout dédommagement
En 2012, le gouvernement de l’État nigérian de Kogi a octroyé 50 000 hectares à un conglomérat dont les activités incluent la production de ciment, d’acier et de sucre et l’exploitation minière. Dix ans plus tard, la société n’a toujours pas versé les dédommagements convenus aux villageois qui ont été déplacés de la zone.
Les résidents ont perdu l’accès à leurs fermes, mais BUA Group a admis le 18 octobre n’avoir jamais payé la communauté pour les terres obtenues. Les législateurs de l’État ayant menacé de lui retirer ses titres, l’entreprise a annoncé qu’elle n’avait plus d’intention d’utiliser la propriété.
« Il y a eu une dégradation considérable de la sécurité dans et autour de la zone ces dernières années, y rendant le lancement de tout projet en tant qu’investisseur pratiquement impossible », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Nous souhaitons toutefois affirmer sans équivoque que si nous avions décidé de poursuivre le projet proposé, BUA aurait été heureux de payer toutes les cotisations et indemnités nécessaires à l’État et aux autres parties prenantes, conformément à nos obligations. »
Les gouvernements des États nigérians ont le pouvoir d’octroyer des terres. Ils exigent généralement des entreprises qui obtiennent des titres de propriété sur de grandes parcelles qu’elles concluent des accords de développement communautaire avec les résidents. Ces accords n’ont cependant pas été négociés pour de nombreux projets à grande échelle.
Selon Ugbaa Kuma, dirigeante d’Angel Support Foundation, un groupe qui aide les communautés affectées par l’exploitation minière à faire valoir leurs droits, beaucoup d’entre elles ignorent que la loi les oblige à conclure un tel accord.
« Le gouvernement est supposé s’assurer que les entreprises prennent leurs responsabilités, mais une fois qu’elles règlent des mains invisibles, elles font ce qu’elles veulent », explique-t-elle en utilisant l’expression locale pour désigner un pot-de-vin.
BUA Group, détenu par le magnat Abdulsamad Rabiu, est le deuxième plus gros producteur de ciment du Nigeria. Le groupe possède également une licence d’exploration minière pour le minerai de fer ailleurs dans l’État de Kogi. En outre, il a récemment annoncé l’acquisition d’environ 70 000 hectares à Kogi et dans l’État voisin, Kwara, pour y établir de grandes plantations de sucre.
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Anna Majavu, Mabel Adorkor Annang, et Ini Ekott ont contribué à la rédaction de cet article.
Image de bannière : Un okapi (Okapia johnstoni). Image de Bernard Dupont depuis Wikimedia Commons (CC BY-SA 2.0).