- Les services de sécurité, en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature et l’ONG Conserv Congo, ont procédé à la saisie de trois lionceaux blancs, après le démantèlement d’un réseau des trafiquants à Lubumbashi, en République démocratique du Congo.
- Six personnes, liées à un réseau de trafic international d’espèces sauvages basé en Afrique centrale et de l’Ouest, ont également été arrêtées. Elles encourent jusqu’à 10 ans de prison, selon la loi congolaise sur la protection des animaux sauvages.
Le jeudi 07 août, sur la route Kasenga à l’Est de la ville de Lubumbashi dans le Haut-katanga, au sud de la République démocratique du Congo (RDC), les services de sécurité, en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) et l’ONG Conserv Congo, ont réussi à sauver trois lionceaux blancs (Panthera leo), originaires de l’Afrique du sud, victimes de trafic, suite à l’arrestation de six suspects de nationalité diverse, parmi lesquels un malien, un congolais de Brazzaville et quatre congolais de la RDC.
« Cette opération est un signal fort. La République Démocratique du Congo ne tolérera pas que son territoire soit une plaque tournante pour la criminalité faunique », a indiqué la direction générale de l’ICCN dans une déclaration sur le réseau social Facebook. « Le trafic de lionceaux est un crime grave, passible de peines de prison et d’amendes significatives. Nous continuerons de renforcer nos actions pour protéger notre patrimoine naturel, essentiel à notre pays et au monde ».
Au départ, avant leur arrivée à Lubumbashi, il y a deux mois, à travers le poste frontalier de Sakania, proche de la Zambie, les lionceaux blancs ont été achetés pour environ 5 000 USD en Afrique du Sud.
Les suspects arrêtés prévoyaient de les vendre, à 50 000 USD, au nommé Mamadou Ndiaye, un trafiquant malien basé à Brazzaville, en République du Congo.
Ce dernier attendait les animaux pour leur transfert au Mali, avant leur expédition probable au Moyen-Orient, indique un rapport préliminaire de Conserv Congo.
« Bien que nous continuons de rassembler des informations, les noms de Mamadou Ndiaye et du réseau Traoré sont de plus en plus liés au trafic transnational organisé d’espèces sauvages. On pense que ces réseaux opèrent dans plusieurs pays africains et qu’ils pourraient avoir des liens avec des entreprises criminelles plus larges, notamment le trafic d’armes et la traite des êtres humains », explique, dans un courriel à Mongabay, Adams Cassinga, président de l’ONG Conserv Congo.
D’après ce même rapport, un malien du nom de Seydou Camara, intercepté lors de l’opération, est le frère de Ndiaye, lié au réseau Traoré, un syndicat criminel qui opère en Afrique centrale et de l’Ouest. Camara était envoyé à Lubumbashi pour vérifier l’état de santé de ces félins avant leur transport à Kinshasa, où ils devaient traverser le fleuve Congo pour Brazzaville.
Alors que l’affaire est actuellement en instruction au parquet de grande instance de Lubumbashi, les suspects encourent jusqu’à 10 ans de prison en vertu de la loi 14/003 sur la conservation de la nature en RDC, rapporte, à Mongabay, un magistrat de cet organe judiciaire. Mais, les services de sécurité continuent de rechercher le nommé Kampampa Dieudonné, un zambien en cavale suspecté d’avoir facilité le transit en Zambie, où un lionceau blanc est décédé.
« La visibilité et la préoccupation du public concernant les lionceaux blancs ont créé une occasion unique de faire pression pour un changement significatif, allant de l’amélioration du contrôle aux frontières et de la coordination de l’application de la loi à la mise en place d’une force opérationnelle nationale contre la criminalité liée aux espèces sauvages », déclare Cassinga.

Espoirs et défis
A peine âgés de trois mois, les trois lionceaux blancs, dont l’espèce est considérée comme « vulnérable » par l’UICN, sont pris en charge au jardin zoologique de Lubumbashi, où ils sont consignés par les autorités judiciaires. « A la réception, tout comme au moment où je vous écris, elles sont en bonne santé. Ce sont des femelles, elles n’ont pas subi de traumatisme », dit Jean Mululwa, Directeur du jardin zoologique de Lubumbashi. « Ils sont bien nourris, comme ils ont encore cet âge, c’est de la viande hachée comme aliment de base. C’est la justice qui va décider de leur destination ».
Au moment de la rédaction de cet article, la direction provinciale de l’ICCN n’a pas répondu à nos questions à propos des mesures prévues pour la garde de ces animaux. Mais, Cassinga a indiqué à Mongabay qu’une demande de transfert sécurisé et de garde provisoire a été déposée au Tribunal de grande instance de Lubumbashi, en raison des préoccupations concernant les conditions actuelles du zoo urbain, où les lionceaux sont hébergés temporairement.
« Le zoo manque des garanties vétérinaires, techniques et éthiques nécessaires pour prendre en charge des animaux aussi sensibles, surtout compte tenu de leur statut de victimes de trafic. Il existe également des risques juridiques et procéduraux associés au maintien des animaux dans une installation non autorisée par l’ICCN », dit Cassinga.
A Lubumbashi, la saisie de ces lionceaux blancs, inscrits à l’annexe II de la CITES, suscite de l’espoir face à la criminalité faunique dans la région, devenue, ces dernières années, un point chaud critique dans le réseau de trafic d’espèces sauvages en Afrique.
Toutefois, Cassinga souligne que des défis persistent dans cette lutte, notamment le manque de financement, la corruption, la sécurité aux frontières et la non application de la loi.
Image de bannière : Deux lionceaux blancs dans leur case au Jardin zoologique de Lubumbashi, en attente de leur transfert à Kinshasa. Images de Jean Mululwa, directeur du zoo urbain de Lubumbashi, avec son aimable autorisation.
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