- Une cour de justice kényane a indiqué que deux des réserves communautaires affiliées à l’organisme de protection de l’environnement Northern Rangelands Trust (NRT) avaient été mises en place illégalement.
- 165 résidents des deux réserves, Biliqo Bulesa et Cherab, ont déposé une pétition en 2021 et les juges ont estimé que les réserves avaient été mises en place sans une participation adéquate du public.
- Cette décision ordonne aux réserves de cesser immédiatement toute opération. Cinquante-trois gardes forestiers communautaires ont également reçu l’interdiction « d’opérer et d’être déployés ».
- NRT, fondée en 2004, soutient 44 réserves communautaires couvrant environ 10 % de la superficie terrestre du Kenya, principalement dans le nord aride.
Une cour de justice kényane a porté un coup à Northern Rangelands Trust (NRT). Un panel de trois juges a indiqué que deux des réserves communautaires affiliées à l’organisme de protection de l’environnement avaient été mises en place illégalement.
Cette décision, rendue par le tribunal pour l’environnement et la terre du comté d’Isiolo, dans l’ancienne province orientale du Kenya, ordonne aux réserves de cesser immédiatement toute opération. Cinquante-trois gardes forestiers communautaires ont également reçu l’interdiction « d’opérer et d’être déployés » dans le sous-comté de Merti où se situent les réserves de Biliqo Bulesa et de Cherab.
La décision est une victoire pour les 165 résidents des deux réserves qui ont déposé une pétition en 2021. Abdirahman Osman, un éleveur et défenseur des droits de l’homme, qui était à l’initiative de la pétition, se dit « heureux » de cette issue.
« Je ne m’oppose pas au concept de conservation, mais la manière dont il est appliqué et sa légitimité ont créé beaucoup de confusion et de doutes », a-t-il dit à Mongabay par téléphone.
NRT, fondée en 2004, soutient 44 réserves communautaires couvrant environ 10 % de la superficie terrestre du Kenya, principalement dans le nord aride. Selon l’organisation, sa mission est de « développer des solutions durables qui profitent directement aux populations, à la terre et à la vie sauvage locales ».
Dans leur décision, les juges ont estimé que les réserves de Biliqo Bulesa et de Cherab, avaient été mises en place sans une participation adéquate du public. Les fonctionnaires du comté d’Isiolo, qui comprend le sous-comté de Merti, ont été décrits comme ayant « violé leurs mandats constitutionnels et statutaires » en négligeant d’enregistrer les terres communautaires avant d’autoriser les réserves à opérer sur celles-ci.
Les habitants d’Isiolo soutenant NRT ont, quant à eux, manifesté contre la décision et exprimé leur intention d’y faire appel.
« Nous sommes déterminés à lutter contre cette décision et à dénoncer les mensonges sur lesquels elle repose », a déclaré Adan Denge, un ancien de Merti.
La formulation très générale de la décision pourrait entraîner des problèmes pour d’autres réserves communautaires associées à NRT et pour un important projet de crédit carbone qu’elle exploite. Dans le cadre du « Northern Kenya Rangelands Carbon Project », les parcours de pâturage du bétail sont gérés par un comité dont l’objectif est de maximiser la repousse de la végétation, générant ainsi des crédits carbone. Environ un cinquième de ces crédits, qui sont achetés par des entreprises comme Netflix, Meta ou NatWest, viennent de la réserve de Biliqo Bulesa.
En 2023, après qu’un rapport du groupe de défense Survival International a accusé le projet de surestimer ses économies de carbone et de violer les droits des autochtones, l’organisme de certification Verra a suspendu l’émission de crédits pour ce projet, avant de revenir sur sa décision.
« La communauté de Biliqo Bulesa a vivement soutenu le projet carbone, et elle n’a jamais formulé de plainte quant à sa participation à [ce projet] » a affirmé Tom Laampala, directeur général de NRT.
Pour Osman, il est cependant prématuré de mettre en place une réserve tant que les terres communautaires n’ont pas été correctement enregistrées et que NRT et la direction des deux réserves, n’ont pas répondu aux inquiétudes des membres de la communauté.
« Si la communauté enregistre ses terres, alors il sera possible de négocier les conditions et la transaction », a-t-il dit à Mongabay. « Mais dans la situation où nous nous trouvons, cela ne fonctionnera pas et constitue davantage une exploitation qu’un avantage pour la communauté».
Cet article a été publié initialement ici en anglais le 31 janvier, 2024.
Image de bannière : Un éleveur samburu dans la réserve communautaire de Sera, affiliée à NRT, dans le nord du Kenya. Image de Ashoka Mukpo pour Mongabay.
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