- Le niébé est l’une des légumineuses à graines les plus cultivées et consommées à travers le monde.
- Il fournit des services environnementaux essentiels et contribue à la diversification des systèmes de production.
- Le niébé joue également un rôle primordial dans l'alimentation et la sécurité alimentaire des populations.
- Cependant, tout comme toutes les cultures, le niébé fait face aussi aux aléas du changement climatique, ce qui nécessite d’adapter les technologies pour sa résilience et sa contribution à la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Des chercheurs en agriculture notamment sur le niébé, des scientifiques en agroécologie, des sélectionneurs et des transformateurs de produits agricoles sont réunis à Cotonou, au Bénin pour échanger sur les technologies du niébé face au climat et la sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Le thème central de cette 7ème Conférence mondiale de recherche sur le niébé (WCRC sigle en anglais), qui se tient cette semaine (23-26 septembre 2024) est : « Technologies du niébé pour améliorer la résilience au climat et la sécurité alimentaire et nutritionnelle ». Elle met en évidence le changement climatique, l’alimentation, la nutrition et la santé en rapport avec le niébé.
Abdoulaye Toko, Directeur adjoint de cabinet au ministère de l’Agriculture de l’élevage et de la pêche du Bénin, a déclaré que la tenue de la conférence, est une opportunité pour aider les pays à « renforcer la contribution du niébé au système agroalimentaire et à la sécurité nutritionnelle dans un contexte où les changements climatiques constituent une réelle menace pour le développement agricole ».
Les participants échangent sur les derniers enseignements et recherches concernant le niébé, une légumineuse à graines, dont la production en Afrique est confrontée aux conséquences des changements climatiques.
« La culture du niébé est soumise à des contraintes biotiques, abiotiques et socioéconomiques, limitant la productivité et la compétitivité de la filière. Il s’agit entre autres de l’accès difficile aux semences de qualité, l’absence de stratégies de diffusion des variétés, sécheresse et pauvreté des sols, fortes attaques des ravageurs et maladies », a dit Angelo Djihinto, Directeur scientifique de la conférence et Directeur de recherche de l’INRAB.
Les participants ont noté que les efforts de la recherche doivent être soutenus, car en Afrique de l’Ouest et au Sahel, l’atteinte de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la réduction de la pauvreté font parties, depuis des décennies, des objectifs prioritaires des différentes politiques publiques et des investissements pour le développement agricole. Cependant, les rendements et la productivité agricole restent encore parmi les plus faibles du monde. L’insécurité alimentaire est toujours prégnante et la pauvreté sévit très fortement surtout en zone rurale.
Dans un tel contexte, les participants, venus du monde entier, dont environ 80 % d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Asie du Sud-Est, ont indiqué que les efforts de la recherche doivent être soutenus. Dr Joyce Mulila Mitti, pathologiste, sélectionneuse de niébé à l’Institut national de recherche de la Zambie, dans son discours inaugural aux travaux intitulé : « Exploiter les opportunités de recherche pour le développement afin de positionner le niébé en vue d’une contribution significative à la réalisation des ODD », a insisté sur la nécessité de l’engagement des chercheurs.
Kenton Dashiell, Directeur général adjoint en charge du partenariat de l’IITA, a appelé à plus de partenariat, face aux enjeux et défis de la filière niébé. « Nous voulons travailler avec la communauté au cours des quatre prochaines années pour promouvoir l’innovation, qui pourra aider les petits exploitants à pouvoir développer leurs productions et faire de belles choses pour les ayants droit », a indiqué Dr Barry Pittendrigh de l’université d’Etat de Michigan.
Des propriétés nutritives et fertilisantes du niébé
Le niébé (Vigna unguiculata), une légumineuse à graines, est une importante denrée de base pour l’alimentation des ménages en Afrique subsaharienne, en particulier dans les régions de savane aride de l’Afrique de l’Ouest.
La graine est riche en protéine, en glucide, en vitamines ainsi qu’en minéraux et complète le régime alimentaire principalement constitué de céréales dans les pays où cette légumineuse est une culture vivrière majeure.
En plus de la graine, les feuilles juvéniles et gousses immatures vertes sont consommées comme légume par les populations. Le niébé fournit aussi un fourrage nutritif important au ruminant, en particulier pendant la saison sèche.
Il joue aussi un rôle prépondérant dans la fertilisation des sols étant pourvoyeur d’azote pour les cultures céréalières, qui lui succèdent dans les systèmes rotations. Il participe à la sauvegarde de la structure du sol, et joue un rôle important contre l’érosion.
« Les feuilles, les gousses et les graines sont utilisées pour l’alimentation humaine. Les fanes servent à nourrir les animaux, la fixation d’azote atmosphérique par les nodules de la culture et l’enfouissement des fanes assurent la fertilisation azotée des sols », indique Djihinto.
Une des plus anciennes légumineuses cultivées en Afrique subsaharienne, le niébé est considéré comme l’une des principales légumineuses en Afrique de l’Ouest et centrale. Il fournit des services environnementaux essentiels et contribue à la diversification des systèmes de production. Il joue également un rôle primordial dans l’alimentation et la sécurité alimentaire des populations, et est caractérisé à la fois par une forte densité énergétique et une forte densité nutritionnelle, du fait de sa richesse en protéines, fibres et micronutriments. La filière niébé génère ainsi de nombreux emplois, que ce soit dans les secteurs de la production, de la distribution, ou de la transformation et de la restauration.
Au Bénin, selon les chercheurs, le niébé joue un rôle important dans la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté. Il représente une importante source de protéine végétale et contribue à la résolution des problèmes de malnutrition aussi bien chez les enfants que chez les adultes. La production annuelle de niébé au Bénin, est estimée à plus de 142 mille tonnes, avec un rendement relativement faible de 960 kg par hectare.
Au Bénin, une enquête réalisée à Cotonou montre que 90 % des personnes interrogées affirment consommer le niébé au moins une fois par semaine. Il entre dans la composition de plusieurs mets et on observe une diversité de produits transformés à base de niébé, qui constituent des sources de revenus substantiels, notamment pour les femmes des centres urbains comme ruraux. C’est pourquoi une foire est organisée en marge de la conférence pour promouvoir les produits à base de niébé.
La recherche scientifique à la rescousse du niébé
« Dans un contexte caractérisé par une population rurale agricole sans cesse croissante et la disponibilité en terre agricole qui s’amenuise sans cesse de génération en génération, au niveau des exploitations et des ménages agricoles, l’augmentation durable de la production agricole pour la satisfaction des besoins alimentaires croissants, passe nécessairement par l’amélioration de la productivité et non pas par le truchement de l’augmentation des emblavures comme observé de nos jours. Pour atteindre cet objectif qui est de produire plus sur une superficie réduite, nos systèmes nationaux et internationaux de recherche agricole ont l’impérieux devoir de favoriser l’innovation par la découverte de nouvelles idées, technologies et méthodes pour renverser la tendance actuelle et rendre durable les systèmes agroalimentaires », déclare Toko.
Le niébé est l’une des plantes les plus attaquées par les bios agresseurs. « Nous avons aussi le faible rendement mais aussi les pertes post-récoltes. Face à ces contraintes, la recherche agricole a développé au Bénin plusieurs variétés améliorées inscrites au catalogue béninois des espèces et variétés végétales. Les alternatives aux pesticides de synthèse, moins polluantes, moins toxiques et moins couteuses ont été développées par la recherche », a affirmé Djihinto.
La conférence, co-organisée par l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), l’Institut de recherche pour le développement (IRD) de France et l’Institut National des recherches agricoles du Bénin (INRAB), avec le soutien de plusieurs partenaires, s’inscrit dans ce registre, en contribuant à mettre à échelle les technologies générées par la recherche en vue d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.
Image de bannière: La conférence est un espace d’échanges dans le domaine de la production, de la transformation, la conservation et la mise en marché du niébé (Vigna unguiculata) face aux défis du changement climatique, de la sécurité alimentaire, de la pauvreté et de la dégradation des ressources naturelles. Image de Sènou Simon Job /IITA-Bénin.
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