- Le 17 juin dernier, des membres du groupement Oldonyokie Ranch au Kenya, ont manifesté contre le Kajiado Rangelands Carbon Project (KRCP), accusant le projet de vouloir récupérer leurs terres.
- Ce projet prévoit de restaurer 1,5 million d’hectares de terrain dans la vallée du Rift.
- Les Masaï, un peuple d’éleveurs semi-nomades, affirment ne pas avoir été consultés au préalable et craignent de ne pas pouvoir faire paître leur troupeau à cause de ce projet.
Des dizaines de membres du groupement Oldonyokie Ranch au Kenya ont manifesté le 17 juin dernier, devant l’antenne départementale du ministère du Développement urbain à Kajiado Ouest, au sud du Kenya.
L’objet de leur mécontentement est le Kajiado Rangelands Carbon Project (KRCP), un projet de restauration des terres porté par les entreprises Carbon Solve et Soils for the Future Africa (SftFA), dans le but de générer des crédits carbones.
Le projet concerne 1,5 million d’hectares de terrain semi-aride dans la vallée du Rift et est encore au cœur des négociations entre les promoteurs et les communautés locales.
Si dans leur communication, Carbon Solve avance travailler avec les populations locales dans une « approche qui renforce les pratiques pastorales traditionnelles », à en croire Samson Saruni Kipish, un des manifestants et membre du groupement Oldonyokie Ranch, la réalité est toute autre. « Nous n’avons pas été impliqués dans le processus d’accord, nous n’avons pas donné notre accord. Et, nous n’en voulons pas ! Avec cet accord, nous allons perdre nos terres ancestrales », dit-il.
![Les Massaïs sont un groupe ethnique nilotique [vallée du Nil] de personnes semi-nomades situées au Kenya et dans le nord de la Tanzanie. Image de Harvey Barrison from Massapequa, NY, USA via Wikimédia Commons (CC BY-SA 2.0).](https://imgs.mongabay.com/wp-content/uploads/sites/26/2025/07/03115625/Photo-Maasai_2012_05_31_2753_7522649346.jpg)
Les membres du groupement Oldonyokie Ranch appartiennent tous à l’ethnie Maasai. Les Maasaï au Kenya, sont un peuple semi-nomade et pastoral, mais aussi un des rares à avoir conservé un mode de vie traditionnel.
Ils tirent leur revenu de l’élevage des bœufs et des chèvres sur des terres semi-arides. L’accès à la terre est donc crucial pour leur mode de vie. Des années de surpâturage et de gestion non durable des terres dans la région, ont petit à petit détruit la végétation, laissant la terre à l’érosion.
À cela, s’ajoute une pluviométrie de plus en plus erratique, due au changement climatique, réduisant ainsi les ressources disponibles pour la population. Dans ce contexte, la question de l’usage des terres est encore plus sensible.
« C’est du colonialisme climatique, clair et simple », a déclaré dans un communiqué, Amos Wemanya, responsable de la campagne à Greenpeace Africa. « Les communautés qui vivent en harmonie avec la nature depuis des générations sont repoussées de leurs terres, de sorte que les pollueurs étrangers peuvent continuer à fonctionner comme d’habitude. La compensation du carbone n’est pas une solution climatique, c’est une distraction dangereuse qui se vend notre avenir ».
Contactés, Carbon Solve et SftFA n’ont pas répondu à notre demande d’interview. Sur leur site, toutefois, Carbon Solve réfute les accusations de Greenpeace et des manifestants, les accusant de faire des fausses déclarations dans le but de nuire.
De leur côté, les membres du groupement Oldonyokie Ranch entendent continuer à manifester jusqu’à obtenir gain de cause.
Image de bannière : Les Maasaï sont un groupe ethnique nilotique [vallée du Nil] de personnes semi-nomades situées au Kenya et dans le nord de la Tanzanie. Image de Harvey Barrison from Massapequa, NY, USA via Wikimédia Commons (CC BY-SA 2.0).
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