- En août 2017, alors que Wayne Lotter rentrait de l’aéroport à Dar es Salaam, il fut embusqué et fusillé par deux hommes qui ont d’abord ouvert la portière de son taxi avant de l’abattre.
- Wayne Lotter, 51 ans, est décédé sur le champ, laissant derrière lui une fondation qu’il a cofondée en 2009 dénommée Pam Foundation qui lutte contre le braconnage et qui aide pas mal de pays africains à faire face au braconnage.
- Pam Foundation est une ONG connue en Tanzanie pour la lutte contre le braconnage et le trafic d’ivoires. Elle aide aussi des pays et d’autres ONG sur le continent africain à lutter contre le braconnage des animaux en général et des éléphants en particulier.
- La condamnation est tombée le 2 décembre 2022 à Dar es Salaam et les peines sont très lourdes. Des peines de mort ont été prononcées à l’encontre d’une dizaine de suspects dont des étrangers.
Après plus de 5 ans de combat juridique musclé, onze suspects ont été condamnés à mort par le tribunal tanzanien. Pams Foundation, l’ONG cofondée par la victime Wayne Lotter en 2009, a annoncé la nouvelle de la condamnation dans un communiqué parvenu à la rédaction de Mongabay quelques heures après.
« Onze personnes ont été condamnées à mort pour le meurtre du principal défenseur de la faune, Wayne Lotter, à la suite d’une audience devant la Haute Cour de Dar es Salaam, en Tanzanie » le 2 décembre 2022, explique le communiqué.
Avant cet assassinat, Wayne Lotter, d’origine britannique, avait reçu des menaces de mort de la part des inconnus, probablement des trafiquants fachés par son implication dans la protection de la nature et surtout les éléphants.
« Avant son assassinat, il avait reçu de nombreuses menaces de mort en lien avec ses initiatives anti-braconnage », rappelle le communiqué rendu public juste après l’annonce du verdict.
Selon la fondation du défunt, l’assassinat de ce dernier il y a cinq ans a envoyé une onde de choc dans le monde entier et a démontré à quel point le commerce illégal de l’ivoire et de la corne de rhinocéros était devenu dangereux pour ceux qui tentaient d’y mettre un terme.
Wayne Lotter, assassiné à l’âge de 51 ans, était cofondateur et codirecteur de la Fondation PAMS, une ONG qui fournit un soutien à la conservation et à la lutte contre le braconnage aux communautés et aux gouvernements en Afrique.
Des tueurs engagés de l’étranger
Selon le communiqué suscité, deux des tueurs sont d’origine burundaise. Il s’agit de Nduwimana Augustin (alias Zebed) et Habonimana Augustin Nyandwi (alias Ogi).
Quant à Pams Foundation, les deux avaient été recrutés comme tueurs à gages.
À l’origine, selon le communiqué, 22 personnes, dont ces deux étrangers, avaient été accusés du meurtre de Wayne, mais quatre ont été acquittés et 11 se sont avérés avoir une main derrière cet assassinat ignoble.
Selon des informations livrées par la fondation, neuf des accusés étaient chargés d’avoir aidé à faciliter l’embuscade. En effet, lors de cet assassinant, le taxi qui transportait la victime avait été bloqué par un autre véhicule avant que les tueurs ne sautent sur la victime et l’abattent en plein jour.
Alors que la peine de mort est obligatoire pour le meurtre en Tanzanie, aucune exécution n’a eu lieu dans le pays depuis 1995.
Brève biographie
Co-fondateur et co-directeur de la Fondation PAMS, Wayne Lotter était connu en Tanzanie et à travers le monde. Ses actions avaient marqué le monde entier.
Il était Vice-président de la Fédération internationale des Rangers, membre du conseil d’administration de la Fondation Thin Green Line, et membre actif de la Commission mondiale des aires protégées de l’UICN. Il travaillait dans la conservation depuis 1987, d’abord en Afrique australe, et puis en Tanzanie depuis 2007, selon un email envoyé à Mongabay par Krissie Clark qui, elle aussi, a échappé à la mort parce qu’elle était avec la victime dans le taxi le jour de son assassinat.
Lotter était connu en Tanzanie pour sa passion pour la faune et les lieux sauvages. Il était un guerrier de la conservation, un stratège, un pionnier doté d’une détermination et d’un courage résolus.
La juge Edith Mgonya a déclaré au moment de la prononciation du verdict que « la mort [de Wayne] n’a pas seulement affecté sa famille, sa fondation et ses amis, mais aussi la Tanzanie en tant que destination et le monde en général », selon une partie du communiqué parvenu à la rédaction de Mongabay.
Les morts ne sont pas morts
La Fondation PAMS, que Wayne a cofondée en 2009, continue son travail, cinq ans après le désastre.
Elle finance et soutient l’unité d’élite nationale et transnationale d’enquête sur les crimes graves anti-braconnage (NTSCIU) de la Tanzanie (maintenant connue sous le nom de NTAP – le groupe de travail national sur la lutte contre le braconnage), selon le communiqué.
Par ailleurs, ajoute notre source, l’unité dirigée par le gouvernement était « responsable des arrestations des principaux trafiquants d’ivoire », dont la reine d’ivoire, également connue sous le nom de Yang Feng Glan, d’origine chinoise. Plusieurs braconniers d’éléphants s’étaient retrouvés dans le filet suite à l’expertise de NTAP.
Ainsi, depuis 2012, l’unité a arrêté plus de 2,835 braconniers et trafiquants d’ivoire avec un taux de condamnation de 90,5%.
Selon l’email envoyé à Mongabay par Krissie Clark, directrice exécutive et cofondatrice de PAMS, son organisation bien que affectée par la douleur résultant de la mort de Wayne Lotter « poursuivra ses travaux pour lutter contre le trafic illégal d’espèces sauvages, promouvoir la coexistence entre l’homme et la faune, l’éducation environnementale, la protection et la restauration des forêts et des moyens de subsistance durables avec la même créativité, résilience, compassion et dévouement total à la conservation que Wayne avait ».
Krissie Clark était avec Wayne Lotter lorsqu’il a été tué mais Krissie a eu la chance d’avoir survécu. Elle a déclaré qu’elle avait hâte de clore ce triste chapitre et de pouvoir se concentrer pleinement sur l’autonomisation de ceux qui protègent la faune et des lieux sauvages, avec la même intégrité, le même zeste et la même passion que Wayne avait.
Krissie déclare : « Je suis sûr que cela signifie beaucoup pour ses collègues et sa famille qui l’ont soutenu pendant de nombreuses périodes difficiles. Wayne était un guerrier de la conservation doté d’une détermination et d’un courage résolus. Son meurtre et la condamnation des onze accusés rappellent à tous que le braconnage et la criminalité liée aux espèces sauvages sont dévastateurs pour nous tous. Cela détruit non seulement l’extraordinaire patrimoine naturel de la Tanzanie, mais nuit également aux familles et aux communautés. La criminalité liée aux espèces sauvages ne paie pas.’’
Par ailleurs, Krissie Clark a salué le travail de la Division des enquêtes criminelles de la police tanzanienne pour avoir entrepris la longue et difficile enquête de cinq ans, et les services nationaux des poursuites pour leur ténacité dans la poursuite de l’affaire.
« Nous sommes reconnaissants de l’incroyable soutien et du travail acharné de la police et du parquet tanzaniens. Il s’agissait d’une enquête complexe qui a duré de nombreuses années, » dit-elle.
Elle a également félicité le gouvernement tanzanien pour avoir sévi contre les syndicats organisés de trafic d’espèces sauvages et stoppé le pire braconnage d’ivoire à l’intérieur de ses frontières. Elle a déclaré que grâce au travail du NTAP, la Tanzanie avait perdu sa notoriété en tant que point chaud mondial pour le braconnage de l’ivoire. Le gouvernement tanzanien rapporte que les populations d’éléphants s’augmentent en Tanzanie.
Des succès malgré tout !
« Dar es Salaam et Zanzibar ne sont plus des plaques tournantes majeures du trafic d’ivoire et les niveaux de braconnage dans le pays ont considérablement diminué. Cela est en partie dû au travail du gouvernement tanzanien qui prend très au sérieux la criminalité liée aux espèces sauvages. J’aurais aimé que Wayne soit là pour voir les changements pour lesquels il s’est battu si fort. Il aurait été si fier de tout ce que la Tanzanie a accompli », conclut Krissie Clark.
Depuis la mort de Lotter, la Tanzanie appuiyé par National Anti-Poaching Task Force dit avoir détruit 11 organisations ou syndicats des braconniers dans les cinq dernières années. C’est un resultatjamais atteint, selon les organisationsdes activistes. C’est un résultat réalisé grâce aux efforts de la campagne anti braconnage initié par une unité spéciale de lutte contre me braconnage dénommé « National Anti-Poaching Task Force ».
Entre 2016 et 2021, la Tanzanie a en effet arrêté en moyenne 6.668 braconniers par an. Ceci signifie une moyenne de 556 braconniers par mois, selon Ludovic Nduhiye, du Ministère du Tourisme et des Ressources Naturelles de la République Unie de Tanzanie.
La RépuliqueUnie de Tanzanie a aussi saisie et detruit un total de 2355 fusils d’assaut ou de chasse. Ludovic Nyankiye estime que cette saisie est la plus grande saisie de tous les temps.