- Une loi nationale adoptée en Août 2017 a approuvé la création du Parc national de Grébo-Krahn dans le sud-est de la République du Libéria.
- Le parc qui s'étend sur 961 kilomètres carrés (371 miles carrés) abrite 300 chimpanzés verus.
- On compte, à l'état sauvage, environ 35 000 chimpanzés verus (Pan troglodytes verus) menacés d'extinction, dont 7 000 se trouvent en République du Libéria.
Le gouvernement de la République du Libéria a établi un nouveau Parc national en Août 2017 dont l’objectif sera la protection d’une population importante de chimpanzés verus menacés d’extinction (Pan Troglodytes verus) ainsi que d’autres espèces de grands mammifères.
Selon la Foundation Wild Chimpanzee (WCF) basée à Leipzig en Allemagne, le nouveau Parc national de Grébo-Khran dans le sud-est de la République du Libéria, recouvert de forêt tropicale abrite 300 chimpanzés verus. Le 22 Août dernier, au terme de dix années de débats, la République du Libéria a finalement adopté une loi sur la création d’un Parc national dont la superficie est de 961 kilomètres carrés (371 miles carrés); WCF a déclaré que le Président et le Ministre des Affaires Etrangères n’ont plus qu’à signer pour qu’il soit officiellement reconnu Parc national.
Annika Hillers, primatologue à WCF a écrit dans un courriel : “c’est évidemment passionnant de participer à la création d’un nouveau Parc national; c’est la meilleure récompense qui soit, quand on a passé des années à collecter des données et à rechercher le soutien d’acteurs variés.”
Hillers a ajouté : “cependant, ce n’est que le début d’années d’efforts pour WCF, pour les autres organisations de conservation et pour le gouvernement de la République du Libéria.”
Elle a aussi rappelé :”nous devons poursuivre nos efforts maintenant afin que le Parc national de Grébo-Khran soit protégé efficacement et que les communautés locales soient engagées d’une manière adéquate.”
Grébo-Khrahn est au cœur du complexe forestier de Tai-Grébo-Sapo, qui s’étend jusqu’à la Côte d’Ivoire, pays voisin. La végétation dense du parc constitue un habitat vital non seulement pour les chimpanzés mais aussi pour d’autres animaux que l’on retrouve sur la liste de IUCN comme les hippopotames pygmées (Choeropsis liberiensis) et le colobe roux (Piliocolobus badius), tous les deux menacés d’extinction et les éléphants des forêts considérés comme vulnérables (Loxondonta cyclotis).
C’est en 2006 lorsque le gouvernement de la République du Libéria adopta une loi de réforme forestière avec pour objectif la protection des 1.5 millions d’hectares de zones forestières restantes (5 792 miles carrés) que la décision de créer un Parc national fut envisagée. La forêt nationale de Grébo où le nouveau Parc national est situé faisait partie de ce projet. La République du Libéria émergeait d’une guerre civile sanglante de 14 ans ; les groupes de conservation comme Conservation International et WCF tenaient absolument à soutenir l’agence gouvernementale (Forest Developement Authority) afin qu’elle protège ce qui reste de la forêt tropicale Haute-guinéenne en République du Libéria.
On planifie de diviser la forêt pour qu’une partie devienne le Parc national de Grébo-Krahn; mais sa désignation officielle progressait avec lenteur. La croissance économique de la République du Libéria était paralysée par une généralisation de la pauvreté, un niveau faible d’éducation et peu d’opportunités d’emplois. La crise meurtrière du virus Ebola qui tua environ 5 000 libériens n’aida pas.
Le pays manque aussi des infrastructures qui ont contribué à faire de l’Afrique de l’Est une destination touristique privilégiée par les amateurs de safaris.
Hiller a déclaré : “même si l’écosystème de la forêt Haute- guinéenne et sa biodiversité sont absolument uniques dans le monde, il reste un grand pas à franchir avant que des activités telles que l’écotourisme ou les activités de recherche puissent générer un revenu stable pour les communautés locales.”Il est très compliqué de trouver le juste équilibre entre des activités liées à la conservation de la nature et le soutien des communautés locales.”
L’une des raisons est le fait que les Libériens dépendent toujours de la forêt. La viande de brousse reste une source importante de protéine; sa consommation pose une menace sur les mammifères qui vivent dans les forêts comme celle du Parc national de Grébo-Krahn maintenant. L’extraction illégale de l’or et la récolte de fruit du Garcinia (petit-cola)destinée à la fabrication commerciale de “barres à mâcher” dans des zones situées à la frontière du parc menacent son écosystème. Les familles déboisent des zones voisines du parc pour nourrir leurs familles à cause du manque de terres agricoles.
WCF proclame que le gouvernement manque de ressources pour payer des gardes forestiers, dont la mission serait de protéger efficacement le parc. Par conséquent, notre organisation, avec l’aide du gouvernement encourage les communautés locales afin qu’elles apportent leurs soutiens comme elles l’ont fait les années précédant l’officialisation du parc. Des groupes de biosurveillance composés des membres de la communauté aident au recensement des animaux de la forêt et des projets sur “se nourrir différemment” offrent aux locaux des alternatives aux gibiers comme le poulet ou le poisson élevé en ferme. Dans le cadre d’un programme d’éco-surveillance, des représentants locaux travaillent en collaboration avec les forces de l’ordre pour protéger la faune du parc; ils ont aussi pour mission d’établir le dialogue avec les membres de leurs communautés, afin de leur expliquer que l’objectif du parc est de devenir un sanctuaire pour ces animaux.
Hillers a déclaré : “aucun projet de conservation ne réussirait et ne serait durable en Afrique occidentale sans le support et l’engagement actif des communautés locales”.
Ce support communautaire sera d’autant plus important que notre vision future est la protection de la forêt tropicale en Afrique occidentale au-delà du Parc national de Grébo-Krahn.
Mathias Rittgerott, membre de l’ ONG Rainforest Rescue basée en Allemagne a écrit dans un courriel : “nous espérons que ce parc représente le début d’une série de zones de protections actuelles et futures, qui s’étendent de la Côte d’Ivoire à la Guinée et qui recouvrent une immense partie de l’habitat des chimpanzés.”Sans ces zones de protection, les chimpanzés verus seront bientôt à la limite de l’extinction.”
Rescue Rainforest était parmi les organisations qui ont soutenu financièrement l’initiative du Parc national de Grébo-Krahn. Les scientifiques estiment que 35 000 chimpanzés de la sous-espèce verus se trouvent encore en Afrique de l’Ouest dont 7 000 d’entre eux en République du Libéria.
Rittgerott a dit : “les études montrent que les populations de chimpanzés les plus connues vivent en dehors de la zone de protection, c’est à dire sans aucune protection; c’est pourquoi, il est primordial de créer de nouveaux parcs.”
Image de bannière de Sonja Metzger/ prêtée par WCF de la Fondation Wild Chimpanzee
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