Selon une nouvelle étude, publiée dans la revue Oryx, la réintroduction de gorilles captifs dans des zones où ils ont été chassés jusqu’à l’extinction semble fonctionner, ce qui suggère une nouvelle direction possible dans les efforts réalisés pour sauver les grands singes.
Cette étude, conduite par des chercheurs de la fondation Aspinall, a examiné des projets de réintroduction, sur le long terme, au Gabon et dans la République du Congo. De 1996 à 2006, ces projets ont relâché dans la nature 51 gorilles des régions basses de l’ouest, suite à un rigoureux processus de réhabilitation. La plupart d’entre eux avaient été sauvés du commerce illégal de viande de brousse. Les gorilles relâchés sont surveillés attentivement par des chercheurs, qui ont publié, l’année dernière, un article dans la revue International Journal of Primatology rendant compte de la survie après libération, des taux de natalité et de la dispersion.
Femelle relâchée avec bébé. Photo de Tony King
La nouvelle étude vient compléter cet article, appliquant un modèle qui simule la viabilité à long-terme des populations réintroduites. L’étude constate une probabilité de 90 pour cent que les gorilles survivent sur une période de plus de 200 ans. La plus grand menace à laquelle ces derniers font face, outre la chasse et la déforestation, serait, semble-t-il, la déclaration catastrophique d’un virus de type Ebola, qui peut rapidement exterminer plus de 90 pour cent de la population.
Gorille mâle relâché des régions de l’ouest. Photo de Tony King.
Selon les auteurs de l’étude, les résultats représentent un rare espoir pour les gorilles de l’ouest, qui continuent à faire face à une recrudescence de menaces liées à la perte de leur habitat et la chasse commerciale.
« Nous avons vu de nos propres yeux la manière remarquable dont les gorilles relâchés s’adaptent à leur nouvel habitat et nous avons célébré de nombreuses naissances réussies chez des gorilles orphelins qui n’avaient jamais eu la chance de grandir au sein d’une famille de gorille. Mais c’est la première fois que nous élaboré ce type d’étude dans le but de prédire le succès futur des réintroductions », avance Tony King, auteur principal, responsable du programme de conservation et de réintroduction pour la fondation Aspinall. Il poursuit : « les gorilles vivent tout de même encore sur un fragile équilibre. Les petites populations réintroduites sont toujours susceptibles d’être éliminées, en raison de changements aléatoires portant sur un certain nombre de facteurs. Nous planifions de relâcher plus de gorilles sur les deux sites, ce qui augmentera la chance de survie des populations. En réalité, nous n’en sommes qu’au début. »
Groupe relâché avec bébé. Photo de Tony King
Les gorilles des basses régions de l’ouest occupent une grande partie des forêts tropicales dans le bassin du Congo et ses alentours, notamment l’Angola, le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon. Bien que la population présente dans la nature soit estimée à plus de 100 000 individus, les sous-espèces sont néanmoins classées comme « en danger critique » par la liste rouge de l’IUCN.
CITATION: TONY KING , CHRISTELLE CHAMBERLAN et AMOS COURAGE. Assessing reintroduction success in long-lived primates through population viability analysis: western lowland gorillas Gorilla gorilla gorilla in Central Africa. Oryx, doi:10.1017/S0030605312001391