Des chenilles dévorant une plante hôte. Photo de : Tom Corcoran
Dans certaines parties de Madagascar, le braconnage est une menace majeure pour les lémuriens, une espèce en danger. Cependant, un groupe a trouvé une solution innovante à ce problème : remplacer la viande de lémurien par les chrysalides de vers à soie, un produit dérivé de la production de soie.
Le programme « Pupae for Protein » (P4P), qui signifie « Des chrysalides pour protéines », développé par l’organisation malgache des travailleurs de la soie (SEPALI), a pour but de se pencher sur les multiples problèmes que rencontrent les communautés vivant autour de l’aire protégée de Makira dans le nord-est de Madagascar : la pauvreté, la dégradation de l’environnement et le braconnage des lémuriens. Le concept est simple : générer des moyens de subsistance durables à partir de la production de soie utilisant des vers à soie originaires de Madagascar. Vendre le produit dérivé (les chrysalides de vers à soie) comme source de protéines dans des communautés qui ont déjà pour tradition de consommer des insectes. Résultat : les revenus augmentent, moins de forêts sont détruites au profit de l’agriculture sur brûlis et les lémuriens peuvent vivre.
SEPALI explique:
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« Les insectes sont une denrée traditionnelle à Madagascar et sont particulièrement importants dans les communautés rurales en période difficile. Les agriculteurs qui produisent 4 000 cocons (1 kg) peuvent fournir environ 4 kg de protéines à leurs enfants, soit l’équivalent d’un vari roux, une espèce particulièrement en danger, qui était auparavant chassée dans l’aire protégée de Makira d’où les agriculteurs ont été déplacés. Les chrysalides comestibles pourraient fournir des revenus supplémentaires ainsi que de la nourriture. Par exemple, six espèces de chenilles de Saturniidae séchées au soleil vendues dans les marchés de Zambie en 2003 ont rapporté 52$ pour 11,5 kg, générant ainsi plus de bénéfices que d’autres types de produits issus de l’agriculture. »
L’organisation SEPALI travaille actuellement dans une dizaine de communautés. Elle espère introduire bientôt le programme « Pupae for Protein ».