- L'engagement financier des pays industrialisés, sous l'égide de l’ONU, consiste à augmenter de 100 à au moins 300 milliards annuellement d'ici à 2035, leurs prêts et dons aux pays en développement.
- Le changement climatique pourrait entraîner une baisse du PIB mondial de 24 % si des mesures plus énergiques ne sont pas prises.
- La particularité du changement climatique actuel est double, car elle est extrêmement rapide par rapport à ceux qui l’ont précédé.
- Sans mesures d’atténuation et d’adaptation significatives, les pertes économiques prévues pourraient être substantielles.
Deux chercheurs de l’université de Cambridge, au Royaume Uni, ont utilisé les projections de température du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), pour évaluer les impacts économiques de la hausse des températures mondiales sur 174 pays.
L’engagement financier des pays industrialisés, sous l’égide de l’Organisation des Nations unies (ONU), consiste à augmenter de 100 à au moins 300 milliards annuellement d’ici à 2035 leurs prêts et dons aux pays en développement, en vue de soutenir à la fois les stratégies d’atténuation et d’adaptation face aux défis climatiques.
D’après la conclusion des chercheurs, publiée le 24 septembre 2025, dans la revue scientifique PLOS Climat, malgré la mobilisation actuelle des gouvernements et des organismes internationaux dans l’adoption des mesures, pour faire face aux menaces économiques posées par le changement climatique, les pertes prévues dans l’avenir pourraient être substantielles.
Dr Kamiar Mohaddes, Professeur associé en économie politique, à l’université de Cambridge, au Royaume Uni et auteur principal de l’étude, affirme que des mesures urgentes s’avèrent désormais nécessaires pour protéger les économies contre de nouvelles pertes de revenus, compte tenu des records mondiaux de température observés.
Dr Mohadess et son collègue Dr Mehdi Raissi, montrent que le changement climatique pourrait entraîner une baisse du Produit Intérieur Brut (PIB) de 24 % d’ici à 2100, si des mesures plus énergiques ne sont pas prises. « Des investissements proactifs dans les énergies propres, l’agriculture durable et la résilience des infrastructures peuvent réduire considérablement les pertes imminentes », dit Mohadess, à Mongabay.

La Banque africaine de développement (BAD), estime que les pays africains seront gravement touchés par le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes d’ici à 2030, ce qui risque d’affecter la performance économique sur le continent.
La hausse des températures et la modification des régimes pluviométriques devraient réduire les rendements agricoles, en particulier dans les zones tropicales et subtropicales. Cette baisse de productivité pourrait entraîner des pénuries alimentaires et une hausse des prix, avec à la clé une chute considérable du PIB des pays.
Selon la BAD, les régions d’Afrique de l’Ouest et de l’Est pourraient enregistrer une perte d’environ 15 % de leur PIB d’ici à 2050.
À cet effet, les efforts mondiaux en faveur d’un scénario à faibles émissions et à faible réchauffement, tel qu’exprimé dans les objectifs à long terme de l’Accord de Paris, pourraient éviter une grande partie des conséquences macroéconomiques et de développement les plus graves pour le continent.
Toutefois, Dr Mohadess et Dr Raissi déplorent que ces phénomènes météorologiques violents, notamment les tempêtes et les inondations, sont en train de causer des dommages considérables aux infrastructures. « Sur le plan global, les réparations et les perturbations qui en résultent représentent un fardeau financier considérable qui risque de freiner l’activité économique dans un proche avenir », affirme Mohadess.
L’Organisation météorologique mondiale (OMM) estime, dans son rapport de 2024, que la facture du changement climatique s’alourdit pour les pays africains. Elle avertit qu’en l’absence de mesures adéquates, jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (vivant avec moins de 1,90 USD par jour) pourraient être exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique d’ici à 2030. Cette situation fera peser une charge supplémentaire sur les efforts de lutte contre la pauvreté et freinera sensiblement la croissance.
Au cours de 60 dernières années, les données montrent que l’Afrique, en particulier s’est réchauffée plus rapidement que le reste du monde. En 2023, le continent a enduré des vagues de chaleur mortelles, de fortes pluies, des inondations, des cyclones tropicaux et des sécheresses prolongées.

Des pertes économiques substantielles
L’étude de Dr Mohadess et Dr Raissi montre que cette hausse des températures est associée à une incidence accrue des maladies liées à la chaleur et à la propagation des maladies à transmission vectorielle. « Ces risques sanitaires exercent une pression supplémentaire sur les systèmes de santé et entraînent une hausse des dépenses de santé publique », observe Dr Raissi, Chef adjoint de la Division des politiques climatiques et de développement au sein du Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation du Fonds monétaire international (FMI).
Selon ce dernier, tous les pays du monde sont (potentiellement) vulnérables au changement climatique, mais de différemment. « La particularité du changement climatique actuel est double, car elle est extrêmement rapide par rapport à ceux qui l’ont précédé ».
Les experts, sur la base de cette étude, préviennent que, sans mesures d’atténuation et d’adaptation significatives, les pertes économiques prévues pourraient être substantielles. Ils appellent à une action mondiale immédiate pour relever les défis économiques posés par le changement climatique.
Teddy Kaberuka, analyste et expert en intelligence économique basé à Kigali estime que les pays africains ont besoin de calibrer leurs modèles économiques impliquant notamment la mobilisation des investissements massifs dans les technologies bas-carbone.
« L’adaptation [pour le continent africain], reste la clé pour réduire les impacts négatifs du changement climatique, mais elle ne suffira jamais à en prévenir totalement tant que les conséquences face aux chocs économiques et aux crises climatiques ne cessent de se faire sentir », affirme-t-il à Mongabay.
Pour Kaberuka, la plupart des pays en développement surtout en Afrique ont du mal à intégrer le changement climatique dans les processus nationaux de développement et de planification économique. « Nos économies doivent faire en sorte de pouvoir mieux résister aux effets des changements climatiques », dit-il.
Image de bannière : Inondations dans la capitale ougandaise, Kampala, en raison de l’état défectueux de nombreux réseaux d’égouts et de drainage des eaux. Image de Joekyabby1 via Wikimédia Commons (CC BY-SA 4.0).
Citation :
Mohaddes K, Raissi M (2025) Rising temperatures, melting incomes : Country-specific macroeconomic effects of climate scenarios. PLoS Clim 4(9) : e0000621. https://doi.org/10.1371/journal.pclm.0000621
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