- Un nouvel arbre appelé « atui » a été découvert dans la localité d’Ebogo, région du Centre du Cameroun, à une cinquantaine de kilomètres de Yaoundé, la capitale.
- Ce nouvel arbre serait plus grand que le « kosipo », connu comme étant l’un des plus grands du continent africain, avec ses 85 mètres de haut et ses 12 mètres de diamètre.
- Depuis son ouverture récente au grand public, l’ « atui » d’Ebogo a déjà reçu la visite de milliers de touristes. Les populations locales lui attribuent également des pouvoirs mystiques.
Ebogo, une petite localité dans le Centre du Cameroun, regorge d’un patrimoine naturel remarquable. Ce village de plus de 300 habitants, d’après le recensement de 2005, du Bureau central des recensements et des études de population, héberge l’un des plus grands arbres du continent africain, le « kosipo » (Entandrophragma candollei). Haut de 85 mètres avec 12 mètres de diamètre, cet arbre millénaire (entre 1200 et 1800 ans), attire chaque année, des milliers de touristes venus de plusieurs pays du monde, pour admirer ce géant unique des forêts.
Cependant, depuis quelque temps, cet arbre n’est plus la principale attraction touristique de cette localité. Dans les abysses de la forêt d’Ebogo, un nouvel arbre vient d’être découvert. Il serait plus grand que son voisin le « kosipo » en termes de diamètre, et peut-être plus haut, à en croire les guides de cette forêt. « Pour faire le tour du « kosipo », il faut qu’en moyenne huit adultes s’attrapent par les bras tendus. Alors que celui-ci peut prendre une dizaine de personnes », dit Vanel Nkono Owono, guide touristique et pêcheur interviewé au pied de cet arbre.
Dans la langue locale, l’ewondo, les populations l’appellent «atui». Depuis que son existence a été révélée au public par les autorités traditionnelles, cet arbre aurait déjà été visité plusieurs fois par des centres de recherche et des laboratoires. Ceux-ci auraient prélevé ses écorces, entre autres, afin de déterminer son âge et d’autres informations importantes, révèle sa majesté Théodore Owono Ze, chef de troisième degré par intérim de ce village.
Toutefois, son espèce d’appartenance est d’ores et déjà connue. Il s’agit d’un « piptadeniastrum », une espèce de plantes à fleurs dicotylédones de la famille des Fabaceae originaire d’Afrique tropicale. Son bois serait très prisé dans le domaine de la menuiserie et de l’ébénisterie.

Mais, à Ebogo, cet arbre est considéré comme « sacré », en même temps un «dieu», pour reprendre les propos de Nkono Owono, l’un des guides de cette forêt.
C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles il a été découvert, puis caché au public pendant plusieurs années, avant que les anciens du village ne décident de l’ouvrir au public.
En effet, l’«atui» d’Ebogo serait dépositaire de pouvoirs mystiques. Il est capable, d’après Vanel Nkono Owono, d’aider les hommes et les femmes stériles à trouver une solution à leur problème.
De ce fait, bien que son accès soit déjà autorisé aux étrangers, les villageois veillent sur cet arbre comme un gardien sur son trésor et les résultats sont visibles. L’arbre ne possède presque pas d’égratignures sur son tronc, dues à une action humaine. Les villageois veulent lui éviter la situation que son voisin, le kosipo a connu, et qui est en train de conduire à sa mort : prélèvement de ses écorces par les visiteurs, inscription de noms à l’aide d’objets tranchants sur son tronc, etc. De plus, l’espace qui abrite cet arbre est remarquablement propre.
Une découverte pleine de mystères
À Ebogo, l’histoire de la découverte de l’«atui» est racontée aux villageois dès leur bas âge. Les anciens tiennent à cette transmission qui permet, selon eux, de renforcer le caractère sacré et mystique de cet arbre. Encore plus que, cette histoire est teintée de mystères.
En effet, cet arbre aurait été découvert par l’une des épouses de l’ancien chef traditionnel. Ce dernier, aurait eu 22 femmes et l’une d’entre elles, avait des difficultés à concevoir. Submergée par les moqueries de ses coépouses et de son époux qui, insensible, lui mettait sans cesse la pression de lui donner au moins un enfant, cette femme aurait pris la décision de se suicider.
« Comme elle ne pouvait pas le faire dans le village, elle a pris une pirogue, a traversé le fleuve (le Nyong, Ndlr), et a atteint l’autre rive abritant des gorilles et d’autres animaux dangereux. Elle commença à s’enfoncer dans la forêt, en espérant qu’un de ces animaux dangereux tombe sur elle et mette un terme à sa souffrance. Après quelques minutes de marche, elle se serait retrouvée nez à nez avec un gorille et fut prise de peur. Elle réalisa qu’elle n’était pas prête à mourir et changea d’avis à l’instant. Ainsi, elle se mit à courir à grand pas et réussit à semer ce gorille. La nuit tombée, elle décida de se réfugier dans les racines de cet arbre « atui », pour rentrer au village le lendemain », raconte Nkono Owono.

Il ajoute : « Alors qu’elle dormait, elle eut un songe dans lequel cet arbre lui parlait, lui demandant de rentrer au village, son problème est résolu. Le jour levé, son époux constata son absence et il lança directement ses gardes à sa recherche. Ils retrouvèrent la femme, puis la ramenèrent au village. Elle raconta à son mari ce qu’il lui était arrivé, mais celui-ci ne crut pas à cette histoire. Cependant, au cours du même mois, cette femme tomba enceinte et au bout de quatre mois, sa grossesse était visible. Ainsi, tout le monde commença à croire à son histoire et aux pouvoirs de cet arbre ».
À Ebogo, cette histoire est considérée comme sacrée. Les populations y croient dur comme fer. Nkono Owono raconte que cet arbre aurait déjà permis à des centaines de personnes du village et à des étrangers, de recouvrer leur fécondité. Ces étrangers, après une nuit passée au pied de cet arbre, seraient revenus témoigner de son efficacité.
De ce fait, l’«atui» d’Ebogo est surtout perçu dans cette contrée comme un « médicament », une « bénédiction des ancêtres ».
Nkono Owono souligne que « depuis que les touristes ont entendu parler de lui, ils le visitent déjà plus que le «kosipo» ».

Il ajoute que ces touristes, ne restent pas souvent indifférents face à cette histoire. Ainsi, certains le visitent pour la première fois par curiosité. Puis, ils reviennent le visiter pour une thérapie une fois informé de ses vertus.
Mais, pour l’atteindre, il faudrait parcourir une dizaine de kilomètres à pied, si l’on ne dispose pas d’une automobile, et quelques kilomètres en pirogue sur le fleuve Nyong qui coûte environ 45 USD.
Pour la science, la découverte de l’«atui» d’Ebogo est une véritable aubaine pour l’écosystème forestier. Les arbres géants comme lui jouent un rôle majeur dans la régulation du climat, en absorbant le dioxyde de carbone et en produisant de l’oxygène.
En outre, ils fournissent un habitat essentiel pour une grande variété d’espèces animales et végétales, notamment des insectes et des micro-organismes. Il convient également de souligner le rôle clé de ces grands arbres dans le maintien de la structure du sol, la prévention de l’érosion et la filtration des eaux.
Des études approfondies sur cet arbre sont actuellement en cours. En attendant les résultats, l’«atui» d’Ebogo s’est déjà imposé comme un trésor environnemental, écologique et touristique majeur pour cette localité de la région du Centre au Cameroun, dans l’arrondissement de Mengueme, dans le département du Nyong et So’o.
Image de bannière : Le nouvel arbre appelé « atui » découvert dans la localité d’Ebogo, région du Centre du Cameroun. Image de Leonel Balla pour Mongabay.
Au Cameroun, le Kosipo d’Ebogo, l’arbre de 1200 ans en danger
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