- Amplifier la voix des experts pour susciter un éveil et une prise de conscience collective face aux enjeux climatiques.
- Adopter les solutions contre les changements climatiques qui s'appuient sur les réalités sociales, culturelles et régionales.
Des chercheurs, des décideurs et des acteurs du développement durable ont appelé lors d’une conférence à ancrer les solutions concrètes de lutte contre les changements climatiques dans les réalités locales.
Pour la plupart des spécialistes du climat qui participent à cette conférence, la résilience des sociétés africaines passe par des solutions qui intègrent les réalités sociales, culturelles et régionales.
À cette conférence de trois jours qui se tient à l’université d’Abomey-Calavi, au Bénin, les discussions explorent comment des réflexions collectives peuvent transformer les défis climatiques en opportunités pour un avenir durable, tout en amplifiant les voix des experts pour un éveil et une prise de conscience.
Ce 38e colloque de l’Association internationale de climatologie (AIC), est organisé par l’AIC en collaboration avec l’université d’Abomey-Calavi et le gouvernement béninois.
Les articulations de la rencontre portent sur les impacts climatiques dévastateurs dont fait face l’Afrique : sécheresses prolongées, inondations soudaines et érosion côtière menaçant les moyens de subsistance dans de nombreux pays comme le Bénin, où les communautés rurales, souvent les plus vulnérables, doivent naviguer entre ces crises et un accès limité aux ressources.
Pourtant, comme l’a souligné le Professeur Michel Boko, géographe et enseignant-chercheur à l’université d’Abomey-Calavi, ces défis peuvent être un catalyseur pour l’action collective. « Ce colloque vise à réveiller les consciences et inciter les différents acteurs à agir », chacun dans son domaine, pour la protection de l’environnement, la sécurité alimentaire et la résilience, a-t-il déclaré.

Une approche centrée sur les communautés
Les discussions à l’ouverture du colloque ont insisté sur l’importance d’ancrer les solutions dans les réalités locales. Le Professeur Placide Clédjo, Directeur de l’École doctorale pluridisciplinaire à l’université d’Abomey-Calavi, a appelé à une vision globale qui prend en compte les impacts du climat sur les sociétés. « Le temps est venu de nous interroger sur la manière dont ces recherches peuvent contribuer à des mesures d’adaptation face aux changements climatiques dans les pays en développement », a-t-il affirmé, soulignant que ces mesures doivent s’appuyer sur les forces sociales et culturelles locales.
Un exemple concret est celui de Gbobètô, une initiative béninoise qui transforme les déchets agricoles en briquettes combustibles, réduisant ainsi la déforestation tout en créant des opportunités économiques.
De même, Green Keeper Africa utilise la jacinthe d’eau, une plante invasive, pour produire des produits absorbants, offrant une solution écologique et économique. Ces innovations montrent comment les savoirs traditionnels et les pratiques communautaires peuvent répondre aux défis climatiques tout en renforçant l’autonomie locale.

Des solutions adaptées aux réalités régionales
Le Bénin, avec ses zones côtières menacées par l’élévation du niveau de la mer et ses régions rurales confrontées à des pluies imprévisibles, illustre la nécessité d’adapter les stratégies aux contextes régionaux.
Le Professeur Patrick Houessou, vice-recteur de l’université d’Abomey-Calavi, explique que « dans un contexte mondial marqué par l’aggravation des bouleversements climatiques, la recherche académique se révèle plus que jamais indispensable. Ce sont les travaux rigoureux, les analyses approfondies et les réflexions éclairées des chercheurs qui permettent d’identifier des solutions durables adaptées à nos réalités locales africaines et plus largement les défis du sud global ».
Il souligne ainsi, l’importance de la recherche académique dans la lutte contre le changement climatique, particulièrement dans les régions vulnérables comme l’Afrique.
Concrètement, la recherche est vue comme un outil essentiel pour trouver des réponses durables aux crises climatiques, en tenant compte des spécificités régionales.
Les efforts des chercheurs, des politiques et autres acteurs du développement durable, combinés à des recherches menées par des institutions académiques, permettent de territorialiser les politiques climatiques pour qu’elles répondent aux besoins spécifiques des communautés.
Les réflexions issues de cette conférence rappellent que la résilience climatique en Afrique ne repose pas uniquement sur des solutions technologiques, mais sur la capacité des sociétés à s’unir autour de leurs forces culturelles et sociales.
Comme l’a dit le Professeur Clédjo, il s’agit d’amener des réflexions sur les impacts du changement climatique sur les sociétés et sur l’importance d’une vision globale ; de faire une analyse approfondie et multidimensionnelle des conséquences, ainsi qu’une approche intégrée pour y répondre ou encore, de proposer des idées pour une gouvernance mondiale, des politiques locales, ou des initiatives communautaires.
En s’appuyant sur les communautés, en adaptant les solutions aux réalités locales et en favorisant l’inclusion, l’Afrique et le sud global peuvent transformer les défis climatiques en opportunités pour un développement durable et équitable.
Image de bannière : Les inondations de la rivière Murembwe ont transformé le paysage des palmeraies, mettant en lumière l’impact croissant du changement climatique sur les communautés locales. Image de Ntahonsigaye via Wikimédia Commons (Domaine public).
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