- Adrienne Soundele dirige la fondation Soundele Konan, créée en 2003, œuvrant pour la protection et le développement de la faune et la flore dans les forêts des collectivités territoriales et des particuliers.
- Cette fondation à un mandat exclusif pour porter le grand projet national de réhabilitation et de revalorisation écotouristique de l’ensemble des forêts dites sacrées.
- La fondation tire le nom du grand frère d’Adrienne, Soundele Konan, ingénieur du génie rural des eaux et des forêts, ancien président et directeur général de la Sodefor, Société de Développement des forêts.
- Le rêve d’Adrienne Soundele est de sauver l’Afrique et le monde du réchauffement climatique.
La charité bien ordonnée commence par soi-même. Le domicile d’Adrienne Soundélé est un petit espace vert, dans l’un des quartiers de la ville d’Abidjan.
Née à Aboisso, une zone forestière de la région sud-ouest de la Côte d’Ivoire, Adrienne Soundele raconte qu’elle a été très tôt en contact avec la nature. Cette vie a suscité en elle l’amour des forêts et toute jeune Adrienne plante ses propres arbres.
C’est en 2009 que ses activités sur terrain, à la tête de cette fondation, prennent réellement son envol. C’est aussi l’année où elle participe à la création des communes forestière d’Afrique de l’ouest à Ouagadougou.
Cette fondation est l’auteur d’une vaste opération de reboisement à Toumodi, au centre de la Côte d’Ivoire.
Selon Adrienne Soundele, la protection de la biodiversité doit se faire avec délicatesse et humanisme. La conservation exige de se rendre fréquemment sur le terrain pour s’enquérir de l’évolution des plantations et les entretenir. Pour bien mener cette mission, Adrienne Soundélé va suivre différentes formations en la matière avec comme mentors Jean-François Capeille, président de la Fondation AIA, Ballé Pity chercheur en écologie et Jacques Plan expert en reforestation, spécialisé dans la restauration écologique sous les tropiques et président de l’association Silva : arbres, forêts et sociétés.
Adrienne va mener une campagne de sensibilisation en milieu rural sur les dangers de la déforestation tout en commençant par sa région, le Bélier, au centre de la Côte d’Ivoire
Faire la part des choses
Quand elle plante elle ne veut pas qu’on coupe ses arbres, car dit-elle « Je ne suis pas dans l’industrie du bois comme mon frère. »
Adrienne Soundele est consciente que l’industrie de bois est très importante mais qu’il faut bien faire la part des choses.
Et dans cette industrie on doit bien organiser les choses et éviter l’exploitation forestière anarchique. Ce qui fût d’ailleurs le travail colossal de son grand frère Soundélé Konan à son époque.
Pour Adrienne Soundélé, il est indispensable de créer des forêts intouchables. C’est ces forêts qui maintiennent l’humanité.
Pour ce, Adrienne travaille avec des chercheurs pour savoir lequel bois à couper, et lequel à préserver.
Réhabilitation des forêts sacrées, un devoir vital
La Côte-d’Ivoire compte actuellement 6 763 forêts « sacrées », espaces boisés craints et vénérés, qui couvrent une superficie avoisinant les 150 614 hectares. Le projet de réhabilitation de ces forêts a été lancé en 2019 par le ministre des eaux et forêts.
Du fait de la confiance placée en Fondation Soundele Konan par le gouvernement ivoirien, un mandat exclusif lui a été accordé en 2018 pour porter ce grand projet national de réhabilitation et réalisation écotouristique de l’ensemble des forêts sacrées. Lequel projet lui donne l’opportunité de poursuivre ses actions en faveur du reboisement et de la protection de la biodiversité.
En collaboration avec les autorités traditionnelles, elle doit alors exercer une dissuasion psychologique sur la population sur les fonctions multiples remplies par ces forêts ; entre outre, l’approvisionnement en plantes médicinales et alimentaires, la conservation de la faune et de la flore, la création d’un microclimat humide favorable aux activités rurales sur les jachères environnantes et l’hébergement des réunions socioculturelles importantes.
Selon Adrienne Soundele, ces forêts constituent un témoignage vivant pour les générations futures de ce qui est une vraie forêt.
L’amour de l’environnement dans les écoles.
Les enfants de toute la planète devraient grandir tout en sachant l’importance la préservation de la biodiversité. C’est pourquoi Adrienne se bat pour une intégration effective dans les programmes scolaires, d’une discipline portant sur la biodiversité et la nécessité de sa conservation. Notamment les forêts, dont la situation est préoccupante.
Suite aux nombreuses actions menées dans les lycées et collèges, la fondation Soundélé Konan signe en 2013 avec le projet « Une école de 5 hectares de forêt » une convention de partenariat avec le lycée Français Blaise Pascal.
L’année suivante la fondation va poursuivre dans les écoles avec l’implantation des clubs Soundele Konan pour l’environnement notamment au Lycée Américain, Collège Moderne du Plateau et Enko John Wesley Education d’Abidjan.
Quand le travail paye
Un jour, raconte-t-elle à Mongabay dans son bureau , « Une amie qui fait le commerce des légumes m’a demandé pourquoi je me donne tant de mal avec ces activités de la protection de l’environnement, au lieu de chercher un travail qui rapporte de l’agent facilement. Je lui ai dit que c’est ce que je fais-là qui lui permet d’avoir de bons légumes à vendre. »
« Quand le Président de la République Alassane Ouattara m’a remis le prix d’excellence en 2015, premier prix du meilleur acteur de reboisement, il m’a dit que je suis un lampion qui ne doit pas s’éteindre. Ce geste m’a encouragé et m’a fait oublier mes bijoux que j’ai vendus avant d’avoir des subventions », confie-t-elle dans un entretien avec Mongabay.
La fondation Soundele Konan est lauréate du prix spécial du comité scientifique de la 2ème édition des journées Africaines de l’écologie et du changement climatique, JFAC 2019.
Et janvier 2020, la présidente de la fondation reçoit le grand prix Life Builders de la protection de l’environnement.
À travers cette fondation, Adrienne Soundele procède actuellement au reboisement de bon nombre de parcelles en Côte d’Ivoire aux côtés des communes villageoises.
Dans ses perspectives de sauver l’Afrique du réchauffement climatique, Adrienne vient de signer une convention de partenariat avec l’association Recyclage Sans Frontière.
« C’est pour donner la dignité et de la valeur aux personnes vulnérables et à ces enfants déscolarisés en situation de la rue qui dorment dans ses déchets », explique Adrienne Soundele à Mongabay. « Leur donné de l’espoir que ses sachets plastiques peuvent servir à quelque chose ».
Elle signe également une convention de partenariat avec l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE) dans le but de trouver des solutions aux obstacles environnementaux liés à l’orpaillage.
Elle signe également une convention de partenariat avec l’ONG Agir pour l’Environnement dans les Industries Extractives (AEIE) dans le but de trouver des solutions aux obstacles environnementaux liés à l’orpaillage.
La femme et la conservation de l’environnement
« La conservation de la biodiversité n’est pas une affaire de genre », estime la cadette de Soundélé Konan. « La dégradation de l’environnement c’est une réalité et sa préservation devrait être un mode de vie de tout humain », ajoute-t-elle.
« Ça me fait de la peine quand je vois certains font de la protection de l’environnement un effet de mode », déplore-t-elle.
Adrienne Soundele est convaincue que tout le monde aime la nature. « Quand la pluie tombe ou que le soleil tape fort », raconte-elle, « les passants ; hommes, femmes et enfants s’arrêtent sous l’arbre, devant chez moi, pour être à l’abri. Mon souhait est que tout le monde s’arrête un jour pour planter un arbre, comme ça le monde sera à l’abri », conclue-t-elle.
Image de bannière : L’activiste Adrienne Soundele dans son bureau/ Photo de Mireille Niyonsaba