- Annoncée depuis le début du mois d’août dernier, la pollution de la rivière Kasaï, important affluent du fleuve Congo a bel et bien fait son chemin et a laissé des empreintes partout où elle a passé
- Les relations entre les deux pays c’est-à-dire l’Angola et la RD Congo ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais le climat sens la colère notamment du côté de la RD Congo. L’Angola de son côté trouve plutôt que la solution doit sortir des négociations entre les deux pays.
- On compte entre autres des pertes en vies humaines, des animaux et l’arrêt des activités de pêche et de navigation sur la rivière. Des femmes vendeuses des poissons forcées au chômage se lamentent aussi pour avoir perdu du travail.
Le 2 septembre 2021, la Vice-Première Ministre, Ministre de l’Environnement et Développement Durable, Eve Bazaiba a passé en revu devant la presse, la situation de la pollution de la rivière Kassaï depuis l’annonce officielle à ce jour. Eve Bazaiba a révélé que plusieurs substances chimiques ont été retrouvées dans les eaux de la rivière Kassaï grâce aux premiers échantillons prélevés par les experts de son ministère. Selon elle, le constat de l’altération des eaux de ce grand affluent du fleuve Congo par les autorités provinciales du Kassai a été suivi par le travail des experts congolais ou même étrangers pour voir claire la situation.
« …Quelques échantillons ont été prélevés et amenées à Kinshasa pour le laboratoire et, une semaine après on a eu les premiers résultats. Les premiers résultats c’était (…) [la présence, Ndlr] de quelques métaux dans l’eau dont le Nikel et le fer. On a même vu des hydrocarbures dedans (…) », a dit Bazaiba.
Selon elle, c’est connu par les chimistes, les scientifiques experts en la matière que la composition de ces deux métaux [Nikel et fer, Ndlr] sont dangereux. Par ailleurs, ajoute-t-elle, la teneur en « pH »est estimé à plus de 7, ce qui signifie que c’est pratiquement l’acide. Ceci fait que la vie devient impossible d’où, la découverte des poissons et autres animaux flottant sur les eaux morts suite à cet acide.
Statistiques et actions du gouvernement à ce jour
Peu avant l’annonce de cette catastrophe par les autorités, les populations riveraines utilisaient ces eaux polluées et consommaient également les poissons qui flottaient sur la surface de la rivière.
Et comme il fallait s’y attendre, ceux qui ont été en contact avec ces eaux et qui en ont consommé les poissons présentent des cas de diarrhée, selon le bilan de la Ministre qui dit avoir enregistré même des cas de décès. .
« Nous avons sous la main plus de 4000 [4502, Ndlr] personnes qui ont des cas de diarrhée déclarés, nous avons même commencé à enregistrer des cas de décès », a expliqué Bazaiba. Au total, 12 personnes sont décédées suite à la pollution selon des chiffres avancés par la division provinciale de la santé du Kassai. Des éruptions cutanées et aussi les cas des maladies hydriques et génitales liées aussi à cette catastrophe se sont aussi manifestées a indiqué Eve Bazaiba.
Le Gouvernement congolais estime qu’environ 968.973 personnes réparties en 161.490 ménages sont directement affectées par cette pollution.
Comme solution, le Gouvernement congolais a installé des points de forage d’eau pour aider la population à avoir de l’eau potable. Il a ensuite envoyé des médicaments et des équipements en plus des vivres et non vivres destinés aux familles touchées. Ceci ne semble pas cependant être suffisant selon un élu de la circonscription Guy Mafuta qui trouve que le Gouvernement est léthargique, l’accusant d’être lent dans la prise de décision et en multipliant des missions de visite que des vivres et de l’eau nécessaire à la vie des populations touchées.
Une procédure pour obtenir réparation
Au niveau de la sous-région, les démarches sont en train d’être menées par le Gouvernement congolais pour obtenir réparation. Après rencontre des homologues de la SADEC par le Président Congolais Félix Tshisekedi à Lilongwe, Malawi, deux de ses ministres ont été envoyés, le 11 septembre à Luanda pour parler avec leurs homologues sur cette question.
La RD Congo tient à l’application du principe « Pollueur-payeur » qui consiste à faire supporter les frais résultant des mesures de prévention, de réduction et de la lutte de la pollution par l’auteur.
Luanda reconnait, mais accuse aussi
Le gouvernement angolais par le biais de son Ministre de l’Environnement reconnait que les rivières Tshikapa et Kassaï sont polluées suite aux activités d’exploitation minière d’une mine depuis Lunda sul, en Angola.
Jomo Fortunato, ministre angolais de l’Environnement estime que l’Angola est, lui aussi victime d’une pollution aux hydrocarbures à Matadi, en RDC et préconise que soit inclue cette question aux discussions bilatérales. Tous les deux problèmes seraient alors discutés dans la réunion du 11 septembre, estime Jomo Fortunato.
Seules les négociations entre les deux parties donneraient une réponse favorable, selon Fortunato qui trouve qu’accuser l’Angola de pollution de Kassai tout en oubliant celles du Matadi coté DR Congo et qui menacent l’Angola est quelque chose à éviter.
Par ailleurs, il reconnait que les relations diplomatiques et de bon voisinage existent bel et bien entre les deux grands pays de l’Afrique Centrale et espère qu’elles doivent demeurer.
Pour Catoca Mining, origine de la pollution, il s’agit d’un problème de canalisation qui est à l’origine de la situation ajoutant que la solution a été trouvée. Tout en minimisant l’impact de ces fuites, la société se dit tout de même prête à travailler avec les autorités pour aider des communautés touchées.