- Les forêts continuent de flamber à travers Madagascar, y compris au sein de ses aires protégées, où vivent certaines des espèces les plus rares du monde, des lémuriens en danger critique d’extinction aux centaines d’escargots endémiques.
- Dans la réserve spéciale de Manombo, connue pour abriter plus d’une cinquantaine d’espèces d’escargots identifiées nulle part ailleurs sur terre, une zone forestière d’une taille équivalente à 800 piscines olympiques est partie en fumée le mois dernier.
- Près du parc national de Befotaka-Midongy, l’une des plus grandes forêts sempervirentes de l’ile, plus de 1 000 feux ont été signalés cette année.
- Les feux de forêts font l’objet de débats enflammés en ligne, avec des militants critiquant le ministère de l’Environnement, et le ministère affirmant que les ONG qui gèrent la majorité des aires protégées du pays doivent aussi assumer leur part de responsabilité.
Madagascar va payer un lourd tribut à la saison des feux longue et intense qui s’abat sur le pays depuis le mois de mai. Tout a commencé par une vague de feu qui s’est engouffrée dans les forêts sèches de la côte ouest, l’un des biomes les plus menacés du monde. Ces deux derniers mois, ce sont les forêts tropicales de la côte est qui sont parties en fumée.
« Cette année, les points de feux à Madagascar sont de très nombreux feux de brousse, feux de forêts et feux urbains », rapporte Haingosoa Hortençia, coordinatrice nationale du Parti vert de Madagascar, qui, jusqu’à très récemment, travaillait au ministère de l’Environnement (ou MEDD, ministère de l’Environnement et du Développement durable). « On a identifié des feux absolument partout, dans les 22 régions de Madagascar. »
Une carte interactive de Global Forest Watch indiquant les alertes de feux enregistrées par les satellites de la NASA du 1er septembre au 1er décembre de cette année.
Les données satellites de la NASA analysées par la plateforme forestière de Global Forest Watch (GFW) indiquent que 50 000 alertes de feux de plus qu’en 2019 ont été enregistrées entre mai et septembre 2020, soit une hausse de 17 %. Ces trois derniers mois, ce sont près de 200 000 alertes de feux qui ont été signalées sur l’ile.
Hortençia a accusé la ministre de l’Environnement de « négligence, d’ignorance et de mauvaise gestion », déclarant que le gouvernement aurait dû avoir une stratégie à plus long terme pour lutter contre les incendies et aurait dû se montrer plus réceptif et plus réactif aux informations venant du terrain. La ministre conteste ces revendications.
On pourrait aisément faire tenir 16 iles de la taille de Madagascar à l’intérieur des États-Unis, sans pour autant occuper tout l’espace. Et pourtant, selon des estimations, la Grande ile africaine abriterait trois fois plus d’espèces d’escargots que l’ensemble des États-Unis. Quand les feux ont ravagé la réserve spéciale de Manombo, il est fort probable que certains de ces lents mollusques n’aient pas eu le temps de s’extirper des flammes.
La zone protégée abrite à elle seule plus d’une cinquantaine d’espèces d’escargots. « La seule et unique manière d’avancer pour les escargots, c’est de se déplacer en glissant, alors s’échapper rapidement d’un endroit, c’est impossible pour eux », fait observer John Slapcinsky, directeur de la collection de mollusques du Musée d’histoire naturelle de Floride.
De sources différentes, Mongabay a appris qu’environ 100 hectares de la réserve spéciale de Manombo dans le sud-est de Madagascar (une zone forestière d’une taille équivalente à 800 piscines olympiques) étaient partis en fumée le mois dernier.