- L'ONG African Parks et ses partenaires en Afrique du Sud et au Tchad ont réintroduit 6 rhinocéros noirs dans le parc national de Zakouma le 4 mai.
- Le plus ancien des parcs nationaux du Tchad n'avait plus de rhinos depuis le début des années soixante-dix, moment où la chasse les avait décimés.
- Après une brève période d'acclimatation dans des bomas ou enclos provisoires, les rhinocéros seront relâchés dans une partie protégée du parc.
- Il reste environ 5 000 rhinocéros noirs sur le continent africain et le braconnage, pour leur corne utilisée par la médecine traditionnelle en Asie, représente toujours une menace pour la survie de l'espèce.
Le parc national de Zakouma au Tchad est maintenant le refuge de 6 rhinocéros noirs, et ces nouveaux résidents sont un rappel d’une autre époque pour le plus ancien parc national de ce pays d’Afrique Centrale.
Peter Fearnhead, directeur d’African Parks, a déclaré que « cette réintroduction est une importante contribution à la protection des rhinocéros africains sur le long terme, ainsi qu’un enrichissement du patrimoine naturel du Tchad ».
African Parks, une ONG qui gère des parcs et des zones protégées dans 9 pays, a travaillé avec des agences gouvernementales d’Afrique du Sud et du Tchad pour transporter deux mâles et quatre femelles de rhinocéros noirs (Diceros bicornis) au cours d’un voyage aérien de 4 800 kilomètres depuis le parc national Addo en Afrique du Sud.
La chasse a fini par décimer les rhinocéros noirs de Zakouma au début des années soixante-dix. Aujourd’hui, le braconnage est omniprésent dans toute la zone habitée par le rhinocéros en Afrique, pour répondre à la demande du marché de la médecine traditionnelle asiatique, menaçant ainsi les deux espèces de rhinocéros du continent. L’UICN a classé le rhinocéros noir comme étant en danger critique et le rhinocéros blanc (Ceratotherium simum) comme espèce quasi menacée Le 2 mai dernier, des braconniers ont abattu trois rhinocéros noirs, dont un petit, dans le parc national Meru au Kenya. L’Afrique du Sud, où vivent 80 pour cent des rhinocéros d’Afrique, a perdu plus de mille individus en 2017.
Selon Peter Fearnhead, « le rhinocéros a survécu sur notre planète pendant des millénaires, mais avec moins de 25 000 spécimens restant en raison de la demande insatiable pour sa corne, il est maintenant plus question d’extinction que de survie en ce qui les concerne ».
Il ne reste qu’environ 5 000 rhinocéros noirs, représentés par trois sous-espèces. Le Tchad fait maintenant partie des 11 pays à posséder des rhinocéros à l’état sauvage.
Le 4 mai, après leur arrivée à Zakouma, les six rhinos sont passés de leurs containers de voyage à des enclos, ou bomas, qui selon African Parks devraient les aider à s’acclimater à leur nouveau refuge. Après une période d’adaptation de quelques jours ou quelques semaines, l’équipe les relâchera dans « un sanctuaire particulièrement protégé à l’intérieur du parc national », a assuré l’organisation.
Depuis sa reprise de la gestion du parc Zakouma en 2010, African Parks s’efforce d’encourager l’application de la loi et d’améliorer les conditions de vie locales, avec des résultats dans « l’élimination effective du braconnage et une augmentation des effectifs de la faune sauvage » dans le parc. L’ambassadeur du Tchad en Afrique du Sud, Sagour Youssouf Mahamat Itno, s’est appuyé sur cette évolution pour permettre le retour des rhinocéros dans son pays.
« Le fait que nous puissions faire revenir des rhinocéros au Tchad où ils recevront une protection durable est une preuve de la solidité de notre partenariat avec African Parks et de la transformation de Zakouma en sanctuaire de la vie sauvage, » a affirmé M. Itno dans sa déclaration.
Quand les rhinos quitteront leur bomas de transition, une équipe de gardes du parc aura pour mission de les garder en sécurité, et le personnel du parc assurera également un suivi aérien, a déclaré African Parks.
Le parc national de 3 049 km carrés fait partie de l’écosystème régional de Zakouma, une zone plus vaste que la Belgique. Le parc abrite des lions (Panthera leo), des girafes du Kordofan (Giraffa camelopardalis antiquorum) et un nombre croissant d’éléphants (Loxodonta cyclotis). Selon M. Itno, l’arrivée des rhinocéros à Zakouma pourrait aider l’économie du Tchad, un des pays les plus pauvres du monde, au 186ème rang sur 188 en 2015 selon l’Index de Développement Humain de l’ONU.
« Nous sommes résolus à créer un avenir sûr et prospère pour la faune sauvage et pour la population, afin que des générations de Tchadiens puissent connaître les bienfaits d’un environnement naturel intact sain, » a déclaré l’ambassadeur. « La réintroduction [des rhinocéros] est significative d’un avancement considérable de la restauration du parc, et permet d’étendre son potentiel de réserve naturelle pour contribuer au tourisme, à l’économie locale et au développement social. »
Image de bannière d’un rhinocéros noir par John Dickens / African Parks.