- Haïti est aujourd’hui l’un des pays où la déforestation sévit le plus. Ses mangroves en particulier ne représentent plus que 30% du littoral, le plus souvent sous forme de petites poches fragmentées.
- La plus grande menace pour les mangroves est la coupe d’arbres pour la production du charbon de bois; un important combustible pour pouvoir cuisiner dans un pays où seul un quart de la population à accès à l’électricité.
- Au fil des années, plusieurs projets de restauration des mangroves ont commencé et beaucoup ont été abandonnés à cause de la perte d’intérêt des communautés; des catastrophes naturelles ou des mauvaises planifications.
- Plus récemment, l’augmentation de la violence a empêché les équipes de restauration d’aller sur le terrain et de coordonner entre elles, mais certains espèrent que les communautés demeurent réceptives aux projets de restauration des mangroves, malgré les difficultés qu’elles traversent.
Jean Wiener devrait être fou de joie. FoProBim, l’organisation qu’il dirige, vient juste de remporter une série de subventions pour la protection des mangroves d’Haïti. Dans les mois qui viennent, lui et son équipe pourront sillonner le pays pour aider à replanter les marais de mangrove, diriger des ateliers et des sessions de formation sur l’environnement et mettre en place des projets de revenus alternatifs pour ceux dont les moyens de subsistance dépendent de la coupe des arbres de mangrove. Les subventions vont permettre à son organisation, principalement basée dans la ville de Cap-Haïtien, située dans le nord-ouest, d’opérer pour la première fois à échelle nationale. Alors, pourquoi semble-t-il morose et abattu?
“Je viens juste de raccrocher avec mon assistant à Port-au-Prince (la capitale haïtienne)”, nous dit-il, affalé devant la caméra lors de notre premier appel vidéo. “Il a un trouble de stress post-traumatique à cause de tous les coups de feu tirés devant sa maison”.
Les subventions arrivent à un moment où les troubles sociaux en Haïti ont atteint leur niveau le plus haut depuis dix ans, ce qui rend les déplacements dans le pays, dangereux. Depuis le meurtre du président Jovenel Moise en juillet 2021, l’anarchie est devenue incontrolable. Les autoroutes qui mènent à et hors de Port au Prince sont contrôlées par les gangs, alors que la ville enregistre environ sept enlèvements de personnes par jour. En juillet, la violence des groupes armés a fait plus de 470 morts, blessés ou disparus à Cité Soleil, le tentaculaire bidonville de Port-au-Prince. Aucun membre de la douzaine que compte le personnel de FoProBim n’a été blessé, même si le comptable a récemment fui à Montréal après que son véhicule a été visé par des tirs.
“Je dis à ma femme que, si je suis kidnappé, je serai la pire des victimes” plaisante Wiener. “Je serai intolérable”. Il rit, mais cela sonne peu convaincant.
Un écosystème menacé
Les mangroves d’Haïti sont elles aussi confrontées à un grave danger. Si les statistiques sont difficiles à trouver, les sources historiques parlent de forêts recouvrant autrefois la quasi-totalité du littoral du pays; s’étendant parfois jusqu’à 6 kilomètres à l’intérieur des terres et regorgeant de poissons, de tortues et de caïmans. Global Mangrove Watch, une plateforme qui visualise les données sur les mangroves, montre qu’aujourd’hui, moins de 30% du littoral est recouvert de forêts, la plupart en petites poches fragmentées.
Les menaces sont nombreuses. La première est celle du marché du charbon de bois, le deuxième secteur d’agriculture en Haïti. Dans un pays où un quart de la population seulement a accès à l’électricité, le bois de mangrove, riche en carbone, est une source recherchée de combustible de cuisson. Selon Dario Noel, du Programme des Nations unies pour l’environnement en Haïti (PNUE), 10 mètres carrés de mangrove peuvent fournir trois semaines de charbon de bois à une famille.
D’autres menaces, moins connues, existent. Haïti est l’un des pays les plus déboisés au monde. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, il ne subsisterait que 3,2% de la forêt d’origine, tandis que le limon des montagnes emplit les marécages et étouffe les racines. D’autre part, selon des données du Département des Affaires économiques et sociales de l’ONU, Haïti s’urbanise plus vite que n’importe quel autre pays de l’hémisphère occidental. Noel précise qu’une grande partie de cette expansion urbaine s’est fait près de, ou sur d’anciennes mangroves. Il ajoute que la forêt est déboisée pour les matériaux de construction et que les nouveaux arrivants la défrichent pour la transformer en marais salants, en terres agricoles ou en logements. À la périphérie de Cap-Haitien, sur la côte nord du pays, un quartier entier repose sur des monticules de terre, sur ce qui un jour fut une mangrove.
Reste que Haïti a aujourd’hui plus que jamais besoin de sa mangrove. Ces forêts sont essentielles dans la lutte contre le changement climatique. Elles séquestrent cinq fois plus de carbone que les forêts tropicales humides. Elles atténuent la violence des tempêtes – en augmentation dans la région des Caraïbes avec le réchauffement global- et protègent les populations et les écosystèmes côtiers de la montée des eaux. La Banque mondiale a rapporté que les mangroves des Caraïbes “atténuent les perturbations de l’activité économique causées par les ouragans”. Elles constituent un vivier pour les jeunes poissons essentiels à l’industrie de la pêche, tels que le vivaneau, le mojarra, le poisson-perroquet, le bar et la daurade, qui s’abritent et grandissent parmi les racines avant de rejoindre l’eau libre. Un hectare de mangrove fournit chaque année des services pour l’écosystème d’une valeur d’environ 550 000 dollars, selon un rapport de FoProBim datant de 2013.
“La valeur (des mangroves) est énorme”, écrit l’Alliance mondiale pour les mangroves dans son rapport de 2021 intitulé “l’État des mangroves dans le monde”, “et, une fois comprise, elle rend presque impossible d’émettre un quelconque argument convaincant en faveur de leur disparition”.
On pourrait s’attendre à ce que Wiener soit d’accord. Après tout, il est tombé amoureux des côtes de son pays lors de voyages d’été avec sa famille à la plage. Sur le chemin, depuis leur maison de Port-au-Prince, ils croisaient souvent des vaches mortes sur le bord de la route, signe que Jean-Claude “Baby Doc” Duvalier se trouvait dans sa maison de campagne. Les sbires du dictateur prenaient les devants pour faire appliquer un décret qui interdisait les animaux de ferme non attachés (“afin qu’il puisse conduire sa Ferrari à 100 miles à l’heure, ou autre…” dit Wiener).
Mais ses souvenirs inoubliables sont ceux des jours passés à explorer les eaux le long de la côte, à découvrir les plantes natives et les animaux endémiques, dont beaucoup nichent, se nourrissent ou se cachent parmi les arbres de mangroves qui bordent le littoral. Il était devenu ami avec les pêcheurs, avait nagé entre des bancs de vivaneaux à queue jaune et avait observé les aigrettes s’envoler vers le soleil du soir. Mais chaque année à son retour, il y avait de moins en moins de mangrove, moins d’animaux.
“Jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus”, dit-il.
Motivé par ces souvenirs, Wiener a fondé FoProBim il y a 30 ans. Depuis lors, l’organisation a sensibilisé des milliers d’écoliers, de pêcheurs et de résidents des côtes quant à la valeur de la mangrove. Elle a débarrassé les marécages de leurs déchets, ouvert des cours d’eau bloqués, planté des graines pour combler les vides là où les mangroves avaient péri ou avaient été coupées et convaincu les habitants de ne plus défricher. L’organisation a mis en place des projets de revenus alternatifs, comme l’apiculture – le miel de mangrove étant particulièrement appétissant. En 2013, elle a contribué à la conception des premières aires marines protégées du pays, et a fait pression pour le vote d’une loi contre la coupe des mangroves. En 2015, Wiener a reçu le prix Goldman pour l’environnement.
Toutefois, malgré son dévouement, il prétend que la conservation, en termes absolus, ne pourra mener nulle part dans un pays où la grande majorité de la population est davantage concernée par les tremblements de terre, les menaces à la sécurité et la survie au quotidien.
“C’est facile à dire lorsque vous avez l’estomac rempli” affirme Wiener à propos de la déclaration de l’Alliance mondiale pour les mangroves, qui appelle à donner urgemment la priorité à la conservation. “Je vais dans les communautés et les gens sont à bout. Ils viennent juste de perdre leurs maisons et je leur parle de mangroves”. “Leur réponse est ‘nous avons de plus grands problèmes pour le moment’”.
La lutte pour la restauration
En Haïti, il existe trois espèces de mangroves: la rouge (Rhizophora mangle), dont les racines disposées en arceaux chevauchent l’eau; la noire (Avicennia germinans), qui respire grâce à des branches pneumatophores tronquées qui s’élèvent dans les airs ; et la blanche (Laguncularia racemosa), plus “arbuste” que les autres, avec ses petites fleurs blanches à l’odeur douce au printemps. Ces différentes espèces ainsi que quelques autres arbres, qui tolèrent le sel, poussent parallèlement au rivage, la rouge étant celle qui va le plus loin et la blanche celle qui va jusqu’au-dessus de la ligne de marée basse. Les modèles exacts varient d’une localité à l’autre pour des raisons encore mal comprises, mais sans doute liées à des sensibilités différentes à la salinité, à la profondeur de l’eau et aux types de sols.
D’un point de vue technique, cela rend la restauration des mangroves particulièrement difficile, car il faut savoir ce qu’il y avait à l’endroit en question avant de replanter. L’organisation de Wiener, FoProBim, commence généralement un projet de restauration en interrogeant les personnes âgées de la zone. Pour éviter d’importer des différences génétiques potentielles, les graines, qui généralement tombent dans l’eau et dérivent avec les courants avant de s’enraciner, sont collectées le plus près possible des aires cibles, souvent par bateau.
“Ce n’est pas comme si vous alliez au magasin, acheter un paquet de graines”, dit Wiener.
La restauration commence par la séparation d’aires de pépinières où les graines sont placées dans des pots de bambous fabriqués localement, (une innovation FoProBim pour éviter le fléau des jardinières noires en polyéthylène qui se répandent sur la plage). Quatre ou cinq mois après avoir germé, les plantes sont emmenées à la plage. Il y a souvent une ambiance de carnaval lors du processus de plantation. Des communautés entières dans la boue jusqu’aux genoux se passent les plantes de main en main. Le plus souvent, ce sont les femmes qui dominent. “Je ne sais pas pourquoi”, commente Wiener. “Les pêcheurs aiment faire ce qu’ils veulent, quand ils veulent et peut être que cela est un peu trop structuré pour eux”.
Les participants sont payés pour leur travail (environ 4 dollars par jour), et malgré l’atmosphère de coopérative, Wiener admet que la plupart sont là pour l’argent. “Vous ne trouverez pas beaucoup de volontaires” dit-il. “Les gens savent que les ONG ont de l’argent. Ils savent qu’il y a de l’argent à donner”.
Les participants sont payés pour leur travail (environ 4 dollars par jour), et malgré l’atmosphère de coopérative, Wiener admet que la plupart sont là pour l’argent. “Vous ne trouverez pas beaucoup de volontaires” dit-il. “Les gens savent que les ONG ont de l’argent. Ils savent qu’il y a de l’argent à donner”.
FoProBim n’est pas la seule organisation à tenter de sauver les mangroves haïtiennes. Les côtes sont jonchées de vestiges de projets de restauration de mangroves, d’anciens souvenirs d’ONG locales qui n’existent plus et de donateurs internationaux qui sont passés à autre chose. Mais les mangroves nécessitent des années d’attention avant de pouvoir se développer par elles-mêmes. Il faut veiller sur les pépinières, arroser les graines, convaincre les producteurs de charbon de bois de ne pas reprendre leurs activités. Et lorsque l’argent manque ou que les organisations partent, il n’y a plus personne pour se charger de tout cela.
Et même pour les projets qui sont bien financés, il arrive que la malchance intervienne. En 2016, le PNUE venait de terminer la plantation de 30 000 arbres dans la région de Port Salut, dans le cadre d’une initiative visant à créer des barrières écologiques contre les ouragans, lorsque l’ouragan Matthew a frappé, anéantissant jusqu’au dernier plant. L’organisation a recommencé, en travaillant cette fois dans des zones moins exposées, et a replanté 28 hectares de mangrove. Mais suite aux changements apportés l’an dernier au système de financement de l’ONU, ce sont désormais les partenaires locaux qui supervisent le travail et non plus le PNUE.
FoProBim a connu son lot d’échecs. L’organisation a par exemple perdu des milliers d’arbres non entretenus en une seule journée à cause de vaches en quête de nourriture. “Nous ne pouvons pas surveiller les plants tout le temps”, dit Wiener.
Bien que la loi soit rarement appliquée, la coupe des mangroves est désormais illégale depuis 2013. Les habitants disent rarement apercevoir la brigade spéciale créée pour patrouiller dans les zones protégées. Mais Dario Noel, du PNUE, affirme que l’éducation peut être aussi importante que la plantation et le contrôle, car elle a le pouvoir de briser les traditions. Il cite le cas d’un homme connu pour couper le bois de mangroves dans le village de St Jean de Sud, sur la côte sud du pays. “Les gens qui avaient participé à nos projets comprenaient très bien l’importance de la mangrove et ne voulaient pas qu’il continue à la couper. La semaine dernière, ils se sont réunis et ont déposé une plainte auprès du maire. La police est venue, et maintenant cet homme est en prison”.
Les organisations comme FoProBim se centrent souvent sur la sensibilisation. Mais les tableaux et les jeux de rôle peuvent-ils vraiment changer des pratiques dûes à la faim? James Josaphat pense que la réponse est oui. Doyen des sciences de l’agriculture et de la nutrition à l’Université publique de Hinche, dans le plateau central d’Haïti, il est biologiste, a co-découvert une nouvelle espèce de poisson dans l’un des seuls lacs du pays, et n’est pas vraiment spécialiste des mangroves. Mais il a étudié la faisabilité d’un projet d’apiculture le long de la côte sud-est d’Haïti, où il a découvert par hasard deux petits villages, si éloignés qu’on ne pouvait les atteindre que par bateau. Dans le premier, les habitants coupent les mangroves en toute impunité. Tous les résidents n’approuvent pas, rapporte Josaphat, mais “si vous dites ‘ne faites pas ça’, peut-être que vous risqueriez votre vie”.
“La mangrove qui s’y trouve est dans une situation terrible”, ajoute-t-il.
Dans le deuxième village, la mangrove était intacte, ce qui ravit le biologiste. “Vous voyez des oiseaux, des insectes, des lézards. J’ai vu beaucoup d’animaux”.
Quelle est la raison de la différence entre les deux villages? Les habitants, raconte-t-il, ont évoqué un “homme qui venait d’une autre ville et qui avait des connaissances sur la mangrove. Il leur a expliqué comment, s’ils la protégeaient, ce serait pour leur bien, et comment elle les aiderait à se préserver des ouragans. Ils ont donc monté une organisation pour essayer de conserver ce qu’ils avaient là. Si vous y allez et essayez de couper un arbre, ils se mettront en colère. Ils ne l’accepteront pas.”
Josaphat ne connaît pas l’identité de l’homme, et aucune personne à qui j’ai posé la question n’a été en mesure d’apporter plus de lumière sur cette histoire.
Mais ceux qui visitent les communautés peuvent aussi laisser derrière eux de la méfiance, comme l’a découvert Eden Reforestation Projects. L’ONG internationale est présente dans une douzaine de pays, mais elle est relativement nouvelle dans la restauration de la mangrove en Haïti. Lorsqu’elle est arrivée sur l’Île à Vache, une petite île située au large de la côte sud d’Haïti, elle a trouvé une pépinière abandonnée et peu de résidents disposés à participer à un énième effort de replantation.
“Les gens se moquaient de nous”, raconte Renet Leger, directeur national d’Eden en Haïti. “Ils disaient que tellement d’organisations viennent dans le pays pour toutes faire la même chose, sans résultats”.
Eden a donc essayé une approche différente. Après un projet pilote de six mois destiné à tester les sols et la tolérance des différentes espèces à diverses conditions, l’organisation a recruté des habitants de trois communautés de la côte sud pour collecter et planter les graines directement, sans passer par une pépinière. Selon Leger, cette innovation présente deux avantages : elle permet aux graines de s’adapter rapidement aux contraintes des différents types de sols et élimine la période de croissance de quatre ou cinq mois en pépinière, au cours de laquelle l’intérêt de la communauté diminue souvent. Selon ses estimations, Eden a planté à ce jour, près de 1 000 hectares et plus d’un million de plants.
L’obstacle de la violence
Leger et ses collègues sont en contact fréquent avec d’autres équipes d’Eden Reforestation, notamment au Kenya, à Madagascar et aux Philippines, ce qui leur a permis d’apprendre la technique sans pépinière. Mais ils n’ont jamais échangé leurs expériences avec les autres organisations de restauration en Haïti. En fait, les organisations auxquelles j’ai parlé ne semblaient que faiblement conscientes de l’existence des autres, voire pas du tout. Comment cela est-il possible dans un si petit pays ?
Une raison pourrait être que la restauration de la mangrove est une entreprise compétitive, comme l’aide internationale partout. Les ONG se disputent les fonds de l’USAID, de la Banque interaméricaine de développement ou de donateurs privés. Elles se méfient, à juste titre, des étrangers. Wiener me raconte un “accrochage” sur les techniques de culture avec un autre groupe de restauration de la mangrove qui travaillait dans les mêmes zones que FoProBim. “Nous sommes tombés sur eux en train de tailler les arbres de la mangrove. On ne fait plus ça. On leur a dit : “Mais qui êtes-vous ?”. Le groupe a ensuite quitté la zone, dit-il. Pendant ce temps, un représentant des relations publiques d’Eden assiste à mon appel avec Renet Leger et examine mes demandes de données (aucune n’est refusée).
Mais il y a peut-être une raison plus sinistre à la fragmentation du secteur. La violence croissante en Haïti a divisé le pays, rendant les déplacements par la route, en particulier du nord au sud, presque impossibles.
“C’est vraiment, vraiment, vraiment, vraiment dangereux”, dit Josaphat, qui se rend fréquemment dans le sud pour des voyages de recherche. À ces occasions, il emprunte les chemins de traverse des montagnes en moto pour éviter les gangs. “C’est un peu… effrayant. Ma famille ne sait pas que j’y vais”.
L’équipe haïtienne d’Eden Reforestation a plus de facilité à communiquer avec des collègues du monde entier qu’à se déplacer dans le pays pour en rencontrer. Il n’est pas étonnant que les spécialistes de la restauration des mangroves du pays ne se voient que rarement.
C’est précisément lors de l’un de ces voyages vers le sud, qui lui a fait quitter sa base sur la côte nord et traverser Port-au-Prince, que Wiener redoutait tant, que je l’ai rencontré pour la première fois. Lorsque je lui reparle à son retour, il a l’air joyeux et optimiste. Son voyage a été un succès, dit-il. Les villages qu’il a visités étaient chaleureux et réceptifs, et son groupe a pu identifier plusieurs nouveaux sites pour la restauration potentielle de la mangrove.
Je réponds que c’est difficile à croire étant donné les nouvelles désastreuses qui nous parviennent d’Haïti, mais les travailleurs sur le terrain me répètent sans cesse la même chose. Si les villages côtiers isolés ont leurs propres problèmes, l’agitation sociale que nous associons à Haïti n’en fait pas partie. Et bien qu’elle ait des répercussions – notamment l’augmentation des prix, en particulier de l’essence – les habitants de la côte ne considèrent pas tous la restauration de la mangrove comme un élément sans importance, une distraction, un luxe. Au contraire, dit Leger, elle offre parfois un répit bienvenu.
“Lorsque vous vivez dans la réalité [d’Haïti], vous vous adaptez”, explique Leger. “Nous ne pouvons pas dire : “OK, parce que c’est dangereux, nous ne ferons rien”. Nous devons continuer à avancer. Nous devons continuer à construire. Une chose qu’il faut savoir sur les Haïtiens, c’est que, même s’ils ont tous des problèmes, ils savent qu’ils doivent continuer à vivre.”
Image de la bannière : Mangroves dans le parc national de Los Haitises, République dominicaine. Image d’Anton Bielousov via Wikimedia Commons (CC BY-SA 3.0).
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Miranda, J. J., Butron, L., Pantoja, C., & Gunasekera, R. (2021). Mangroves as coastal protection for local economic activities from hurricanes in the Caribbean (9863). World Bank Group. Retrieved from: https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/36639/Mangroves-as-Coastal-Protection-for-Local-Economic-Activities-from-Hurricanes-in-the-Caribbean.pdf
Wiener, J. (2013). Toward the development of Haiti’s system of marine protected areas (MPAs). FoProBim. Retrieved from: http://www.oas.org/en/sedi/dsd/Biodiversity/ReefFix/Haiti/Haiti%20ReefFix%202013%20Final%20rev%201.pdf
Spalding, M. D., & Leal, M. (Eds.) (2021). The state of the world’s mangroves 2021. Global Mangrove Alliance. Retrieved from: https://www.mangrovealliance.org/wp-content/uploads/2021/07/The-State-of-the-Worlds-Mangroves-2021-FINAL-1.pdf
Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2022/09/mangrove-restorers-in-haiti-bet-on-resilience-amid-rising-violence/