- Dans les années 50 et 60, deux herpétologistes belges soupçonnaient l’existence d’une espèce de scinque méconnue de la science, s’appuyant sur des spécimens présents en Angola et en République démocratique du Congo. Cependant, aucun d’entre eux n’a eu le temps de classer l’espèce.
- Aujourd’hui, une équipe de chercheurs qui étudient les amphibiens et les reptiles dans le parc national de Cangandala en Angola ont officiellement classé le scinque à longue queue dans une nouvelle étude.
- Trachylepis raymondlaurenti ou le scinque à longue queue de Laurent a été nommé ainsi en l’honneur de Raymond Laurent. Pour l’instant, les chercheurs préconisent pour le scinque, le statut de conservation de préoccupation mineure.
Les chercheurs ont enfin pu classer une nouvelle espèce de scinque provenant d’Angola, dont les spécimens prenaient la poussière sur les étagères des musées depuis plus de 70 ans.
C’est l’herpétologiste belge Raymond Laurent qui fut le premier à soupçonner d’avoir rencontré une nouvelle espèce de scinque dans les années 60, en se basant sur des spécimens provenant d’Angola et de République démocratique du Congo (RDC). Cependant, Laurent décida de laisser la main à son collègue belge, Gaston de Witte, pour décrire le scinque car il avait été le premier à étudier une plus large palette de spécimens de RDC. Mais il s’est avéré qu’aucun d’entre eux n’ait jamais eu le temps de classer l’espèce.
Aujourd’hui, une équipe de chercheurs qui étudient les amphibiens et les reptiles dans le parc national de Cangandala en Angola ont officiellement classé le scinque à longue queue dans une nouvelle étude publiée dans Zootaxa.
« Ce fut une découverte fortuite », déclare Mariana P. Marques, doctorante au CIBIO, Centre de recherches sur la Biodiversité et les Ressources Génétiques de l’Université de Porto (Portugal), et auteure principale de l’étude. « Nous étions en train d’effectuer des recherches actives sur les amphibiens et les reptiles dans le parc national de Cangandala pour notre inventaire lorsque nous avons aperçu le spécimen se prélasser sous un buisson. Dès que nous l’avons attrapé, nous nous sommes doutés qu’il s’agissait d’une nouvelle espèce, surtout en raison de son gros cou et de sa longue queue. »
Marques et ses collègues se sont également servis des publications de Laurent et de De Witte pour localiser certains des plus anciens spécimens. Ces derniers font aujourd’hui partie des collections du Musée de Dundo (Angola), de l’Institut royal des Sciences naturelles de Belgique (Belgique) et du musée de Zoologie comparée à Harvard (USA).
L’équipe a ensuite analysé les corps des spécimens ainsi que leur ADN pour arriver à la conclusion qu’ils appartenaient à une espèce de scinque méconnue de la science. L’animal ressemblant à un lézard, de forme allongée, doté d’une très longue queue dont la taille fait plus du double de la longueur du corps (en partant du nez jusqu’au début de sa queue), est appelé Trachylepis raymondlaurenti ou scinque à longue queue de Laurent, ainsi nommé en l’honneur de l’herpétologiste belge.
« Raymond Laurent fut l’un des zoologistes ayant le plus contribué aux connaissances actuelles concernant les amphibiens et les reptiles angolais, alors que de Witte s’est concentré sur la RDC, » affirme Marques, également conservatrice adjointe de la collection herpétologique au Musée national d’histoire naturelle et de sciences de Lisbonne (MUHNAC), au Portugal. « Étant donné que l’espèce fut redécouverte en Angola, nous estimons qu’il s’agit d’une bonne manière de reconnaître les contributions importantes de Laurent. De plus, c’est une publication de Laurent qui nous a livré le premier indice nous menant à réétudier le groupe. »
Puisque le scinque à longue queue de Laurent a été découvert dans des zones protégées d’Angola et de RDC, les chercheurs affirment qu’il pourrait vivre dans une vaste région. Ils ont donc proposé que, pour le moment, le statut de conservation du scinque soit de préoccupation mineure sur la liste rouge de l’UICN. De plus, l’équipe n’a trouvé aucune preuve de l’utilisation de la nouvelle espèce par la population locale ni au sein du commerce des animaux domestiques. Les chercheurs estiment qu’une évaluation formelle serait néanmoins nécessaire pour définir correctement le statut de conservation de l’espèce.
Citation:
Marquez, M. P., Ceríaco, L. M., Bandeira, S., Pauwels, O. S., & Bauer, A. M. (2019). Description of a new long-tailed skink (Scincidae: Trachylepis) from Angola and the Democratic Republic of the Congo. Zootaxa, 4568(1), 51-68.
Image de bannière du scinque à longue queue de Laurent de Luis Ceríaco.
Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2019/04/new-species-of-skink-from-angola-has-waited-over-70-years-to-be-described/