- Des enquêtes réalisées auprès de plus de 60 gardes dans le parc national de Kahuzi-Biega en République démocratique du Congo citent les salaires médiocres, le manque de possibilités d’avancement ainsi que les préoccupations sécuritaires pour justifier leur faible satisfaction professionnelle.
- Les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Oryx, sont d’avis que le mécontentement des gardes conduit à une démotivation quant à la protection du parc et de sa vie sauvage, notamment du gorille de Grauer en danger critique.
- Des conditions améliorées, sous forme de meilleurs salaires, de perspectives de promotion et d’un soutien accru de la part des autorités judiciaires et juridiques, pourraient se traduire par une meilleure protection du parc, expliquent les chercheurs.
Un récent sondage auprès de gardes de la faune sauvage du parc national dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) a mis au jour que la plupart d’entre eux sont mécontents de leur emploi.
Faces à des salaires faibles, à peu de perspectives d’avancement et à des confrontations dangereuses, les gardes du parc national de Kahuzi-Biega ont néanmoins indiqué avoir choisi ce métier pour « servir leur pays » et avoir un emploi stable.
« Nos recherches indiquent que ces individus étaient souvent optimistes et motivés au départ, mais que leur motivation et leur satisfaction professionnelles ont diminué au fil du temps », a commenté Charlotte Spira, scientifique de la conservation pour l’organisation Wildlife Conservation Society (WCS) et auteure principale de l’étude. « Sans garantie de sécurité, les gardes ne sont pas motivés pour conduire des patrouilles et bien exécuter leur travail. »
Charlotte Spira et ses collègues ont publié leurs résultats en ligne dans la revue Oryx le 17 janvier.
Le parc national Kahuzi-Biega couvre une étendue de 6 000 kilomètres carrés, composée de plaines et de forêts montagneuses, dans l’une des régions de RDC, et du monde, la plus tumultueuse sur le plan politique. Un cycle perpétuel de violence a conduit au déplacement de dizaines de milliers de personnes, ouvrant la zone à un flux constant de milices et d’armes. La perte d’habitat et le braconnage qui en résultent ont acculé des espèces uniques d’animaux sauvages vers une poignée de zones protégées. Or, même à l’intérieur du Kahuzi-Biega, des animaux sont menacés, à l’image du gorille de Grauer (gorilla beringei graueri), en danger critique Grauer’s gorilla (Gorilla beringei graueri), également connu sous le nom de gorille des plaines de l’est et vivant uniquement en RDC.
Ces défis rendent d’autant plus essentiels ces gardes qui patrouillent les parcs tels que le Kahuzi-Biega, protégeant ainsi ces espèces. Or, lorsque Charlotte Spira et ses confrères chercheurs se sont entretenus avec 62 des 86 gardes du parc entre 2015 et 2016, ils ont découvert que plus de la moitié d’entre eux affichaient de faibles taux de satisfaction professionnelle. Ces trouvailles concordent avec des enquêtes similaires concernant les conditions des gardes de la faune sauvage du monde entier.
Plus de 70 pour cent des gardes ont déclaré ne pas gagner assez d’argent. Tous les gardes du Kahuzi-Biega sont des hommes, qui doivent souvent subvenir au besoin de familles nombreuses ; près de la moitié d’entre eux ont expliqué que l’une de leurs principales motivations était de ramener régulièrement un chèque à la maison. Un garde gagne généralement un salaire de base de 50 $ à 60 $ par mois. Le financement provenant d’organisations de conservation leur ont permis de recevoir un bonus mensuel situé entre 80 $ et 200 $, selon leur rang et le nombre de jours d’arrêt de travail. Fait important, ce bonus n’est pas lié à leur performance, relèvent les auteurs.
Par ailleurs, les gardes interrogés ont ajouté qu’ils pensaient que les communautés locales résisteraient après l’arrestation d’individus qui avaient outrepassé la loi dans le parc. Ceci est en partie dû au fait que les autorités ne gardent généralement en captivité que pour une courte durée les braconniers ou les individus s’adonnant à la pratique illégale fabrique de charbon de bois dans les forêts du parc.
« Le système judiciaire du pays doit être amélioré pour garantir que les contrevenants purgent la peine à laquelle ils ont été condamnés et sont punis s’ils se vengent contre les gardes » a déclaré Richard Tshombe, directeur du programme WCS en RDC.
Résoudre ces problèmes requiert des lois claires qui font face à ces situations, ainsi que des formations adéquates des gardes, de sorte qu’ils sachent comment se comporter en cas de situations potentiellement violentes, a poursuivi Richard Tshombe.
Il existe en outre d’autres manières d’améliorer les conditions d’emploi des gardes, a ajouté Charlotte Spira.
« Les responsables doivent fournir aux gardes un salaire qui reflète le coût de la vie et les risques associés au travail. Il faut plus de possibilités de les promouvoir, de reconnaître leur travail en interne comme en externe, tout en leur donnant des incitations à fournir une performance positive et en améliorant leurs conditions de vie dans les postes de patrouille reculés », a-t-elle ajouté.
Selon les auteurs, en faisant de telles améliorations, tout en offrant aux gardes des perspectives d’avancement de carrière, le quotidien de ces derniers s’en trouvera amélioré et plus satisfaisant. Ces changements pourraient également entraîner une hausse de motivation des gardes, ce qui se traduirait par une meilleure protection du parc et de ses animaux sauvages.
Image de bannière d’un gorille de Grauer dans le parc national de Kahuzi-Biega, prise par Joe McKenna via Wikimedia Commons (CC BY 2.0).
Citation
Spira, C., Kirkby, A. E., & Plumptre, A. J. Understanding ranger motivation and job satisfaction to improve wildlife protection in Kahuzi-Biega National Park, eastern Democratic Republic of the Congo. Oryx, 1-9.
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Article original: https://news-mongabay-com.mongabay.com/2019/01/wildlife-rangers-in-drc-park-report-waning-motivation-job-satisfaction/