- Les autorités provinciales de la République Démocratique du Congo ont accordé des concessions forestières à cinq de leurs communautés.
- A la suite de l'implémentation d'une nouvelle stratégie forestière en juin dernier, le gouvernement a transmis pour la première fois la gestion des forêts à des communautés.
- Les organisations de conservation et du développement durable considèrent l'exploitation de la forêt comme une manière de lutter contre la pauvreté rurale et la déforestation.
Cinq communautés de la République Démocratique du Congo (RDC) et leurs 10 000 résidents qui y sont installés ont acquis le contrôle juridique des forêts dont ils dépendent.
Ce mois-ci, les responsables gouvernementaux de la province de l’Equateur de la RDC ont validé les candidatures de cinq communautés pour exploiter des sections forestières dans le pays, dont la superficie recouvre environ 300 kilomètres carrés (116 miles carrés).
Julien Mathe, directeur de l’ONG “Groupe d’action pour Sauver l’Homme et son Environnement” (GASHE) a déclaré : “si les concessions forestières communautaires en RDC réussissent, elles devront être assurées par et pour les communautés elles-mêmes; nous avons espoir que les communautés que nous soutenons pourront servir d’exemple à d’autres collectivités à travers le pays.”
Ces concessions sont les premières à être accordées à des communautés, dans le cadre du projet pilote conduit par GASHE et la Fondation britannique de la Forêt tropicale basée à Londres et subventionné par le Département Britannique du Développement International. L’objectif est d’encourager des programmes de concessions forestières communautaires afin de s’attaquer à la fois à la pauvreté et à la protection des forêts tropicales de la RDC. Près de la moitié de la population de la RDC qui compte 81 millions de personnes, dépend des nombreuses forêts du pays, dont la superficie totale recouvre environ 1 million de kilomètres carrés (386 000 miles carrés).
Bien que le taux de déforestation en RDC n’ait pas atteint encore le niveau de celui d’Asie du Sud Est et de l’Amazonie, les recherches récentes ont montré que l’augmentation du besoin en terre agricole pour nourrir une population croissante est la première cause de la déforestation. Les autorisations de coupe de bois accordées récemment par le gouvernement national ont mis en alerte les groupes de conservation qui en déduisent que les dirigeants du pays pourraient cesser prochainement le moratoire sur l’exploitation forestière en RDC mis en place depuis 2002.
Cependant, en mai 2018, le gouvernement a accepté un projet qui donne le contrôle de portions forestières aux communautés locales en RDC. En dehors des zones protégées et des autorisations de coupes, une surface de 750 000 kilomètres carrés (290 000 miles carrés) pourrait être réservée à des forêts communautaires, couvrant une aire plus large que l’état américain du Texas, ou de la Zambie, pays voisin au sud-est de la RDC.
Kiri Asubwa, une habitante du village de Mibenga a dit que la reconnaissance officielle du rôle des communautés clarifie le statut de la forêt. Asubwa a déclaré : “certains avaient cru que nos forêts avaient été bradées, mais aujourd’hui nous possédons enfin ce titre juridique qui nous garantit la propriété de notre terre.” “Nous avons maintenant la responsabilité de nos forêts.”
Les recherches ont démontré la stabilité des réserves de carbone et parfois leur essor quand les locaux et les communautés indigènes ont le droit légal d’exploitation forestière; ces concessions sont généralement moins en proie à la déforestation que les zones où ces droits n’existent pas. RFUK et GASHE espèrent qu’en soutenant un plus grand nombre de communautés à acquérir un permis d’exploitation forestière, ils aideront à protéger les forêts du pays.
Simon Counsell, directeur général de RFUK a déclaré : “pendant des décennies, les communautés forestières du Bassin du Congo ne possédaient presque ou aucun droit sur les territoires forestiers. “Afin de réduire la pauvreté et de prévenir les ravages de la déforestation grandissante, il est vital que le gouvernement congolais soutienne entièrement l’exploitation forestière communautaire, qui, à long terme, pourra bénéficier aux locaux.”
Image de bannière Fête au village de Llinga prêtée par RFUK.
Les notes de l’éditeur : Une version antérieure de cet article contenait une erreur à propos des concessions accordées par la province de l’Equateur. Les cinq communautés citées dans cet article ont été les premières à faire partie de ce projet-pilote, mais les autorités de la province, dans le passé, avaient déjà autorisé des concessions à d’autres communautés qui ne faisaient pas partie du projet.