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Les « cowboys » et les intermédiaires prospèrent dans le Far West du marché du carbone

  • Une foule d’acteurs différents se pressent sur le marché volontaire du carbone, à mesure que sa valeur a progressé.
  • Motivées par les profits potentiels, une préoccupation pour le changement climatique ou une combinaison des deux, ces entreprises et organisations font le lien entre les crédits générés par des projets, comme ceux qui s’inscrivent dans le programme de conservation des forêts REDD+ et des acheteurs, souvent des entreprises et des individus des pays du Nord qui cherchent à compenser leur impact climatique.
  • Certains groupes disent qu’ils allègent le fardeau des tâches comme le marketing pour que les communautés et les équipes de projet sur le terrain puissent se concentrer sur le « travail qui fait la différence ».
  • Mais d’autres, parfois appelés les « cowboys du carbone », semblent s’intéresser aux profits possibles liés à la négociation de crédits carbone. Certains ont été accusés de ne pas avoir l’expertise nécessaire pour leur travail, ou de ne pas suffisamment informer les communautés locales sur les projets envisagés et les pièges potentiels.

Cet article est le troisième d’une série en cinq parties sur les crédits-carbone forestiers et le marché volontaire du carbone. Rendez-vous ici pour lire la première partie et la deuxième partie.

LUMI, Papouasie-Nouvelle-Guinée — Quand Andrea Babon a appris ce qu’une entreprise appelée Kanaka Management Services (KMS) faisait en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), elle a été atterrée par l’incohérence manifeste de ses plans. Le cabinet-conseil basé en Inde avait délimité un projet de conservation forestière dans la province d’Oro, qui, selon KMS, réduirait les émissions de carbone annuelles de millions de mètres cubes qui pourraient être vendus comme crédits sur le marché volontaire du carbone.

« J’ai peine à croire qu’il s’agit de vrais porteurs de projet carbone en voyant la mauvaise qualité de leurs descriptifs de projet », Babon a dit à Mongabay dans un e-mail. En 2022, la chercheuse australienne spécialiste du programme de conservation des forêts appelé REDD+ a travaillé avec des collègues en PNG et au-delà pour signaler les plans de KMS au gouvernement de la PNG et à Verra, le plus grand certificateur de crédits carbone au monde. Verra a inscrit le projet sur son site internet avec le statut « Autorisation d’enregistrement et de vérification demandée » une mention qui veut dire que le projet était, et est toujours, fin 2023, en cours d’examen.

REDD+, qui est l’abréviation de réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation forestière, est une stratégie de conservation des forêts qui, dans une version, cherche à monnayer les émissions de carbone « réduite » par un projet. Une partie de cet argent est ensuite censé soutenir le développement économique des communautés qui sont chargées de la gestion durable ou améliorée des forêts qui permettra ces économies de carbone.

Les critiques du projet de la province d’Oro par Babon et ses collègues comprenaient des questions techniques, par exemple, le fait que les documents du projet n’identifient pas comment KMS lutterait contre la perte et la dégradation forestières dans la zone proposée de 418 000 hectares. L’absence de ces détails remet en cause le fait que le projet soit vraiment en mesure de retenir les 800 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur la durée de vie du projet de 100 ans comme KMS le prétend. Le fait de démontrer cette « additionnalité » de réduction des émissions par la conservation forestière fait partie intégrante de la manière dont les crédits carbone sont estimés sur le marché volontaire du carbone.

Des observateurs ont fait remarquer que le projet pourrait également poser des problèmes aux communautés à proximité, car il est difficile d’établir si ou comment KMS a informé les communautés locales de ses intentions. Et Babon avait constaté que des parties de la demande écrite de KMS faisaient référence à des routes qui ne sont pas présentes dans la zone du projet, et à des voies ferrées, qui n’existent pas en dehors des sites d’exploitation minière en PNG, comme facteurs potentiels de déforestation. Elle a dit soupçonner que KMS avait copié cette section d’une demande pour un projet situé dans une autre situation géographique.

« Le document du projet est mal écrit, en grande partie incompréhensible, et il manque les détails qui permettrait une évaluation technique adéquate du projet », ont écrit Babon et un collègue dans une analyse du projet en mars 2022.

The forested Torricelli Mountains in Papua New Guinea.
Les monts Torricelli, un massif montagneux boisé en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image de John Cannon/Mongabay.

KMS ne limite pas son travail à la province d’Oro. Babon a trouvé que l’entreprise a un deuxième projet, encore plus gros dans une autre partie de la PNG. Dans ce cas, le projet couvre des zones de quatre provinces, mais il est de la même façon truffé d’erreurs similaires. Les ambitions de l’entreprise ne s’arrêtent pas non plus aux frontières de la PNG. Elle a travaillé en République démocratique du Congo (RDC) sur un projet qui a été rejeté par Verra, et en Zambie. Ces deux projets en Afrique avaient également suscité des doutes quant à l’expertise de l’entreprise et l’égard qu’elle porte aux droits des communautés.

KMS n’a pas mis à disposition de représentants pour parler à Mongabay, malgré des demandes répétées depuis mai 2022, et l’entreprise n’a pas répondu à des questions particulières sur le projet.

L’entreprise est ce que l’on appelle un promoteur ou développeur de projet. Certains dirigeants en PNG appellent KMS et d’autres entreprises du même genre des « cowboys du carbone », et leur travail a conduit le pays à instituer un moratoire sur tous les projets REDD+ le 2 mars 2022.

Un ensemble diversifié d’acteurs connectent ces projets carbone sur le terrain avec des acheteurs de crédits, chaque crédit représentant une tonne de dioxyde de carbone. Le marché volontaire du carbone est un moyen de canaliser des fonds privés vers la conservation des forêts, selon les supporteurs. Ils disent également qu’il est urgent de s’attaquer au changement climatique, étant donné l’extrême lenteur des actions menées par les gouvernements et d’un processus distinct soutenu par l’ONU pour échanger des émissions carbone qui emploie également les principes de REDD+.

La valeur du marché volontaire non réglementé s’est accrue pour atteindre un pic d’environ 2 milliards de dollars en 2021, selon Ecosystem Marketplace, ce qui représente une multiplication par quatre par rapport à 2020. Cette envolée a amené certains observateurs à exprimer leur inquiétude que la perspective de gagner de l’argent, plutôt qu’un intérêt durable pour l’atténuation du changement climatique ou la protection des forêts a attiré certains de ces acteurs dans la mêlée.

D’autres groupes ou d’autres personnes appelés intermédiaires cherchent à fournir des services comme la surveillance forestière par satellites, ou des services de marketing qui, en théorie, permettent aux équipes des projets sur le terrain de consacrer la majorité de leur temps au travail de conservation des forêts.

L’afflux de ces acteurs fait qu’il est difficile de déduire par exemple la proportion du prix d’un crédit qui va dans la restauration de forêt, les efforts visant à éviter la déforestation et les autres activités destinées à lutter contre les niveaux inquiétants d’émissions et de perte de forêts. La tendance a également exposé les dangers d’un marché très peu réglementé, en particulier aux personnes ayant le moins de pouvoir dans le système qui jouent tout de même un rôle essentiel dans toutes les solutions axées sur la nature visant à atténuer le changement climatique.

Dans le même temps, un concert de critiques s’est élevé pour remettre en question le fait que même les crédits REDD+ les plus vantés sur le marché volontaire réduisent vraiment les émissions de carbone dans les proportions annoncées.

A farmer standing in his rice field in the Democratic Republic of Congo.
Un fermier debout dans son champ de riz en République démocratique du Congo. Image de John Cannon/Mongabay.

Acteurs sur le marché du carbone

À l’échelle de la planète, les terres forestières tropicales gérées par des communautés et des autochtones contiennent plus d’un cinquième du carbone forestier du monde. Une étude publiée en 2020 dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences a trouvé que les territoires autochtones et les aires protégées en Amazonie contiennent près de 60 % du carbone de la région, mais ne représente que 10 % des émissions.

Levi Sucre Romero, un leader autochtone Bribri du Costa Rica et le coordinateur de l’Alliance méso-américaine des peuples et des forêts (AMPB, d’après l’espagnol Alianza Mesoamericana de Pueblos y Bosques), déclarait dans un essai inédit partagé avec Mongabay que les peuples autochtones et les communautés locales (PACL) devraient tirer un bénéfice des projets liés au carbone sur leurs terres. Mais, il expliquait qu’il a des inquiétudes vis-à-vis des acteurs qui connectent ces communautés au marché et de leur mode de fonctionnement.

« En théorie, le marché carbone pourrait aider à conserver le carbone dans nos forêts et en dehors de l’atmosphère, et ses profits pourraient nous aider à faire avancer l’administration des forêts », a écrit Sucre. « Au lieu de quoi, nous voyons arriver des intermédiaires inconnus sur nos terres, qui parlent à des personnes qui n’ont pas de rôles de leadership, font des promesses mensongères et nous disent de « signer là ».

L’approche de KMS en matière d’engagement des communautés autour de REDD+ en RDC semble avoir reflété les descriptions de Sucre, selon une publication de Mongabay en 2022. Les communautés déclaraient avoir reçu peu de détails des représentants de KMS, qui ont passé 15 à 45 minutes à expliquer le projet dans chaque communauté. Les formulaires qu’ils leur ont demandé de signer étaient en anglais et en français, dans une zone où les taux d’alphabétisation sont faibles et la plupart des habitants parlent peu français et pas anglais.

Ailleurs, dans l’État malaisien de Sabah, un groupe mené par un cabinet-conseil australien et une entreprise singapourienne a signé un accord avec des dirigeants de l’État pour obtenir des droits pour vendre des crédits pour du carbone et d’autres « ressources naturelles » en lien avec 2 millions d’hectares de forêts. Malgré la condamnation généralisée des groupes de défense des droits autochtones à Sabah et à l’étranger pour ne pas avoir inclus les communautés dans le processus de prise de décisions, le projet continue d’avancer, d’après Jeffrey Kitingan, Vice-Premier ministre de Sabah et le plus ardent partisan du projet. Kitingan et ses associés ont refusé de parler à Mongabay et de répondre à des questions clés sur l’accord en dépit d’invitations répétées.

A truck hauling timber from rainforests in Malaysian Borneo.
Un camion transportant du bois en provenance des forêts tropicales de la partie malaisienne de Bornéo. Image de John Cannon/Mongabay.

L’opacité dans laquelle les intermédiaires peuvent mener leurs activités dans le marché volontaire du carbone suscite de nombreuses critiques, en grande partie, car les frais et les parts dissimulés des revenus tirés des projets qu’ils détournent obscurcissent la valeur réelle de l’argent qui est destiné à l’action climatique. Déterminer la proportion qui parvient effectivement au travail supposé financer l’action climatique, comme lutter contre la déforestation, est difficile, voire impossible, pour de nombreux acteurs, a déclaré Gilles Dufrasne, chargé de politique pour les marchés mondiaux du carbone à l’organisation à but non lucratif Carbon Market Watch, qui est l’auteur d’un rapport publié en février 2023 sur les intermédiaires.

« C’est un peu fou que personne ne mesure ça », a dit Dufrasne à Mongabay. « Il n’y a pas de chiffres, aucune donnée sur la proportion des finances qui va vraiment à l’action climatique ».

Environ 90 % des intermédiaires ne communiquent pas ce qu’ils facturent ou ce qu’ils gagnent des échanges de crédits. Dufrasne a trouvé que pour les intermédiaires qui déclarent leurs recettes, les tarifs moyens étaient environ de 15,5 % par transaction. Il a suggéré que demander une plus grande transparence pourrait améliorer l’équité sur le marché, et l’efficacité des financements destinés à l’action climatique.

« Sans plus de transparence, il y a un risque de parier sur le mauvais cheval », a-t-il dit. Ce qui peut vouloir dire que le marché volontaire « pourrait ne pas fournir autant d’argent [à l’atténuation du changement climatique] que nous le pensons ».

A village in the Papua New Guinean highlands.
Un village dans les montagnes de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image de John Cannon/Mongabay.

Une poussée vers l’innovation, mais à quel prix ?

Malgré toutes les réputations ternies d’intermédiaires sur le marché du carbone, il y a des gestionnaires qui sont prêts à partager ce qu’ils considèrent comme de précieux ajouts au marché.

Pachama, une organisation basée en Californie soutenue par des investisseurs milliardaires comme Marc Benioff and Bill Gates, aide de grandes entreprises à acheter des crédits, parfois pour compenser leurs propres émissions. Pachama a également fait la promotion de niveaux de référence dynamique comme solution alternative aux méthodes actuelles qui s’appuient sur les taux de déforestation prévus en l’absence de projet.

Les méthodes pour calculer l’impact des projets varient considérablement et constituent une question clé pour laquelle le marché volontaire et REDD+ ont été récemment critiqués. L’une des critiques principales a été que les développeurs des projets REDD+ avaient une marge de manœuvre pour choisir la méthodologie utilisée pour calculer les impacts de leur projet sur la réduction des émissions issues de la déforestation. Plus la déforestation qui selon leurs prédictions se serait produite en l’absence de leur projet est grande, plus leur projet paraîtra efficace, et par conséquent plus ils peuvent vendre de crédits. (Le 27 novembre, Verra, le certificateur de crédits carbone a mis à jour sa méthodologie REDD pour les projets visant à éviter la déforestation « non planifiée », la perte de forêts insidieuse qui se produit à plus petite échelle. Le groupe basé à Washington indique que ces changements mettent le processus de détermination des niveaux de référence sous la responsabilité de Verra.)

Les niveaux de référence dynamique de Pachama sont réévalués tout au long de la vie d’un projet. Contrairement aux scénarios hypothétiques utilisés actuellement, la technique consiste à apparier chaque pixel d’une image satellite d’un projet à un pixel d’une zone témoin en dehors des limites du projet.

« C’est comparable à un essai clinique, en ce que nous essayons d’isoler l’effet du projet par rapport aux changements dans le paysage général », Dick Cameron, vice-président de la division scientifique de Pachama a expliqué à Mongabay. « Cela pourrait changer la façon d’allouer les crédits. »

L’approche permettrait de déterminer combien de crédits un projet devrait générer sans les prédictions basées sur des hypothèses que les détracteurs des marchés du carbone ont critiquées.

A logging camp in the Torricelli Mountains in Papua New Guinea.
Un camp de bûcherons dans les monts Torricelli en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image de John Cannon/Mongabay.

Pourquoi des marchés ?

Les partisans du marché volontaire du carbone invoquent souvent la possibilité de diriger de l’argent du secteur privé vers la conservation des forêts comme l’un de ses bénéfices clés, en particulier vu la lenteur du système REDD+ de l’ONU et des marchés de « conformité » obligatoires entre États visant à plafonner les émissions. À la suite de la croissance du marché volontaire de carbone, une foule d’entreprises intermédiaires a surgi avec l’idée d’agir immédiatement pour faire face à la gravité de la crise climatique.

L’entreprise Respira International basée à Londres a pour objectif de réunir l’expertise financière et l’expertise de conservation des forêts. Respira a été cofondée par une professionnelle de la finance, Ana Haurie en 2019. L’un des objectifs clés de l’entreprise est d’aider des projets à obtenir un financement initial pour leur travail. Respira facilite des accords d’exploitation à long terme pour ces projets, essentiellement des engagements à acheter les crédits que le projet générera à terme.

Haurie, également PDG de Respira, a indiqué que le travail pour aborder la déforestation et les réductions associées en émissions est crucial et urgent.

« Si nous ne faisons rien pour arrêter les taux de déforestation », a dit Haurie, « [nous aurons] de plus gros problèmes à régler. »

« Ces réductions ont lieu en ce moment », a-t-elle ajouté, « et sans demande pour ces réductions, quel est le moteur de l’incitation ? Il n’y en a pas. »

Sur une autre partie du spectre se trouvent des entreprises comme Everland, qui est basée aux États-Unis et qui s’occupe du marketing et de la communication pour des projets REDD+ dans le monde entier. En théorie, endosser ces tâches permet aux promoteurs de concentrer leurs efforts sur le travail communautaire et de conservation qui générera les crédits carbone.

Josh Tosteson, le PDG d’Everland, a dit que faire arriver les fonds à destination est primordial.

« La majorité substantielle de l’argent doit atteindre les intervenants qui ont leur mot à dire sur ce qui se passe dans la forêt », a dit Tosteson dans une interview. « C’est le point clé. »

Il a indiqué que les intermédiaires peuvent tout de même jouer un rôle important, en particulier à un moment où les critiques du marché volontaire s’intensifient et entraînent une plus grande volatilité.

« Les intermédiaires financiers ont souvent mauvaise réputation », a-t-il dit. Mais, il a ajouté, « L’une de leurs fonctions principales, et c’est vrai pour tous les marchés, est d’absorber le risque du marché ».

Oil palm in Malaysian Borneo.
Des palmiers à huile dans la partie malaisienne de Bornéo. Image de John Cannon/Mongabay.

Quelle est la valeur des services ?

La plupart des intermédiaires affirment demander un prix « juste » pour leurs services. Mais ce qu’ils considèrent être juste est souvent difficile à identifier et c’est quelque chose qu’ils semblent réticents à partager, comme l’a découvert Gilles Dufrasne avec son rapport de février pour Carbon Market Watch.

Les conditions de l’accord sur le capital naturel dans l’État de Sabah prévoient que l’entreprise singapourienne Hoch Standard obtiendrait 30 % des revenus bruts du projet, bien que l’accord exige que l’État de Sabah assume la majorité des coûts de gestion, selon une analyse par des groupes de la société civile et des groupes de recherche. Dans le cas de Hoch Standard et de son partenaire australien, Terra Australia, les risques pris par les entreprises ne sont pas clairs. Les critiques de l’accord disent que l’État de Sabah et ses habitants ont le plus à perdre si l’affaire tourne mal.

Les détails sur le partage des revenus n’ont été connus qu’après qu’une copie du document ait été divulguée fin 2021. Ce document n’incluait pas des détails essentiels, comme l’emplacement des forêts lorsqu’il a été signé en octobre 2021, et à ce jour les auteurs n’ont pas encore rendu ces informations publiques.

La manière de diviser les revenus issus de la vente de crédits carbone est une autre question importante pour les organisations qui travaillent avec des projets de conservation forestière REDD+ de communautés. En Papouasie-Nouvelle-Guinée, Jim Thomas, le PDG de l’ONG Tenkile Conservation Alliance (TCA), a reçu de nombreuses sollicitations de promoteurs de projets carbone promettant de grosses retombées financières pour les communautés dans les monts Torricelli, où TCA travaille depuis vingt ans.

Un grand nombre des habitants de ces communautés ont entendu parler des perspectives d’accord sur le carbone, et ils disent qu’ils sont intéressés par un cadre qui pourrait freiner la pression constante d’abattre des arbres sur leurs terres. La pression pour abattre des arbres précieux de la région et défricher des terres pour des cultures comme le palmier à huile s’intensifie sur la zone du projet de TCA.

« Le carbone arrête tout ça », a dit dans une interview Lawrence Yanamba, le directeur de l’école primaire de la communauté de Muku. Il a ajouté que le financement carbone pourrait être une solution « plus sûre, plus saine et plus riche » pour le développement de sa communauté.

Harvested timber awaiting international shipment in New Ireland, Papua New Guinea.
Du bois coupé en attente d’être expédié à l’international dans la province de Nouvelle-Irlande en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image de John Cannon/Mongabay.

Dans les villages où TCA travaille, les forêts restent particulièrement verdoyantes et abritent un nombre croissant de kangourous arboricoles, notamment des espèces en danger critique d’extinction. Des zones de ces forêts restent également le lieu pour les jardins, les matériaux de construction et les remèdes qui subviennent aux besoins des populations qui vivent là depuis des générations.

Thomas reste sceptique devant les promoteurs « cowboys ». Mais comme Yanamba, il souhaite trouver un moyen d’aider les communautés de la région à profiter financièrement de l’avènement de REDD+ au milieu des années 2000.

Un groupe d’investisseurs potentiels a proposé de prendre 30 à 50 % des ventes de crédits carbone sur la durée de vie de 30 ans d’un projet dans les monts Torricellis. Mais, Thomas a dit que ses calculs approximatifs indiquaient que TCA, une organisation à but non lucratif, pouvait gérer les tâches administratives de la commercialisation des crédits carbone et de la transmission des fonds aux communautés pour une fraction de ce montant.

Le CIFOR-ICRAF, une organisation de recherche et de développement internationale, a été approché par des promoteurs avec des conditions comparables dans les forêts tropicales où l’organisation exerce ses activités, a dit le directeur général Robert Nasi. Mais, l’organisation hésite à travailler avec des entreprises qui exigeraient des tarifs élevés quand leur seule valeur ajoutée serait de trouver quelqu’un pour acheter les crédits que les communautés et l’organisation généreraient.

Dans ces cas-là, « nous trouverons des acheteurs nous-mêmes », a-t-il dit à Mongabay dans une interview.

 
Image de bannière : Des femmes faisant des jupes à partir d’herbes dans la province des Hautes-Terres méridionales de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Image de Rita Willaert Flickr (CC BY-NC-SA 2.0).

Article original: https://news.mongabay.com/2024/01/cowboys-and-intermediaries-thrive-in-wild-west-of-the-carbon-market/

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