Nouvelles de l'environnement

Trafficked : trois chimpanzés kidnappés d’un centre d’accueil en RDC

  • Des intrus ont enlevé trois jeunes chimpanzés dans un centre d’accueil en RDC.
  • Ils ont menacé de tuer les animaux si une rançon n’était pas versée pour leur restitution.
  • Les menaces à l’encontre des organisations qui luttent contre le commerce illégal d’espèces sauvages en RDC se sont intensifiées au cours des derniers mois.

LUBUMBASHI, République démocratique du Congo — Trois chimpanzés ont été kidnappés et sont détenus contre rançon après que des intrus sont entrés par effraction dans un centre d’accueil pour primates en République démocratique du Congo (RDC). Franck Chantereau, fondateur du Centre de réhabilitation pour primates J.A.C.K., indique que les ravisseurs se sont introduits dans l’installation de sept hectares située à Lubumbashi, dans le sud du pays, vers 3 heures du matin le 9 septembre et ont emmené les chimpanzés.

Depuis, ils ont envoyé plusieurs messages demandant une rançon au centre. Mr Chantereau ex-plique qu’ils ont menacé de tuer les singes, qui ont entre 2 et 5 ans, et d’expédier leur tête au centre si leurs exigences ne sont pas satisfaites. J.A.C.K., avec l’appui de ses partenaires, coopère avec les autorités afin de retrouver les ravisseurs et sauver les jeunes chimpanzés. La police a de-mandé que certains détails de l’enquête ne soient pas révélés.

« C’est un cauchemar […] c’était un tel désastre », raconte Mr Chantereau dans un entretien télé-phonique avec Mongabay depuis la RDC. « Nous avons surmonté beaucoup de défis au cours des 18 dernières années. Mais rien de tel qu’un enlèvement de singes. Ils ont également menacé de kidnapper ma femme et mes enfants. »

J.A.C.K. est l’un des trois centres d’accueil pour primates de la RDC et héberge actuellement en-viron 40 chimpanzés (Pan troglodytes), ainsi que d’autres espèces menacées, dont des mangabeys à ventre doré (Cercocebus chrysogaster), des lesulas (Cercopithecus lomamiensis) ou des cercopi-thèques de Wolf (Cercopithecus wolfi). Depuis sa création en 2006, l’équipe du centre a réhabilité des primates victimes de trafiquants d’animaux sauvages et leur a fourni un abri, de la nourriture et des soins. Elle s’est également consacrée à la sensibilisation du public au commerce illégal d’animaux sauvages.

Chimpanzé. Virunga, RDC. Image de Joseph King via Flickr (BY-NC-ND 2.0)
Chimpanzé à Virunga, RD Congo: La déforestation et la chasse n’en finissent pas de mettre les grands singes d’Afrique en danger. Image de Joseph King via Flickr (BY-NC-ND 2.0)

Adams Cassinga, fondateur de ConservCongo, une ONG congolaise qui enquête et aide à pour-suivre en justice les crimes contre la faune sauvage, estime que cet incident est un signe inquiétant que les trafiquants deviennent plus audacieux en l’absence d’une application efficace de la loi.

« C’est très rare, c’est la première fois que j’entends parler de ce genre de choses, pas seulement en Afrique, mais dans le reste du monde. Nous avons déjà eu vent [d’]individus utilisant la faune sauvage comme bouclier ou pour servir leurs intérêts politiques ou sociaux. Mais c’est la première fois que j’entends parler de personnes qui kidnappent littéralement des animaux pour réclamer de l’argent », affirme-t-il à Mongabay lors d’un entretien téléphonique.

« Ces gens ont porté le crime contre la faune sauvage à un niveau supérieur. Et il faut que les re-présentants de la loi intensifient également leur action. La panique et la peur règnent. »

L’enlèvement des chimpanzés du centre d’accueil de Lubumbashi s’est produit quelques semaines seulement après un incendie criminel aux bureaux d’APPACOL-PRN, une autre ONG de protec-tion de la faune sauvage. Ils interviennent notamment sur la saisie d’animaux sauvages menacés ou de viande de brousse et collaborent souvent avec des centres de réhabilitation tels que J.A.C.K.

L’incendie du 8 août à Lodja, une ville de la province de Sankuru, au centre de la RDC, a détruit la totalité des archives, des outils de communication et des équipements de l’organisation.

« Oui, le feu était mis pour me décourager de lutter contre le trafic illicite surtout que ce dernier j’ai beaucoup facilité les saisies des espèces protégées [sic] », explique Héritier Mpo, directeur d’APPACOL-PRN, à Mongabay.

Il a confié que dans les mois précédant l’incendie, l’association a reçu de nombreuses menaces après avoir contribué à la confiscation de viande de brousse et d’animaux sauvages vivants bra-connés, et à l’arrestation de trafiquants armés.

« Beaucoup des trafiquants des singes sont dans la région, ils sont très très bien organisés en ré-seau. Ils favorisent, des singes, bonobos, okapi (peaux), ivoires, pangolin (écailles). [Les animaux] sont tués et vendus à Kinshasa, l’Est du pays, et Lubumbashi via plusieurs itinéraires terrestres, fluviaux », dit-il.

« Étant donné, mon travail détruit la monté en puissance le trafic des animaux, je suis la cible c’est pourquoi, le bureau de mon association a été en 2020 cambriolé et incendié en 2022. » [sic]

Mr Mpo a déclaré que l’incident allait freiner l’action de l’organisation, mais qu’ils prévoient de reconstruire et de continuer.

Cet article a été initialement publié dans le cadre de la série de Mongabay Trafficked, qui porte sur le commerce illégal d’animaux sauvages en Afrique. Il est à retrouver dans son intégralité sur notre site en anglais.

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