- Des organisations de défense de l’environnement et de la protection des animaux croient que la ville de Butembo, à l’est de la RDC, est la nouvelle plaque tournante des contrebandes d’espèces sauvages.
- L’est de la République Démocratique du Congo connaît des conflits armés qui occasionnent des pertes en vies humaines et favorisent des attaques contre les aires protégées - surtout les animaux qui y vivent.
- La République Démocratique du Congo abrite des espèces énormes et son territoire couvre au moins 60% de la superficie du bassin du Congo.
Deux nouveaux présumés trafiquants d’espèces sauvages ont été arrêtés avec 38 kg d’ivoire et deux peaux de léopards à Butembo. Située au Nord Kivu à l’est de la République Démocratique du Congo, cette ville est l’importante agglomération commerciale du Nord-Kivu.
La nouvelle de cette arrestation a été annoncée ce mardi 8 février à par Conserv Congo, une organisation environnementale congolaise spécialisée dans la lutte contre le trafic d’espèces sauvages et le braconnage.
Adams Cassinga, directeur de Conserv Congo, explique que l’opération a été réalisée une semaine plus tôt par la police de Butembo et a permis de mettre la main sur ces deux présumés trafiquants. Il s’agit des hommes d’une cinquantaine d’années qui se préparaient à traverser la frontière vers l’Ouganda, un voisin de l’est de la RDC où ils voulaient vendre leurs marchandises.
Le commandant de la police à Butembo a confirmé cette information et a indiqué que les deux hommes sont pour l’instant entre les mains des services de sécurité qui poursuivent le démantèlement du réseau des trafiquants.
Butembo, plaque tournante des trafiquants d’ivoire
C’est la troisième arrestation des trafiquants d’espèces sauvages en moins d’une année à Butembo.
En juillet 2021, un homme présumé trafiquant d’ivoire avait été maitrisé, tué par des habitants alors qu’il tentait de s’échapper des mains des éco gardes du parc national des Virunga dépêchés à Butembo pour l’arrêter.
Un mois plus tard, dans la même ville, ils ont réussi à arrêter le chef milicien Jackson Muhukambuto. Muhukambuto et sa milice active à Lubero et Rutshuru (Nord-Kivu) sont accusés d’avoir tué 19 agents du parc des Virunga ainsi que de nombreux civils et membres de forces de sécurité lors des différentes opérations de trafic d’espèces sauvages, principalement de l’ivoire.
Pour Adams Cassinga, Butembo est aujourd’hui une plaque tournante importante du trafic d’espèces sauvages suite à sa proximité avec le parc national des Virunga et son ouverture vers le marché Ougandais.
«La ville de Butembo devient progressivement l’une des plaques tournantes du trafic d’espèces sauvages. Cela s’explique simplement par sa proximité avec le parc national des Virunga. Mais aussi à cause de l’exportation vers la frontière avec l’Ouganda » a expliqué Adams Cassinga.
Au moins 80% des produits fauniques trouvés sur le marché noir ougandais proviennent de la RDC, et principalement du Nord-Kivu, ajoute-il.
« Le Nord-Kivu est devenu une zone très problématique, et qui nécessite une attention particulière », révèle Adams Cassinga dont l’organisation a contribué à l’arrestation ou au démantèlement des réseaux des milliers de trafiquants. Les réseaux des dix dernières années proviennent de la RDC.
Selon Cassinga, les efforts dans la conscientisation des communautés devraient être augmentés.
« Les gens ne devraient pas être simplement arrêtés sans être éduqués, vous savez, et cela nécessite l’implication de tout le monde, les églises, les organisations communautaires, les autorités locales, provinciales et nationales, et les transporteurs », a expliqué le directeur de Conserv Congo.
Dernièrement, Interpol avait annoncé avoir saisi 50 kg d’ivoire et 60 perroquets gris de la RDC en destination de l’Ouganda, dans le cadre de l’opération dénommée « Golden Strike ».
Cette opération visait des criminels et les réseaux de contrebande d’espèces sauvages protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacés d’extinction (CITES) d’Afrique vers l’Asie.
L’opération d’une durée de 8 semaines a été réalisée à la fin 2021 dans 23 pays en Asie, États-Unis, en Afrique ainsi qu’en Europe.
Photo: Bora Ntianabo Marie Jeanne, 29 ans, eco garde au park Kahuzi Biega en compagnie de son collègue de travail/Photo de David Kalinga Safari/Mongabay