Selon un récent rapport, le système de cartographie par sonar haute-fréquence d’une compagnie pétrolière est à l’origine de l’échouage massif de dauphins survenu au nord-ouest de Madagascar en 2008.
Ce rapport, publié aujourd’hui par un comité d’examen scientifique indépendant, révèle que l’échouage d’une centaine de dauphins d’Électre a été « principalement déclenché » par des tests sismiques effectués par un prestataire de la compagnie ExxonMobil.
En mai-juin 2008, la Wildlife Conservation Society (WCS) a formé une équipe d’intervention internationale en réaction à l’échouage massif d’une centaine de dauphins d’Électre dans les mangroves côtières du nord-ouest de Madagascar. (Photographie : T. Collins/WCS.)
Le rapport a été rédigé à l’issue d’un long processus d’enquête qui a fait intervenir des agences gouvernementales malaisiennes et américaines ; des scientifiques de la WCS et du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW), qui ont réalisé des nécropsies des dauphins échoués ; et la Commission baleinière internationale (CBI). Ce rapport conclut que « les futures études environnementales, planifications opérationnelles et décisions réglementaires doivent prendre en compte le risque de réponses comportementales et de blessures ou mortalité indirectes résultant de l’utilisation de sondeurs multifaisceaux. »
Les chercheurs de la WCS et les autres membres de l’équipe d’intervention ont capturé une partie des dauphins d’Électre pour les ramener au large. (Photographie : T. Collins/WCS.) |
La WCS, qui a contribué au sauvetage des dauphins échoués, confirme que ces résultats sonnent l’alerte sur l’impact des tests sismiques sur les mammifères marins.
« Ces découvertes suscitent des inquiétudes sur l’impact des perturbations sonores sur les mammifères marins, car ces systèmes de cartographie par sonar haute-fréquence sont utilisés par diverses parties prenantes, notamment l’industrie des hydrocarbures, l’armée et les navires de recherche employés par d’autres industries », a déclaré la WCS.
« Les implications dépassent de loin l’industrie des hydrocarbures, car ces sonars sont fréquemment utilisés à bord des navires militaires et des navires de recherche pour produire une bathymétrie (cartographie sous-marine) plus précise », a ajouté Howard Rosenbaum, directeur du programme Ocean Giants pour la WCS. « Nous espérons à présent que l’industrie, les autorités réglementaires et les autres parties prenantes utiliseront ces résultats pour minimiser les risques et mieux protéger les espèces marines, notamment les mammifères, qui sont particulièrement sensibles aux perturbations croissantes générées par les activités humaines. »
Ce rapport n’est pas le premier à souligner les effets néfastes potentiels de la cartographie par sonar sur les baleines et les dauphins. On a assisté à une déferlante d’études associant les activités de prospection énergétique et les exercices militaires aux échouages de dauphins. Une étude de mai 2013 publiée dans la revue Nature a par exemple relevé que les échouages de masse ont cessé dans les Îles Canaries (autrefois notoires pour ces derniers) depuis que le gouvernement espagnol a imposé en 2004 un moratoire sur les exercices navals dans la zone.