Le Fonds international pour la protection des animaux (IFAW) est récemment revenu du parc national de Bouba Ndjida au nord du Cameroun, où au moins 400 éléphants ont été massacrés depuis la mi-janvier. L’IFAW est la seule organisation internationale qui ait évalué la situation à l’intérieur du parc.
Selon elle, la violence perpétrée contre les éléphants est extrême. Il semblerait que beaucoup de ces éléphants aient été pourchassés avant d’être abattus par des braconniers. Une fois à terre, la trombe de ces animaux est coupée, puis les défenses retirées à la machette. Un vétérinaire en voyage avec son équipe a déclaré que la plupart des éléphants étaient encore en vie avant la sélection des défenses. L’enquête a également révélé que le massacre s’est fait à l’aveugle; certains éléphants n’avaient que quelques mois.
Selon Céline Sissler-Bienvenu, directrice de l’IFAW France, et une partie de l’équipe de terrain, tout porte à croire que les braconniers ont agit de manière méthodique : « L’état de décomposition de certains groupes était différent, suggérant que les braconniers attendaient que les éléphants survivants reviennent sur les lieux pleurer leurs morts pour ensuite leurs tirer aussi dessus. »
Les braconniers armés jusqu’aux dents sont entrés dans le parc à cheval par le Chad et ont été identifiés comme étant principalement des soudanais. L’IFAW a déclaré que ceci s’appuie sur le fait que certains éléphants avaient les oreilles coupées, comme pour un « trophée ». Les fragments d’oreilles portés en collier sont une pratique commune au Soudan, selon cette organisation.
Bien que les braconniers soient dans le parc depuis le début janvier, le Cameroun n’a déployé une offensive militaire qu’au début de ce mois-ci; trop tard, selon l’avis de l’IFAW. En outre, Sissler-Bienvenu a déclaré que les braconniers n’apparaissent aucunement découragés par la présence militaire camerounaise qui « semble manquer d’expérience dans la guerre de brousse et de stratégie d’intervention ».
Selon un communiqué de presse récent du WWF, les autorités camerounaises n’auraient pas dû être surprises par les massacres d’éléphants dans le parc. En 2010 déjà, après une montée de braconnage dans le parc national de Lobeke au Cameroun, le directeur général du WWF International avait envoyé une lettre au Premier ministre camerounais demandant que le gouvernement prenne des mesures. Un groupe d’ambassadeurs dans ce pays a également écrit une lettre au Premier ministre en 2011 « à propos du niveau élevé d’insécurité dans plusieurs parcs nationaux du Cameroun ». Basile Yapo Monssan, directeur du WWF Cameroun, a déclaré : « Nous avons vu cette situation arriver. Nous n’avons pas arrêté d’alerter le gouvernement du taux d’augmentation alarmant de braconnage au Cameroun. Ceci est leur sonnette d’alarme. »
Le nord du Cameroun, dont le parc national de Bouba Ndjida fait partie, compte 95 % de la population d’éléphants de la savane dans ce pays. Nous ne savons pas combien d’éléphants sont encore en vie après ce massacre.
En attendant, il semblerait que les braconniers aient l’intention de rester dans le parc national de Bouba Ndjida jusqu’à la fin du mois de mars. Les défenses sont très probablement acheminées vers l’Asie où la demande d’ivoire est la plus élevé au monde.
Éléphant tué par des braconniers dans le parc national camerounais de Bouba Ndjida
Photo de : © IFAW/J. Landry
Éléphant tué par des braconniers dans le parc national camerounais de Bouba Ndjida
Photo de : © IFAW/A. Ndoumbe
Trompe d’éléphant massacré
Photo de : © IFAW/A. Ndoumbe
Éléphants ayant subi une mort affreuse
Photo de : © IFAW/A. Ndoumbe
Massacres en série
Photo de : © IFAW/J. Landry
Il est probable que des centaines d’éléphants ont été tués pour leur ivoire pendant les dernières semaines dans le parc.
Photo de : © IFAW/J. Landry