Entre 1990 et 2007 les forêts mondiales ont absorbé presque 1/6ème de tout le carbone libéré par les émissions de combustibles fossiles, rapporte une nouvelle étude publiée dans la revue Science. Les résultats suggèrent que les forêts jouent un rôle encore plus important qu’on ne le croyait auparavant dans la lutte contre les changements climatiques.
L’étude, menée par une équipe internationale qui utilise des données de terrain et des modèles statistiques couvrant 95% des forêts mondiales, estime que les forêts ont absorbé 1.1 milliard net de tonnes de carbone par an entre 1990 et 2007. L’absorption totale de carbone par les forêts de 2.4 milliards de tonnes par an a été compensée par la déforestation, laquelle a libéré une moyenne de 2.9 milliards de tonnes de carbone, mais a augmenté grâce à la repousse des forêts, laquelle a absorbé 1.6 milliards de tonnes. Les émissions mondiales de combustibles fossiles ont atteint une moyenne de 6.9 milliards de tonnes par an entre 1990 et 2007, atteignant 8.5 milliards de tonnes en 200 , selon le Centre d’Analyse et d’Information sur le Dioxyde de Carbone.
La proportion des émissions absorbées par les forêts déclinent en raison de l’augmentation des émissions de combustibles fossiles. |
Les auteurs affirment que les conclusions de cette étude étayent le programme de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation (REDD), lequel vise à créer un méchanisme financier pour indemniser les pays en voie de développement dans la préservation et la gestion durable de leurs forêts. Cependant, l’étude indique aussi l’importance qu’ont les forêts des régions boréales, lesquelles emmagasinent de grandes quantités de carbone, en particulier dans leurs sols.
“Nos estimations semblent indiquer que les forêts mondiales officielles, qui se trouvent en dehors des zones de changement relativement à l’utilisation des terres tropicales, peuvent seules actuellement expliquer les puits de carbone,” écrivent les auteurs, sous la direction de Yude Pan du Service américain des forêts. “Une grande quantité du dioxyde de carbone atmosphérique a été capturée par le système naturel des terres forestières (environ 4 milliards de tonnes de carbone par an), mais ce bénéfice est compensé de manière significative par les pertes en carbone dues à la déforestation tropicale (environ 2,9 milliards de tonnes de carbone par an). Ce résultat met en lumière le potentiel qu’a le programme de Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation (REDD) à réduire les risques liés aux changements climatiques.”
Forêt dans l’Orégon. Photo de Rhett A. Butler (2011).
Les auteurs suggèrent qu’une abondance relative de jeunes forêts devrait continuer à compenser à l’avenir les émissions de carbone, bien qu’ils préviennent que les changements climatiques pourraient menacer l’efficacité des forêts en tant que puits de carbone – en particulier dans les régions boréales et tropicales.
“En raison des importantes réserves de carbone tout à la fois dans les sols des forêts boréales et dans la biomasse des forêts tropicales, le réchauffement de la zone boréale, la déforestation ainsi que l’occasionnelle extrême sécheresse qui coïncident avec des incendies dans les Tropiques représentent les plus grands risques pour les importants et permanents puits de carbone que sont les forêts mondiales,” concluent-ils.
CITATION: Yude Pan et al. “A Large and Persistent Carbon Sink in the World Forests”/”Un important et permanent puit de carbone dans les forêts mondiales” 1990-2007. Science. Volume 333. 15 juillet 2011.