- Des scientifiques a photographié une lechwe d’Upemba dans le parc nationale qui porte le meme nom au sud-est de la République démocratique du Congo.
- Ils l’avaient observé au cours d’une enquête dans l’aire protegée pour faire la première mise à jour depuis 50 ans sur cette espèce d’antilope, qui se trouve que dans la depression Kamalondo.
- Des scientifiques estiment sa population à moins d’une centaine d’individus et déclinante. Ils appellent à des actions pour sa protection.
- Cette découverte met en évidence l’importance écologique de cette région du sud-est de la RDC.
Au cours d’une surveillance en mars, Manuel Weber, responsable du Département de recherche et biomonitoring du Parc national de l’Upemba, a pu photographier un lechwe d’Upemba (Kobus anselli).
Cette espèce de cobe lechwe se trouve uniquement dans la dépression de Kamalondo, une grande zone humide à l’origine de plusieurs cours d’eau qui alimentent le fleuve Congo.
D’après les estimations, il devrait en rester moins de 100 individus de cette antilope. « La diminution majeure a probablement eu lieu dans les années 1990. Au début des années 1970, la population a été redécouverte avec des rapports de jusqu’à 22.000 individus comptés, alors qu’elle était considérée éteinte auparavant », explique Weber dans un courriel à Mongabay.
Weber espère que cette image va sensibiliser la communauté internationale et permettre de mobiliser des ressources pour la conservation de cette espèce.
Le 25 mai 2025, une publication scientifique a d’ailleurs été consacrée par les chercheurs sur les 10 individus observés, dans la revue African Journal of Ecology.
Ce rapport constitue une première mise à jour depuis 50 ans sur cette espèce d’antilope, selon le communiqué du Parc Upemba, consulté par Mongabay.
Pour Félix Mbayo, responsable de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN) contacté par Mongabay, cette réapparition des lechwes est une très bonne nouvelle. « Il faut les localiser, dans un premier temps, pour sécuriser la région. Ensuite, comme cela a été fait avec les éléphants avec l’aide de Forgotten Parks, placer des colliers électroniques munis des GPS pour en assurer le suivi », explique Mbayo.
Ce dernier souligne que cette espèce valorise encore plus l’importance de la région. Il espère aussi un jour l’apparition du guépard, qui habitait jadis le Parc de Kundelungu voisin d’Upemba, et dont on n’a plus eu de nouvelle.
Lechwe, espèce en danger critique d’extinction
Les lechwes sont un groupe d’antilopes adaptées aux zones humides dont la taille varie entre 70 et 80 kg, pour les individus adultes femelles, et 70 et 120 kg pour les mâles, atteignant 120 cm au garrot.
Ils se nourrissent des herbes des zones humides, dans les marais, et se trouve en Botswana, Namibie, Angola, et dans le sud-est de la RDC.
Tandis que certains scientifiques considèrent K. anselli comme une sous-espèce de cobe lechwe rouge (Cobus leche) qui se trouve en Botswana, Namibie, Angola, et dans le sud-est de la RDC, mais un examen de 2005 de spécimens de musée collectés dans les années 1920 et 1940 l’a établi comme une espèce à part entière.
L’enquête de Weber en mars 2025, dans le parc Upemba suggère que l’estimation de la population de l’UICN pour cette antilope en danger critique d’extinction est optimiste.
Il appelle au renforcement des patrouilles dans l’habitat principal du lechwe d’Upemba et à la collecte de données supplémentaires sur la population animale et les pressions exercées sur elle.
« Cette espèce est au bord du gouffre », a déclaré Weber, ajoutant que « le simple fait qu’elle existe encore est extraordinaire ». « Sans protection urgente, elle disparaîtra », dit-il, d’où l’urgence de sa protection.
Image de bannière : Réapparition du lechwe (Cobus leche) au Parc national de l’Upemba en RDC. Cette antilope disparue depuis cinq décennies a pu être photographiée dans ce parc. Les experts appellent à des mesures urgentes de protection de cet ongulé herbivore.
Citation :
Weber, M. et al. (2025). « Status Update on the Critically Endangered Upemba Lechwe (Kobus anselli) », African Journal of Ecology. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1111/aje.70060
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