- Le Burkina Faso fait partie des pays africains où l’agriculture biologique est en pleine croissance.
- En 2023, la superficie consacrée à la production biologique était de 286 167 hectares.
- Entre 2015 et 2024, 1 622 producteurs ont obtenu le label BioSPG, un système de certification biologique alternatif, qui serait plus adapté au contexte local.
L’agriculture biologique gagne du terrain au Burkina Faso. Entre 2014 et 2023, les surfaces emblavées ont triplé. Elles sont passées de 91 192 hectares à 286 167 hectares, soit 400 233 terrains de football.
Une progression qui place le pays parmi les leaders africains du secteur, aux côtés de l’Ouganda, de l’Éthiopie et du Togo.
C’est ce qu’indique la 26ᵉ édition du rapport intitulé « The World of Organic Agriculture », publié le 11 février 2025 par l’Institut de recherche en agriculture biologique (FiBL, sigle en anglais). Ce rapport se base sur des données de 188 pays à travers le monde.
« L’augmentation de la superficie dédiée à l’agriculture biologique s’explique par la demande croissante des consommateurs en produits biologiques. Ils ont pris conscience de l’impact des produits de synthèse sur la santé humaine et animale, ainsi que sur l’environnement », explique Souleymane Yougbaré, Directeur technique du Conseil national de l’agriculture biologique au Burkina Faso (CNABio).

Dans la commune rurale de Loumbila, située dans la province de l’Oubritenga, dans le Plateau-Central, Sosthène Nikiéma, producteur maraîcher, a fait le choix du bio. Son site de laitues et de tomates dégage un parfum naturel. « Nous n’utilisons aucun intrant chimique. Nous privilégions les méthodes agroécologiques. Nous avons la terre, mais elle ne nous appartient pas. Elle nous est prêtée par les générations futures. Nous devons produire sainement sans la détruire », affirme-t-il.
Si l’agriculture biologique séduit de plus en plus, c’est parce qu’au Burkina Faso, les pertes en vie humaines à cause des pesticides chimiques sont une réalité.
Entre le 1er et le 10 septembre 2019, dans les localités de Dydir et de Pouytenga, respectivement situées au Centre-Ouest et au Centre-Est, dix-huit personnes sont décédées après avoir consommé des aliments contaminés aux pesticides.
De 2020 à 2021, 14 personnes ont encore trouvé la mort dans les mêmes conditions. Selon Yougbaré, l’agriculture biologique est une arme contre les intoxications alimentaires dues aux pesticides chimiques.
Ainsi, le CNABio accompagne les producteurs à travers des formations et des actions de sensibilisation. Grâce à ces efforts, précise Souleymane Yougbaré, 1 622 producteurs ont obtenu, entre 2015 et 2024, le label BioSPG, un système national de certification biologique alternatif, adapté aux réalités locales, qui repose sur des normes rigoureuses impliquant tous les acteurs de la filière, à savoir les producteurs, les transformateurs, les transporteurs, les distributeurs, etc.
Au Burkina Faso, selon Yougbaré, l’agriculture biologique sert à la fois à l’exportation et à la consommation locale. Pour l’exportation, on trouve le karité, la mangue, le sésame et le coton. Pour la consommation locale, les productions concernent surtout les fruits et légumes comme la laitue, le chou, la carotte.

Le Burkina Faso n’est pas un cas isolé dans ce mode de production sain. Selon « The World of Organic Agriculture », le continent enregistre la plus forte croissance mondiale des surfaces cultivées en bio, avec une hausse de 24,4 % en 2023, contre une moyenne mondiale de 2,6 %. En un an, l’Afrique a ajouté 668 000 hectares à ses terres biologiques, atteignant ainsi 3,4 millions d’hectares.
Selon le rapport, l’Afrique est la deuxième région au monde, en nombre de producteurs biologiques, derrière l’Asie. Les cultures les plus cultivées sur le continent sont les oléagineux comme l’arachide (694 363 hectares), le café (461 511 hectares), les noix (344 000 hectares), le coton (339 000 hectares) et le cacao (316 000 hectares).
Image de bannière : Site de production maraîchère biologique dans la Commune de Loumbila, située dans le Plateau-Central du Burkina Faso. Image de Hadepté Da pour Mongabay.
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