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À Madagascar, le changement climatique accélère la propagation des maladies de la vanille

  • La production de vanille est fragilisée par plusieurs contraintes sanitaires et par le changement climatique, marqué par une augmentation des épisodes de sécheresse et des températures, notamment dans les principales régions de production à Madagascar.
  • À Ranomafana, au sud-est de Madagascar, les producteurs de vanille font face à ces défis. Sur 1 000 pieds de vanille, 80 % des vanilliers de Chantal Rabevahoaka, l'une des productrices locales, ont été infectés par le champignon Phytophthora.
  • Elle estime avoir perdu 250 kg de gousses de vanille. Des cas similaires ont été observés dans d’autres régions, notamment à Nosy Varika et Mahanoro.
  • Félicien Favre, spécialiste en génétique et en phytopathologie du genre Vanilla, est actuellement dans le pays pour mener des recherches visant à répondre aux défis climatiques et sanitaires du vanillier.

Les vanilliers de Chantal Rabevahoaka, l’une des productrices de vanille du Fokontany de Ranomafana, dans la région de Vatovavy, au sud-est du pays, ont fleuri avec succès en septembre 2024. Un mois après la pollinisation, les gousses de vanille mesuraient entre 15 et 18 cm. Chantal se souvient qu’aucune pluie n’est tombée à Ranomafana en novembre et que la sécheresse s’est poursuivie en décembre.

Vers la fin du mois de décembre, elle a remarqué des signes d’assèchement au niveau des tiges de ses vanilliers. « Un technicien est passé chez moi. Il m’a dit que les vanilliers ont été touchés par une maladie. Je lui ai répondu que ma vanille n’était pas malade, que c’était juste l’effet de la forte chaleur », dit-elle. Le technicien lui a également indiqué que les plants atteints devaient être retirés. Peinée à l’idée d’arracher ses lianes malgré leurs belles gousses, l’agricultrice ne s’y est pas résolue.

80 % des vanilliers de Chantal Rabevahoaka, productrice de vanille à Ranomafana, au sud-est de Madagascar, ont été infectés par la maladie causée par le champignon Phytophthora qui se propage lors d'épisodes très pluvieux, ou pendant un excès d’ombrage. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.
80 % des vanilliers de Chantal Rabevahoaka, productrice de vanille à Ranomafana, au sud-est de Madagascar, ont été infectés par la maladie causée par le champignon Phytophthora qui se propage lors d’épisodes très pluvieux, ou pendant un excès d’ombrage. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.

En janvier 2025, après les premières pluies, l’assèchement de la tige de vanillier s’est propagé vers la partie basse de la plante. « La partie inférieure est sèche tandis que la partie supérieure reste verte. Ensuite, les gousses de vanille sont tombées progressivement », précise-t-elle.

Chantal estime avoir perdu 250 kilogrammes de vanille, soit l’équivalent de quatre millions d’Ariary soit 857,45 USD. « Si ce problème n’est pas survenu, j’aurais pu produire 300 kg. Peut-être qu’il ne me restera que 20 kg », dit-elle. Elle estime qu’en quatre ans de culture de vanille, elle n’avait jamais été confrontée à une telle situation. Les six producteurs de vanille du fokontany de Ranomafana ont tous rencontré des problèmes similaires.

Les gousses de vanille pourries à cause du champignon Phytophthora. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.
Les gousses de vanille pourries à cause du champignon Phytophthora. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.

Vers des solutions durables

La maladie qui a affecté la vanille de Chantal et des autres producteurs de Ranomafana s’appelle « bekorontsana », selon les explications d’Andriarilala Raveloson, un formateur agricole qui a assisté la productrice dans le retrait des lianes infectées. Il affirme également qu’un cas similaire a été observé à Nosy Varika et Mahanoro, situés sur la côte Est de Madagascar.

Après avoir décrit les symptômes et envoyé des photos de vanilliers infectés de Chantal à Félicien Favre, spécialiste en génétique et en phytopathologie du genre Vanilla, celui-ci confirme qu’il s’agit du champignon Phytophthora, responsable de la pourriture noire des vanilliers. Cette maladie est causée par des micro-organismes du genre Phytophthora qui entraîne le ramollissement des tissus puis la pourriture noire humide dégageant parfois une odeur nauséabonde.

Chantal Rabevahoaka en train de polliniser les fleurs de vanille. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.
Chantal Rabevahoaka en train de polliniser les fleurs de vanille. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.

Le chercheur du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), affirme également, dans un courriel à Mongabay, que la maladie se propage effectivement lors d’épisodes très pluvieux, ou pendant un excès d’ombrage. « Les changements climatiques vont perturber la saisonnalité, avec des périodes de pluie et de sécheresses décalées ou plus intenses, ce qui risque de favoriser ce type de maladies ».

Madagascar est le premier producteur mondial de vanille de qualité exceptionnelle, reconnue pour le parfum et la saveur uniques de ses gousses. Vanilla planifolia est l’espèce majoritairement cultivée dans le pays. Favre mène actuellement une mission dans la Grande Île, plus précisément à Tamatave, où il collabore avec les acteurs locaux pour mettre en œuvre un programme de recherche piloté par le CIRAD visant à répondre aux défis climatiques et sanitaires de la filière vanille.

Image de bannière : 80 % des vanilliers de Chantal Rabevahoaka, productrice de vanille à Ranomafana, au sud-est de Madagascar, ont été infectés par la maladie causée par le champignon Phytophthora qui se propage lors d’épisodes très pluvieux, ou pendant un excès d’ombrage. Image fournie par Chantal Rabevahoaka avec son aimable autorisation.

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