Nouvelles de l'environnement

Le confinement permet d’améliorer la qualité de l’air, de réduire la pollution urbaine et de booster la biodiversité

Mère et bébé gorille des plaines occidentales en RDC. Image de Julie Larsen Maher, Wildlife Conservation Society via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Mère et bébé gorille des plaines occidentales en RDC. Image de Julie Larsen Maher, Wildlife Conservation Society via Flickr (CC BY-NC 2.0).

  • Cette étude révèle que l'adéquation de l'habitat de 381 espèces animales a significativement augmenté, pendant les périodes de confinement, grâce à la réduction des activités humaines.
  • Les données satellitaires utilisées pour modéliser l'adéquation des habitats avant, pendant et après les confinements, montrent des bénéfices écologiques immédiats mais temporaires.
  • Des experts africains soulignent la nécessité de repenser les stratégies de conservation, en mettant l'accent sur la réduction durable des perturbations humaines pour protéger la biodiversité.

Le confinement mondial, provoqué par la pandémie de COVID-19, a entraîné des effets environnementaux inattendus, offrant à la biodiversité des bénéfices temporaires. Parmi les impacts immédiats, on note une amélioration de la qualité de l’air, une réduction du bruit urbain et la réapparition d’animaux sauvages dans les zones habitées.

Cependant, ces bénéfices se sont rapidement dissipés avec la reprise des activités humaines.

C’est ce que montre une étude, publiée dans la revue Global Ecology and Conservation, en mai 2024.

Neftali Sillero, biologiste à l’université de Porto (Portugal) et ses collègues ont modélisé l’adéquation de l’habitat de 381 espèces dans la Péninsule ibérique (Portugal et Espagne), à l’aide de données satellitaires couvrant la période de juillet 2017 à août 2022. Ils ont analysé trois phases distinctes : avant, pendant et après les confinements. En utilisant la plateforme Google Earth Engine (GEE), l’équipe de chercheurs a calculé des modèles de niches écologiques pour suivre les changements dans l’habitat de chaque espèce.

Les résultats ont montré, que l’adéquation de l’habitat, pour un grand nombre d’espèces, s’est améliorée de manière significative, pendant les périodes de confinement. En revanche, ces retombées ont été rapidement perdues avec la reprise des activités humaines.

Sillero explique à Mongabay par courriel que les analyses ont montré des signes d’amélioration de la végétation ainsi que des changements positifs sur plusieurs autres aspects comme la température le jour et la nuit sur la terre, la réflexion de la lumière et les incendies.

La forêt inondée du Parc national de la Salonga. Image de Molly Bergen/WCS, WWF, WRI via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).
La forêt inondée du Parc national de la Salonga. Image de Molly Bergen/WCS, WWF, WRI via Flickr (CC BY-NC-ND 2.0).

Des bénéfices environnementaux limités dans le temps

D’après le biologiste portugais, la réduction des activités humaines a temporairement allégé la pression sur les écosystèmes. « Si nous considérons nos résultats, il est clair que le moyen le plus efficace de préserver la planète est de réduire les activités humaines. Cela assainit l’air et améliore la qualité des habitats pour la plupart des espèces. Mais ce n’est pas ce qui va se passer. Nous continuerons à détruire notre planète comme d’habitude », a-t-il dit.

Balthazar Basengere Ayagirwe, enseignant à la Faculté des Sciences agronomiques et environnement de l’université Évangélique en RDC, a expliqué au téléphone à Mongabay que « les confinements ont entraîné une baisse significative des émissions de gaz à effet de serre et de la pollution de l’air dans de nombreuses régions du monde. L’on a assisté également à une réduction des activités humaines, qui ont permis à certains écosystèmes de se rétablir temporairement. Par exemple, des zones de nature protégées ont vu une diminution de la pression humaine ».

« Avec le confinement, la mobilité des agents était vraiment restreinte, facilitant l’infiltration dans des forêts et des aires protégées pendant cette période, puisque les agents ne pouvaient pas se déplacer. Cette réduction de l’action anthropique a contribué à limiter les dégâts environnementaux », a renchérit Professeur Kouame N’Guessan, botaniste à l’université Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire.

Mère et bébé gorille des plaines occidentales en RDC. Image de Julie Larsen Maher, Wildlife Conservation Society via Flickr (CC BY-NC 2.0).
Mère et bébé gorille des plaines occidentales en RDC. Image de Julie Larsen Maher, Wildlife Conservation Society via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Vers une réévaluation des stratégies de conservation

Dr Koffi Valentin Mawougnigan, chercheur en diversité biologique et conservation à l’université de Lomé, a noté que bien qu’il n’existe pas de données spécifiques pour mesurer l’impact du confinement au Togo, il est indéniable que la réduction des activités humaines, pendant cette période, a mis en lumière l’importance de cette mesure pour la conservation. « Bien que temporaire, la hausse de l’adéquation de l’habitat observée durant les confinements démontre que des efforts plus soutenus, pour limiter la pollution de l’air et les perturbations humaines, pourraient offrir des bénéfices durables à la biodiversité », a-t-il dit au téléphone à Mongabay.

Les chercheurs appellent à repenser les stratégies de conservation en intégrant des solutions plus durables, qui réduiraient l’empreinte écologique de manière significative à long terme.

Image de bannière : Mère et bébé gorille des plaines occidentales en RDC. Image de Julie Larsen Maher, Wildlife Conservation Society via Flickr (CC BY-NC 2.0).

Citation :

Sillero, N., Campos, C. J., & al. (2024). Species habitat suitability increased during COVID-19 lockdowns, Global Ecology and Conservation,Volume 52, e02977. https://doi.org/10.1016/j.gecco.2024.e02977.

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