Nouvelles de l'environnement

La prophétie des abeilles : une piqûre de rappel venue des ruches pour préserver la biodiversité

  • Depuis la nuit des temps, une prophétie annonce le destin de l’espèce humaine. Elle révèle que l’avenir de l’homme est lié à celui des abeilles. Les mythes antiques associent, notamment la naissance et le développement de notre civilisation, à la vie et à la sauvegarde des abeilles.
  • Des passages sacrés sur les abeilles, dans toutes les grandes religions du monde, soulignent leur importance pour les sociétés humaines, au fil des millénaires, selon le rapport de 2019 de la Plateforme intergouvernemental scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES).
  • Les abeilles sont donc les garants de la biodiversité et de l’équilibre de notre écosystème. Elles constituent, de ce fait, un élément clé de nos systèmes écologiques et agricoles.
  • Un vernissage a été organisé à Ouidah, du 14 au 18 septembre à Art Space ATLANTIC, dénommé « la prophétie des abeilles ». A L’origine de cette activité, deux monstres de l’apiculture, le Béninois Camille Toobi et le Français Laurent Védrine. Pendant quarante-huit (48) heures, ils ont expliqué, de long en large, aux visiteurs, la dette des hommes vis-à-vis de ces petits insectes.

Le cadre du vernissage est sobre, comme l’espace qui l’a accueilli, Art Space ATLANTIC, une galerie dans un quartier, communément appelé « Dangbéhouè », pas très loin de la Basilique, en plein cœur de la ville historique de Ouidah, au sud-ouest du Bénin. Juste, une pièce, dont le mur intérieur était tapissé, à la fois, par quelques tableaux réalisés avec les images d’abeilles et d’insectes, et puis, dans un coin, un poste téléviseur posé sur un support,  diffusant en boucle un documentaire retraçant la vie dans les ruches, le travail de l’apiculteur et la vie sauvage.

Camille Toobi, debout, au beau milieu de la pièce, a expliqué, le message, à l’arrière-plan de son vernissage. Dans un univers, où tout le monde est pressé, où nul n’a le temps d’écouter la nature, l’apiculteur certifie, qu’elle parle aux humains, et elle le fait, à travers les éléments qui la composent. Au nombre de ceux-ci, il y a l’abeille, dont Toobi, met en évidence la dimension spirituelle, observée à travers des faits et gestes, recueillis dans leur milieu de vie, et décode quelques messages qu’il considère comme utiles, aussi bien  pour les hommes que pour la biodiversité.

Un essaim d’abeilles sur une branche de manguier. Image de Francis Chung via Flickr (CC BY-SA 2.0).

Une micro-société très organisée

On a du mal à l’imaginer, et c’est pourtant vrai. Il est question ici, d’insectes dont le niveau d’organisation, fait pâlir les hommes, dotés, néanmoins d’intelligence. Ce n’est pas le fruit d’un hasard. Toobi y voit derrière une main divine. II faut alors, comprendre, que rien ne réussit sans une parfaite organisation. Et les abeilles le démontrent tous les jours. On trouve aussi, cette même forme d’organisation, au sien de la biodiversité, à savoir qu’elle est constituée de gènes, d’espèces et d’écosystèmes, des éléments sans lesquels son existence est compromise. Et, en cas de dysfonctionnement, dans l’un ou l’autre compartiment, tout peut s’écrouler avec la nature.

Au moment, où il est, de plus en plus, question de l’effondrement de la biodiversité, les humains ont intérêt à faire tout, pour qu’elle n’arrive pas à cette éventualité, au risque d’en faire partie. Être utile aux autres est le second message issu de la prophétie, que l’apiculteur a partagée avec le monde des vivants. En butinant, chaque année, des milliards de fleurs, l’une après l’autre, à la recherche du fameux nectar, les abeilles transfèrent le pollen, de la partie mâle de la fleur, à sa partie femelle. Elles pollinisent ainsi  les cultures et une grande partie de la flore sauvage, en leur permettant de se développer et surtout de se propager, soit 90 % des plantes qui peuplent notre planète. Les abeilles nourrissent aussi les animaux, en pollinisant les plantes. Elles permettent, non seulement aux plantes de croitre et de s’épanouir, mais aussi de produire des fruits, des semences, des noix qui sont consommées par différents types d’herbivores. Des savanes boisées aux forêts, nombreux très peu sont les arbres qui ne peuvent jamais se développer sans l’intervention de pollinisateurs comme les abeilles. Au cas contraire, les fleurs ne peuvent pas donner des fruits, ni de graines. Ainsi, une plantation agricole sans abeilles donnera peu, ou pas de légumes, de fruits ni de graines.

La vie dans les ruches représentée sur des maquettes. Image de Didier Hubert Madafimè pour Mongabay.

Une espèce laborieuse

Par un beau temps, l’abeille est capable de travailler 24h/24. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 75 % des cultures vivrières dans le monde dépendent de la pollinisation et les abeilles représentent un facteur de pollinisation de près de 70 % de cultures alimentaires. Tout ceci serait vain, si la diversité biologique va mal. II faut alors, au plus vite, mettre en œuvre, le Cadre Mondial de Kunming-Montréal, adopté en 2018 qui engage les nations à stopper et à inverser la perte de la biodiversité d’ici à 2030. « C’est une très belle exposition, j’en ai vu beaucoup, mais pas du même genre, celle-ci est tout simplement surprenante », confie, François Patural, un Français résident à Ouidah. Claude Akotomè, un habitant de Ouidah, responsable de la Fondaton Zinsou, a fait, lui aussi le tour des tableaux. « C’est magnifique, c’est un très beau travail. Essayer de faire pareils tableaux, il faut en avoir le talent, c’est formidable », a dit Akotomè. Mais le tableau qui a suscité le plus de curiosité, c’est le plus grand et ça se comprend. Celui-ci est le reflet d’une ruche. Une sorte de réplique pour permettre de mieux comprendre et de mieux appréhender les activités à l’intérieur d’une ruche.

Une abeille butinant dans une fleur. Image de Oleksandr K via Flickr
Une abeille butinant une fleur. Image de Oleksandr K via Flickr (CC BY-SA 2.0).

Et pourtant, l’abeille est en danger

« Si les abeilles venaient à disparaitre, l’humanité n’aurait plus que quatre ans devant elle ». C’est à Einstein, qu’il est attribué cette prédiction qui réapparait dès que la question des abeilles revient dans le débat public. Mais qu’il ait dit cela ou non, n’a finalement que peu d’importance. Cette prédiction révèle à quel point la disparition de l’abeille peut être un problème pour notre humanité. Malheureusement, personne n’exprime une quelconque gratitude à l’abeille pour ce rôle déterminant. Elle doit subir l’utilisation excessive des pesticides dans l’agriculture, les chocs électromagnétiques, les effets des changements climatiques, la consommation exagérée des ressources naturelles et l’érosion des espaces naturels. Une société humaine, qui prend, de plus en plus de place, sur le vivant, c’est un risque, dénonce le second exposant, Laurent Védrine, réalisateur de film documentaire et apiculteur. « II faut porter attention au vivant, même s’il est tout petit, même s’il fait peur, même si c’est le cafard. II n’a pas été créé par hasard. Prenez soin de ce que Dieu a créé, sinon l’homme finira par se retrouver seul », a-t-il dit.  Ainsi, le rythme de la destruction de la biodiversité s’est accéléré ces dernières années, laissant se rapprocher ce que les scientifiques appellent ‘la sixième vague d’extinction’.

Image de bannière : Un essaim d’abeilles sur une branche de manguier. Image de Francis Chung via Flickr (CC BY-SA 2.0).

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