Nouvelles de l'environnement

Cameroun : Les communautés de base contre les travaux d’Oriole Resources PLC

Vue des espaces de Ndom

Vue des espaces de Ndom

  • • Une importante quantité de lithium a été découverte à Ndom dans le département de la Sanaga maritime, région du littoral, au « quatrième trimestre 2022 ».
  • Cependant, la communauté et certaines des autorités disent n’avoir pas été associés à ces recherches, ce qu’ils qualifient de violation de la loi. La loi dans ce pays de l’Afrique centrale et du bassin du Congo prévoit que les communautés locales, les chefs traditionnels et les autorités à la base soient associés avant tout travail relatif à l’octroi des licences et l’exploitation.
  • • Une autre cartographie et un autre échantillonnage des roches pegmatites sont en cours à Gamboukou dans le département de la Vina, région de l'Adamaoua, pour confirmer aussi la présence du lithium dans le village. Ces travaux d’exploration entrent dans le cadre du projet dénommé « Central Licence Package » de la société Oriole Resources PLC selon pas mal de sources des ONG. Selon le site web d’Oriole Ressources PLC, cette organisation cotée à la bourse de Londres intervient dans beaucoup de pa
  • L’environnementaliste Jean Merlin Mahop, qui travaille aussi à la mairie de Ndom, dénonce la démarche de la société qu’il qualifie « d’anormale », puisque la société Oriole Resources PLC a effectué des travaux de recherches à Ndom sans faire participer les populations riveraines, ni le maire de la commune, ni les chefs traditionnels, alors que la loi sur l’environnement l’oblige

La société britannique Oriole Resources PLC au Cameroun est détentrice de 9 titres, 8 titres « Eastern CLP » et un titre « Western CLP » et parmi les 9 titres seuls ceux de février 2021 et de novembre 2022 concernent la recherche du lithium.

« Suite à l’identification de valeurs anormales de lithium dans le sol (jusqu’à 84 ppm) dans les données multi-éléments du permis de Ndom, un neuvième permis, Gamboukou, a été demandé immédiatement au sud de Ndom », selon des explications disponibles sur le site Internet d’Oriole Resources PLC.

Le projet « Central Licence Package » de la société Oriole Resources PLC est mené sur « les roches paléo protérozoïques panafricain jusqu’ici inexplorées, qui présentent un fort potentiel pour une série de matières premières, notamment des minéralisations aurifères de types orogéniques et lithium », selon un texte posté sur le site Internet d’Oriole Resources PLC. Il s’agit des explorations sur une superficie de 4091 km² selon le même texte. Le texte ne donne cependant pas de détails sur les procédures d’acquisition des licences.

 

Aucune participation des communautés riveraines dans le projet CLP à Ndom

La surprise de Jean Merlin Mahop était grande, comme celle de toute la population de l’arrondissement, de savoir qu’il y a du lithium à Ndom et que les recherches n’ont pas associé les communautés locales.

Il est aussi étonné de la présence dans sa ville de la société Oriole Resources PLC qui est active et qui mène des études d’explorations sur le dos des populations riveraines, bien que détentrice des titres d’explorations, qui ont permis la découverte du lithium.

« Je ne suis pas au courant qu’une société de ce nom s’est installée ici, elle est située où ? Et comment une société comme celle-là peut venir ici et mener des explorations sans rencontrer les chefs, le maire ? », fustige Jean Merlin Mahop, environnementaliste, communicateur de la mairie de Ndom et secrétaire particulier du maire.

Le maire René Batoum est autant surpris que son collègue Jean Merlin Mahop. René Batoum dit que « Je ne suis pas au courant du projet en question » avant de conclure qu’il va « mener des investigations ».

Le code général des collectivités territoriales décentralisées accorde des « attributions » au conseil municipal qui est compétent en matière de « la gestion des ressources forestières, fauniques et halieutiques ».

D’après Jean Merlin Mahop, le sous-préfet serait au courant de la présence de cette société.

Nos tentatives de joindre le sous-préfet de Ndom et le responsable au Cameroun de la société Oriol Resources PLC, pour savoir si le maire et les autorités traditionnelles ont été impliqués dans les études d’explorations, sont restées infructueuses jusqu’à la date du 9 mars 2023.

Plus de 5 licences alors que la loi ne le permet pas

L’octroi des permis de recherche au Cameroun est encadré par le code minier du 14 décembre 2016.

La loi camerounaise n’autorise pas plus de 5 permis de recherche à la même société comme le mentionne l’article 37 alinéas 2 du code minier : « Une personne ne peut obtenir plus de cinq (5) permis de recherche ».

Les informations communiquées à travers le site officiel de la société Oriole Resources PLC en général et celles du projet « Central Licence Package » font état de 9 permis de recherches.

L’étude d’impact environnemental et social

La loi camerounaise oblige toutes les sociétés minières, forestières, agro-industrielles, etc.  à produire une étude d’impact environnemental et social,  afin de voir les risques que pourrait poser le projet pour les populations, la biodiversité et la flore.  Elle envisage aussi des compensations aussi bien pour les populations riveraines que pour l’environnement, explique Maxime Zogo, spécialisé dans les études d’impacts environnementaux, qui cite les textes en vigueur.

« L’étude d’impact environnemental et social est réalisée sur toute la période du projet, c’est-à-dire de sa conception au suivi du projet », martèle Maxime Zogo.

Il semblerait, au vu de la non concertation avec les populations locales et leurs représentants, que la société Oriole Resources PLC n’a pas réalisé une étude d’impact environnemental et social lors de la phase d’exploration où elle a découvert de nouveaux gisements d’or et de lithium à Ndom.

Nos tentatives de contacter les responsables d’Oriole Resources PLC à travers l’email posté sur le site web de la société n’ont pas abouti.

La sous-direction des mines au ministère des Mines qui se trouve à Bastos à Yaoundé n’a pas non plus répondu à notre demande. Nous avons aussi essayé de contacter le Ministre des Mines par téléphone sans succès.

Il convient de noter que, d’après l’article 36 du code minier camerounais, c’est le ministre chargé des mines qui délivre les permis de recherche.

 

 

Quitter la version mobile