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Les grands singes souffrent en Afrique, alerte une étude d’une ONG

Grand singe

Grand singe

  • Vingt-trois pays d’Afrique centrale et de l’ouest engagés dans la réalisation des projets de développement industriel réduisent considérablement l’habitat des grands singes, selon une étude.
  • Les 23 pays d’Afrique centrale et de l’ouest concernés par l’augmentation des superficies des titres miniers et des concessions sont notamment le Cameroun, la Guinée Équatoriale, le Gabon, la République centrafricaine, la République du Congo, le Tchad, le Nigéria, le Bénin, le Ghana, le Togo, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, et la Guinée.
  • Selon Avoid, Reduce, Restore and Conserve (ARRC) Task Force, 50% de la population de chimpanzés pourrait disparaître suite au développement de l’industrie de l’aluminium en Guinée.
  • En 25 ans, soit entre 1990 et 2015, la Côte d’Ivoire à elle seule a perdu la quasi-totalité de sa couverture forestière à cause du développement des cultures de cacao et d’huile de palme, d’après Mighty Earth, ce qui a affecté les animaux.

Les concessions minières, les licences d’exploitation, la plantation du cacao et des palmiers à huile, les mines d’or et de cobalt et autres sont la cause de la perte de l’habitat des grands singes dans pas mal de pays de l’Afrique centrale et de l’ouest, selon une étude d’une ONG.

Avoid Reduce Restore and Conserve (ARRC) Task Force qui a produit un rapport intitulé « Impacts des projets de développement industriel sur les grands singes » et qui a été exposé à l’Université de Douala au Cameroun, tire la sonnette d’alarme.

Selon ARRC Task Force, l’augmentation sans limite des concessions minières, des concessions forestières et des concessions agro-industrielles en Afrique centrale et de l’ouest ont des conséquences dévastatrices sur l’environnement en générale et sur la conservation en particulier et plus précisément dans la vie des grands singes.

« La construction de barrages et de routes et l’activité minière sont un facteur important dans le déclin des différentes espèces de singes à des degrés divers », alerte Campell, présidente de cette ONG.

« Certaines des menaces les plus urgentes pour le chimpanzé occidental, par exemple, sont liées à l’explosion des activités minières, en particulier pour la bauxite, l’or et le minerai de fer, au développement de barrages hydroélectriques et à l’agro-industrie », selon des informations diffusées par ARRC Task Force.

La responsable de l’ONG ajoute que pour faire face aux « impacts cumulatifs significatifs » des mines, des barrages, des industries forestières et de l’agriculture sur les grands singes, le gouvernement camerounais devrait « renforcer le plan d’aménagement des territoires, une meilleure réglementation » et appliquer des sanctions « élevées » aux entreprises qui ne respecteront pas la nouvelle réglementation.

Notons qu’ARRC Task Force est une organisation créée en 2016 et financée par Arcus Foundation dont le but est de défendre l’environnement.

Vue partielle d'une mine à ciel ouvert en Afrique Centrale/photo de Mongabay
Vue partielle d’une mine à ciel ouvert en Afrique Centrale/photo de Mongabay

 

Au moins 25% de la superficie du Cameroun est occupée par des concessions

Le Cameroun délivre à la fois les titres des concessions minières, les titres des concessions forestières et les titres des concessions agro-industrielles depuis plusieurs décennies, selon cette étude.

Par ailleurs, les exploitations des mines de cobalt et de bauxite, en passant par la construction des infrastructures stratégiques comme le barrage hydroélectrique de Memve’ele et l’attribution des terres aux industries forestières et agro-industrielles ont des conséquences parfois irrémédiables sur l’environnement, explique l’étude.

D’après une carte produite par l’ONG Greenpeace en 2007 et citée dans le rapport d’ARRC Task Force, plusieurs régions – notamment le littoral, le sud-ouest, le centre, l’est et le sud – connaissent une prolifération des concessions forestières jusqu’aux frontières des aires protégées dans les forêts tropicales.

D’ailleurs, certaines concessions entrent dans des aires protégées une fois encore comme dans la forêt d’Ebo dans le département du Nkam, de la région du littoral, au Cameroun.

50% du couvert forestier perdu en Côte d’Ivoire en 25 ans

La Côte d’Ivoire est le premier producteur mondial du cacao avec une production de plus de 2 millions de tonnes en juin 2022, d’après des statistiques officielles.

Ce pays de l’Afrique de l’ouest d’une superficie de 333 462 km2 et d’une population de 26,71 millions d’habitants en 2021 a développé des industries agro-industrielles, notamment dans la production des cultures du cacao, élément clé et indispensable dans la fabrication du chocolat.

Par la même occasion, la Côte d’Ivoire a détruit plus de 50% de son couvert forestier, l’habitat naturel des grands singes, en 25 ans, entre 1990 et 2015, d’après Migthy Earth.

L’inventaire forestier et faunique naturel (IFFN) de la Côte d’Ivoire en 2021 va encore plus loin et reconnaît que le pays a perdu environ 13 millions d’hectares de couvert forestier en un demi-siècle seulement. Le pays compte actuellement 2.97 millions d’hectares seulement contre 16 millions d’hectares il y a deux décennies.

La production de la bauxite en hausse en Guinée

La Guinée est la plus grande réserve de bauxite au monde, avec plus de 25% des gisements de bauxite de la planète, selon US Geological Survey et Mineral Commodities Summaries cités par ARRC Task Force.

Les gisements de bauxites sont localisés à « l’ouest du pays » et sa production connaît une forte croissance ces derniers jours car des indications montrent qu’elle a doublé.

Les extensions des sites d’exploitation de la bauxite se sont rapprochées considérablement des zones à haute intensité de chimpanzés, selon ARRC Task Force.

« La Guinée est un pays d’Afrique de l’ouest qui abrite les chimpanzés d’Afrique de l’ouest (Pan troglodyte verus) qui connaissent une diminution importante d’après une carte de Heinicke de 2019 », selon le rapport d’ARRC Task Force.

Pour stopper net l’évolution rapide des sociétés minières de la bauxite en Guinée, l’ONG suggère entre autres actions « la sensibilisation auprès des consommateurs » afin d’informer le consommateur sur l’origine de la bauxite qui entre dans la fabrication de son bien économique et surtout son impact sur la biodiversité.

Aujourd’hui, les recherches de l’ARRC Task Force montrent que plus de 60% de l’habitat des grands singes a été détruit par les usines d’exploitation de la bauxite en Guinée.

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